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Un ami de la Chine

2016-05-10

中国与非洲(法文版) 2016年5期

Un ami de la Chine

De belles rencontres transforment un Tanzanien en émissaire des relations sino-africaines par Zheng Yang

La compréhension est essentielle pour résoudre des confits et affronter des défs. Alors les Chinois et les Tanzaniens doivent apprendre à se connaître, mais aussi à connaître les valeurs et coutumes de l'Autre.

Joseph Kahama, secrétaire général de l'Association pour la promotion de l'amitié sino-tanzanienne

UN après-midi, alors que le soleil se couchait sur un cieI orangé, Joseph Kahama rencontre des Chinois pour Ia première fois de sa vie. Le petit groupe interpeIIe aIors Ie jeune tanzanien et ses amis dans un swahiIi parfait, iIs veuIent jouer au footbaII avec eux. Kahama se souvient encore de Ieur match. Affrontant Ies pIus jeunes tanzaniens, Ies Chinois Ies Iaissent gagner. Ces visiteurs offrent égaIement aux enfants de Dodoma des bonbons White Rabbit, ainsi que des brosses à dents et du dentifrice, en Ieur rappeIant de se Iaver Ies dents avant d'aIIer au Iit. « En y repensant,c'était Ia stratégie parfaite pour conquérir Ie cœur des enfants et Ieur en apprendre un peu sur I'hygiène »,commente Kahama. II apprend par Ia suite que Ie groupe est composé de jeunes médecins chinois, en Tanzanie en tant que bénévoIes. « Cette scène n'a jamais quitté mon esprit », confe Kahama en souriant. Se reposant sur sa foi chrétienne, Kahama croit que Iorsqu'une porte s'ouvre eIIe donne Ie ton pour Ie reste de notre vie. Et dans son cas, ceIa sembIe se confrmer. Son souvenir d'enfance des années 1970 a guidé son chemin, depuis 40 ans iI entretient une profonde amitié avec Ie peupIe chinois. II est aujourd'hui secrétaire généraI de I'Association pour Ia promotion de I'amitié sino-tanzanienne.

Des parents chinois

En 1984, Ie père de Kahama était nommé ambassadeur de Tanzanie en Chine. Pendant Ia durée de cette affectation, Ie jeune Kahama fait de fréquents aIIer-retour entre Ia Chine et Ie Royaume-Uni, où iI étudie. Cette période Iui offre I'opportunité d'en apprendre davantage sur Ia Chine et sur Ie chinois. Quand ses parents retournent en Tanzanie, ceIui-ci ne se rend pIus en Chine pendant 15 ans. Toutefois, ses reIations avec Ies Chinois se poursuivent, en particuIier avec un coupIe mémorabIe. « Je Ies appeIIe papa Li et maman Han. Depuis pIus de Ia moitié de ma vie je Ies considère comme mes parents chinois », raconte Kahama à CHINAFRIQUE. II s'agit de Li Songshan et de son épouse Han Rong. Faisant partie de Ia première génération de Chinois travaiIIant en Afrique, Ie coupIe a été envoyé en Tanzanie dans Ies années 1970 par Ie gouvernement chinois. Quand Kahama Ies rencontre,iI a 15 ans. Le coupIe se passionne aIors pour I'art tanzanien. Si bien qu'iIs quittent Ieur poste au gouvernement et déménagent en Tanzanie pour en apprendre davantage sur Ie pays.

À cette époque, Ie jeune Kahama travaiIIe près du domiciIe des Li et s'y rend souvent pour se reposer ou pour discuter avec Ie coupIe. IIs sont ses conseiIIers pour toutes Ies questions famiIiaIes, économiques et autres, et sa principaIe inspiration pour travaiIIer à Ia promotion des reIations sino-tanzaniennes. « Je suis où je suis dans Ies reIations Chine-Afrique grâce à eux », assure-t-iI. Pendant des décennies Li Songshan et Han Rong ont coIIectionné des œuvres d'art, et ont fnaIement construit un musée d'art africain et un ViIIage cuItureI africain à Beijing. Le ConseiI nationaI des arts de Tanzanie Ieur a remis Ie titre honorifque de « Docteur de I'art et de Ia cuIture africaine », pour Ieur dévotion à I'art tanzanien et Ieur travaiI pour sa diffusion à I'étranger. « L'amitié ne doit pas être cIairement manifestée, eIIe peut être nourrie à travers I'art », dit Kahama. « Par I'art, nous pouvons découvrir Ies traditions des autres, Ieurs espoirs et Ieurs peurs et se faire des amis. C'est ce qu'iIs ont fait et j'ai fait partie de cette découverte. »

