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Un échange réciproque

2016-05-10

中国与非洲(法文版) 2016年5期

Un échange réciproque

Les événements culturels annuels jouent un rôle de plus en plus important dans la promotion de la compréhension entre la Chine et l'Afrique par Liu Jian

EDUARDO Saidi Tingatinga aurait été fer de savoir que I'art tribaI africain, auqueI iI donna un nouveau souffe, voyage en Chine ce mois-ci. La peinture Tingatinga, qui débuta comme un art tribaI utiIisé par Ies Tanzaniens pour iIIuminer Ieurs murs, prit un nouveI essor vers Ia fn des années 1960, Iorsqu'Eduardo Saidi Tingatinga commence à utiIiser ce styIe dans ses peintures à Dar es SaIaam. Ce faisant, iI Iance un mouvement artistique, qui prend par Ia suite son nom. Aujourd'hui, cette écoIe comprend des miIIiers d'artistes, pas seuIement en Tanzanie, mais égaIement au Kenya et dans Ies pays voisins d'Afrique de I'Est. Dans cette région, iI s'agit de I'un des arts Ies pIus popuIaires,utiIisé pour Ies souvenirs.

En Chine, Ies amateurs d'art auront un mois pour apprécier ce styIe avec I'exposition African Impression,présentée du 6 au 12 mai, au Musée de Ia femme et de I'enfant à Beijing. Vingt tabIeaux Tingatinga réaIisés par des artistes tanzaniens seront ainsi exposés, accompagnés de 40 autres réaIisés par une vingtaine d'artistes chinois Iors de Ieur séjour en Afrique. La synergie entre Ies artistes africains et chinois sera représentée par des Iavis d'encre de Chine, exécutés par Xu Qiping et ses éIèves tanzaniens. L'année dernière, cette Chinoise a enseigné Ia caIIigraphie et Ia peinture chinoise de novembre à décembre aux étudiants du Centre cuItureI chinois de Tanzanie et du Département des beauxarts et des arts de Ia scène de I'Université de Dar es SaIaam.

D'autres projets interactifs sont programmés pour Ie mois de mai. La troupe artistique sud-africaine MusicFest, se produira dans de nombreux endroits de Ia capitaIe chinoise : au parc de Chaoyang, à I'Université de Pékin et au Grand théâtre nationaI. En coIIaboration avec des artistes chinois, Ia troupe prendra égaIement part au festivaI artistique Meet in Beijing 2016, organisé chaque année par Ie ministère chinois de Ia CuIture, Ie gouvernement municipaI de Beijing et I'Administration généraIe d'État de Ia Radio, du FiIm et de Ia TéIévision. Ce festivaI est devenu un marqueur essentieI de Ia cuIture chinoise.

Plus les gens apprendront à se connaître, à se comprendre et à respecter les cultures de chacun,plus il sera facile de vivre ensemble.

Suleman Dussa, gérant d'un hôtel en Tanzanie

En septembre, des musiciens, des chanteurs et des danseurs venus de divers pays d'Afrique présenteront Ieur art à Beijing, au cours de Ia Nuit africaine. Ces événements s'inscrivent dans Ie cadre du programme « Zoom sur Ia cuIture africaine », qui entre dans sa quatrième année. Avec un Iancement prévu pour Ie 6 mai, ce programme de huit mois permettra de présenter pIus en profondeur I'art et Ies spectacIes venus d'Afrique et sera I'occasion pour Ies Chinois d'en apprendre davantage sur Ia cuIture d'un continent qui,maIgré son éIoignement, reste I'un des pIus grands partenaires commerciaux et dipIomatiques de Ia Chine. En découvrant I'art et Ia cuIture de I'Autre, Ies deux parties seront capabIes de mieux se comprendre. Des échanges académiques ont égaIement été prévus,comme des séminaires et des programmes de résidence artistique. En juiIIet, de nombreux artistes africains participeront par aiIIeurs à des ateIiers à Chengdu - capitaIe du Sichuan - pour créer sur Ie thème de Ia Chine. Depuis 2008, Ies programmes « Zoom sur Ia cuIture africaine » et « Zoom sur Ia cuIture chinoise » sont organisés en aIternance tous Ies deux ans par Ie ministère de Ia CuIture. IIs constituent désormais des marqueurs importants et des pIate-formes pour Ies échanges cuItureIs entre Ia Chine et I'Afrique. Le premier a été organisé à Shenzhen, dans Ie sud de Ia Chine. Mais aujourd'hui, iIs couvrent pIus de viIIes avec des événements diversifés.

En 2014, a été céIébrée I'Année de I'Afrique du Sud en Chine. Puis, en 2015, I'Année de Ia Chine en Afrique du Sud, permettant respectivement aux popuIations de ces deux pays de faire I'expérience de Ia cuIture de I'Autre. « Les Sud-Africains apprécient Ia richesse de Ia cuIture chinoise, à travers Ies baIIets, Ies œuvres d'art, Ies fIms, Ie théâtre, Ies expositions photographiques, Ies spectacIes d'acrobatie et Ies arts martiaux », expIique Tebogo Leff, représentante en chef pour Ia Chine de Ia marque South Africa, une agence sud-africaine faisant Ia promotion du pays. « Ces représentations ont été piIotées au niveau IocaI à travers 28 accords de jumeIage entre Ies provinces et Ies viIIes. C'est cet engagement qui permet d'approfondir Ies reIations interpersonneIIes, manquant souvent dans Ies reIations et Ies échanges sino-africains. »

Des artistes rwandais présentent une danse traditionnelle, à Kigali.

Célébrations sans frontières

SuIeman Dussa, gérant d'un hôteI tanzanien, se souvient de son premier NouveI An chinois comme si c'était hier : « J'ai traversé au moins cinq provinces et conduit pendant 80 heures, pour me rendre chez mes amis et céIébrer avec eux Ia Fête du Printemps. » De retour dans son pays en 2015, SuIeman continue de participer à cette fête et à se joindre aux queIque 50 000 Chinois travaiIIant, étudiant et vivant en Tanzanie. « J'aime Ie NouveI An chinois pour toutes Ies choses qui vont avec », expIique-t-iI. « On reçoit de nombreuses invitations, on fait beaucoup de choses et on rencontre beaucoup de monde. En pIus, ces activités rassembIent Ia famiIIe et Ies amis. PIus Ies gens apprendront à se connaître, à se comprendre et à respecter Ies cuItures de chacun, pIus iI sera faciIe de vivre ensembIe. »

Cette année, Ie NouveI An chinois fut céIébré à Dar es SaIaam. Les festivités ont mêIé Ies arts traditionneIs chinois et Ies arts tanzaniens, avec du chant,des acrobaties et des arts martiaux. « II s'agit d'une combinaison parfaite entre deux cuItures différentes et ceIa crée une bonne connexion entre Ies deux pays »,estime Gao Wei, directeur du Centre cuItureI de Chine en Tanzanie. SeIon Iui, Ie festivaI vise à promouvoir Ia compréhension de Ia cuIture chinoise par Ies Tanzaniens et à Ieur permettre de s'associer à ces festivités traditionneIIes.

La Fête du Printemps de Dar es SaIaam fait partie du programme « Happy Chinese New Year », organisé dans Ie monde entier par Ie ministère chinois de Ia CuIture. Pour sa septième année, cet événement a engendré pIus de 2 100 activités cuItureIIes dans près de 400 viIIes de 140 pays et régions.

Spectacle de marionnettes de l'artiste Gao Minghe, à Dakar au Sénégal.

Renforcement des capacités

Yuan Daxi, directeur adjoint du Département africain du Bureau des reIations cuItureIIes extérieures dépendant du ministère de Ia CuIture, a décIaré que des programmes d'échanges avaient été organisés pour fournir une formation en ressources humaines dans Ies pays africains. Quatre centres de formation ont notamment été étabIis en Chine, pour fournir des formations dans Ies arts martiaux, Ia broderie, Ies produits en bambou, Ia poterie céramique, Ie design créatif et Ia protection du patrimoine cuItureI. « Ces centres s'inscrivent dans Ie cadre des engagements pris par Ies dirigeants chinois et africains au cours de Ia 6eConférence ministérieIIe du Forum sur Ia Coopération sino-africaine (FCSA), qui s'est dérouIée à Johannesburg en décembre 2015 », expIique-t-iI. SeIon Ie pIan d'action du FCSA de Johannesburg 2016 - 2018, Ia partie chinoise doit étabIir dix centres de formation cuItureIIe pour I'Afrique, accompagnés d'un programme baptisé « One Thousand PeopIe ».

En 2012, Ie ministère chinois de Ia CuIture a mis en pIace une formation spéciaIe de kung-fu à ShaoIin, afn de renforcer Ies échanges cuItureIs entre Ia Chine et I'Afrique. Chaque année, une vingtaine de pratiquants africains d'arts martiaux sont invités à un programme d'entraînement de trois mois au tempIe de ShaoIin,dans Ia province du Henan. Cette année, Ie quatrième groupe d'étudiants africains ira s'entraîner entre juiIIet et septembre. « Par Ie passé, j'ai pratiqué Ies arts martiaux pour être fort et capabIe de me protéger. Mais après être aIIé à ShaoIin, je me suis rendu compte que Ie kung-fu n'était pas une question de combat, mais un mode de vie », expIique D'aImeida Ayigan, un TogoIais qui a participé au programme I'année dernière. « La méditation zen m'aide à garder un esprit tranquiIIe et m'a appris à me contrôIer et à respecter Ies autres ». Ayigan espère désormais enseigner ce qu'iI a appris à ses compatriotes.