Avant son décès en décembre 2015, Li Songshan fait promettre à Kahama de mener à bien Ie projet de ViIIage cuItureI africain. « Papa Li était Ie piIier du projet », affrme Kahama. « Même s'iI n'est pIus Ià, son esprit est toujours présent. » Avec Han Rong, iI travaiIIe désormais pour réaIiser Ie rêve de Li : faire du musée et du viIIage cuItureI un centre pour I'art africain, où Ies universitaires de Chine et d'Afrique puissent étudier Ieurs arts respectifs et Ies reIations sino-africaines. « Je sais qu'iI y a de bonnes et mauvaises personnes partout », dit Kahama. « Mais pour I'instant, je n'ai pas eu une seuIe mauvaise expérience avec un Chinois, et j'ai tendance à croire que je ne suis pas Ie seuI dans ce cas. »

Toujours intéressé par la culture chinoise, Kahama (à gauche) travaille à la préparation d'un gâteau traditionnel chinois.

Un exemple à suivre

Kahama retourne en Chine en 2006 avec Li Songshan,à Hainan au sud du pays, pour assister au premier Forum de Boao pour I'Asie. II est aIors impressionné par Ies gratte-cieIs et tous Ies changements depuis ses séjours de jeunesse en Chine. II se rend ensuite en Chine de pIus en pIus souvent, cinq à six fois par an,constatant Iors de chaque voyage Ie déveIoppement rapide du pays. « J'ai beaucoup voyagé mais je n'ai jamais vu un déveIoppement aussi rapide et concret qu'en Chine », affrme Kahama. SeIon Iui, Ie secret de Ia réussite chinoise est Ia discipIine : « Les gens travaiIIent jour et nuit pour maintenir Ie rythme de déveIoppement. Sans cette discipIine, aucun pays ne sera capabIe de rattraper Ia Chine. » « La Chine ne peut pas prescrire un modèIe ou un chemin pour I'Afrique, mais eIIe peut être un exempIe à suivre pour Ie continent. »

Comprendre l'Autre

Aujourd'hui, en tant que secrétaire généraI de I'Association pour Ia promotion de I'amitié sino-tanzanienne,Kahama se sent responsabIe du maintien de I'amitié construite entre Ies deux peupIes par Ies générations passées. « Toutes Ies reIations doivent être entretenues, parce que Ies circonstances et Ies situations changent », expIique Kahama. Les échanges économiques entre Ia Chine et Ia Tanzanie ont connu une croissance rapide, mais présentent égaIement des défs. SeIon Kahama, iI est essentieI de créer des ponts pour se comprendre mutueIIement, c'est Ie rôIe qu'iI veut jouer individueIIement et par son association.

En mars dernier, Ie gouvernement chinois I'invite à découvrir Ies zones ruraIes en Chine. De retour en Tanzanie, iI aide I'ambassade chinoise et Ie ministère chinois des Affaires étrangères à construire des viIIages modèIe dans Ies zones ruraIes sous-déveIoppées de Tanzanie, en vue d'un déveIoppement durabIe. II est aussi prêt à aider toute compagnie chinoise faisant face à des probIèmes en Tanzanie par manque de connaissances des Iois IocaIes ou de Ia cuIture. « La compréhension est essentieIIe pour résoudre des confits et affronter des défs », assure Kahama. « AIors Ies Chinois et Ies Tanzaniens doivent apprendre à se connaître,mais aussi à connaître Ies vaIeurs et coutumes de I'Autre. »

Kahama espère que Ia Tanzanie accueiIIera pIus d'investissements directs de Chine, particuIièrement dans Ie textiIe, I'automobiIe et Ies industries des technoIogies de I'information, pIutôt que des aides. II souhaite que Ies compagnies chinoises envoient pIus d'experts pour partager Ieur savoir-faire et Ieur expérience avec Ies Tanzaniens. « L'Afrique a beaucoup à apprendre de Ia Chine », dit-iI évoquant Ie déveIoppement chinois des trois dernières décennies. « Si Ia Chine peut Ie faire, iI n'y a aucune raison pour que I'Afrique ne puisse pas y arriver. » CA

✉ zhengyang@chinafrica.cn