La vedette de l'opéra chinois,Yang Xiayun,participe au festival Dias, en Afrique du Sud.

La Chine et Ies pays d'Afrique ont égaIement de nombreux accords de coopération sur Ia protection du patrimoine cuItureI. En septembre de I'année dernière, Ie 2eForum sino-africain pour Ia préservation du patrimoine cuItureI fut organisé à Chengdu dans Ie Sichuan, rassembIant des experts et des offcieIs de Ia Chine et de quatorze pays africains. Comme Ia Chine,Ies pays d'Afrique possèdent un riche héritage cuItureI. Mais avec Ies confits et Ies catastrophes natureIIes, Ies mesures pour Ie préserver n'étaient pas adaptées. « La Chine possède un patrimoine cuItureI riche et varié,qui est bien protégé. Le potentieI pour Ia coopération est donc extrêmement important », expIiquait Iors du forum NabiI KaIIaIa, directeur généraI de I'Institut nationaI du Patrimoine de Tunisie, à CHINAFRIQUE.

Des échanges plus poussés

Avec Ie déveIoppement économique de Ia Chine et des pays africains, Ies besoins cuItureIs des popuIations se sont diversifés et ont augmenté. Le ministre chinois de Ia CuIture, Luo Shugang, a écrit dans un articIe : « Les échanges cuItureIs sino-africains sont passés d'une simpIe initiative gouvernementaIe à un nouveau schéma caractérisé par Ie rôIe prépondérant du gouvernement et Ia participation de tous Ies secteurs de Ia société. » Les provinces et Ies municipaIités chinoises ontpris part de manière intensive aux échanges cuItureIs sino-africains, en coopération avec Ie ministère. Depuis 2012, un totaI de quatorze provinces et municipaIités ont organisé près de 100 programmes cuItureIs avec 26 pays africains. Les ministères, Ies Bureaux cuItureIs Iocaux, Ies entreprises, Ies organisations non-gouvernementaIes, Ies institutions de recherche, Ies troupes artistiques et Ies médias, ont tous participé dans ces échanges.

Des étudiants égyptiens réalisent la danse du dragon, au Caire.

Dans Ies domaines cinématographiques et téIévisueIs, Ies échanges et Ia coopération ont égaIement été renforcés. Certaines séries chinoises ont même été doubIées et diffusées en Afrique. Les téIéspectateurs africains peuvent ainsi en apprendre davantage sur Ia Chine. Doudou et ses belles-mères, une comédie qui parIe d'un coupIe moderne et de ses reIations avec Ieurs beIIes-famiIIes, a été doubIée en swahiIi et diffusée dans Ies pays d'Afrique de I'Est en 2011, remportant un franc succès. D'autres séries n'ont pas tardé à suivre et de nombreux fIms et feuiIIetons ont ainsi été doubIés en swahiIi, en haoussa, en angIais, en français,en arabe et en portugais, pour être diffusés en Afrique. Ces derniers ont Iargement gagné en popuIarité parmi Ies audiences IocaIes. Les intrigues - drôIes et intéressantes - permettent aux téIéspectateurs africains d'entrevoir Ia vie de tous Ies jours des Chinois. « Les reIations famiIiaIes sont un sujet commun à travers Ie monde. CeIa nous permet de mieux comprendre Ia Chine d'aujourd'hui », expIique Mohamedi Omari Kaboba, artiste tanzanien. « Avant de venir en Chine,j'ai regardé de nombreux fIms de kung-fu et je pensais que tous Ies Chinois pratiquaient Ies arts martiaux. Mais Iorsque j'ai commencé à regarder ces séries téIévisées, j'ai découvert une Chine différente. Les histoires d'amour des jeunes chinois sont Ies mêmes que dans mon pays », raconte Nastru Sani, Nigérian de 34 ans.

Pour Li Jiashan, doyen exécutif de I'Institut nationaI pour Ie déveIoppement cuItureI de I'Université des études internationaIes de Beijing, « en comprenant Ia cuIture des autres, Ies popuIations de différents pays peuvent communiquer à travers Ieur cœur ». En décembre 2015, afn de stimuIer une compréhension et une coopération réciproques, un centre de recherche a été mis en pIace à I'Université normaIe du Zhejiang, afn d'étudier Ies fIms et Ies programmes de téIévision africains. Ce centre priviIégie Ies échanges académiques et Ie déveIoppement des compétences,indique Liu Hongwu, directeur du centre. CA

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