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L’innovation permettra une nouvelle révolution industrielle

2016-03-25HOURUILImembredeladaction

今日中国(法文版) 2016年3期

HOU RUILI, membre de la rédaction



L’innovation permettra une nouvelle révolution industrielle

HOU RUILI, membre de la rédaction

La 17eChina Hi-Tech Fair à Shenzhen dans le Guangdong.

Alors que les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et d’autres pays développés connaissent une transformation de leur industrie manufacturière par l’innovation technique et l’intelligence artificielle, la Chine a lancé en mai 2015 un plan intitulé « Made in China 2025 ». Son objectif est de réaliser, en dix ans, une modernisation des techniques de production, d’améliorer la qualité des produits, de généraliser le numérique dans la production industrielle, la connexion de réseaux et l’intelligence artificielle, de réduire la consommation d’énergie et de matières premières, et donc les rejets polluants. Tout cela permettra de créer des sociétés transnationales et des holdings plus compétitives sur le plan international. Dans les pays développés, le défi est de progresser sur l’échelle du haut de gamme de la division mondiale du travail, tandis que la Chine doit trouver et prendre sa place dans le moyen et le haut de gamme. Actuellement, une vague d’innovation balaie la Chine dans les techniques de pointe, les produits de consommation et les formes d’activité économique, et on peut parler d’une nouvelle révolution industrielle pour qualifier cette montée en gamme de l’économie.

L’ancien mode de développement est obsolète

Deuxième économie mondiale, avec un volume économique global de 10 000 milliards de dollars, la Chine doit renouveler son mode de développement qui ces sept dernières années se basait principalement sur l’investissement et l’exportation. Certes, l’urbanisation de type nouveau, la nouvelle industrialisation, la modernisation de l’agriculture et l’informatisation continueront de fournir des opportunités d’investissement, mais ce sont désormais des investissements ciblés et contrôlables qui seuls profiteront à l’économie, tandis que les investissements à court terme et de faible rentabilité lui nuiront.

En dépit d’incessantes sanctions et de mesures antidumping dirigées par les États-Unis et l’UE, la Chine a conservéces cinq dernières années son rang de premier pays exportateur. Un rang qui lui vaut d’être le pays cible du plus grand nombre d’enquêtes internationales. D’autre part, une grande quantité de produits chinois exportés ont dû être rappelés pour des problèmes de qualité et de composants ne répondant pas aux normes occidentales.

La Chinese Smart Hardware Egg Year Innovation Conference à Beijing.

Depuis le début de la réforme et de l’ouverture, la Chine a suivi une politique d’échange des technologies étrangères contre l’accès à son marché. Mais on observe actuellement que les investisseurs étrangers sont de plus en plus réticents à partager leurs techniques clés et à fournir des composants essentiels. Cela alors que l’investissement national dans la recherche scientifique est insuffisant. Ces facteurs conditionnent la stagnation de l’industrie manufacturière chinoise dans le bas et le milieu de gamme. Alors que 30 % des biens manufacturés du monde étaient produits en Chine, celle-ci n’a recueilli qu’un sixième de leur valeur finale.

Shi Yong, directeur adjoint de l’Institut de recherches informatiques de l’industrie mécanique, a déclaré récemment : « Dans l’avenir, les entreprises devront posséder une capacité à développer des produits dans un sens positif, à mieux comprendre le mécanisme intérieur des opérations du produit et surtout maîtriser des techniques de conception plus complexes. Cette capacité de concevoir dans un sens positif naîtra d’une accumulation prolongée d’expérience et d’un développement coordonné de toute la chaîne de production. »

Le vieillissement de la population chinoise qui ira en s’accélérant suite à la politique de planning familial, privera la Chine du facteur de supériorité lié à sa main-d’œuvre. La main-d’œuvre d’autres pays de l’Asie du Sud-Est accède désormais au marché mondial à un coût moindre.

Dans ces conditions, l’économie chinoise conservera-t-elle une force motrice capable d’assurer une croissance à un rythme moyen ? À cette question, le premier ministre Li Keqiang répond par sa politique de promotion d’une réforme structurelle visant à établir, grâce à une réforme mue par le marché, un mode de croissance durable basé sur l’innovation et entraîné par la consommation.

Le développement par les sciences et les technologies

La stratégie de renforcement global de la Chine est passée par la mise en application de grands projets scientifiques, tels que la bombe atomique, puis à hydrogène, les missiles, les satellites artificiels, le vol spatial habité et le riz hybride. Plus près de nous, de nouveau des succès spectaculaires ont été enregistrés dans la recherche fondamentale d’importance internationale, les sciences de pointe et les hautes technologies stratégiques. 16 projets d’importance capitale ont été fixés, définissant les produits stratégiques, les technologies génériques clés ou les tâches d’importance capitale, vers lesquels des investissements d’État seront dirigés en soutien aux mécanismes du marché, afin de réaliser, d’ici 2020, d’importantes percées scientifiques, mais aussi combler des lacunes stratégiques et mettre en œuvre des réalisations susceptibles de relancer la croissance.

Zhao Houling, secrétaire général de l’UIT (Union internationale des télécommunications), a quant à lui rappelé que la nouvelle occasion de développement qu’offre à la Chine l’industrie informatique est du même ordre que la révolution industrielle. De la 2G à la 4G, la téléphonie mobile chinoise est passée par une phase de rattrapage, puis d’égalité, et désormais d’avance technologique. En février 2013, le ministère de l’Industrie et de l’Information a amorcé les études nécessaires au lancement d’une norme 5G en Chine. La société Huawei, l’un des leaders dans les télécoms, a projeté d’investir 600 millions de dollars pour élaborer et commercialiser la norme 5G. China Mobile espère de son côté fournir des données et une aide technique à l’UIT dans la mise au point de la norme 5G.

Depuis le scandale PRISM, la sécurité des communications est au cœur de l’effort scientifique, notamment la technologie des circuits quantiques, qui peut assurer le chiffrement inviolable des communications, un aspect primordial pour la défense, la finance, les affaires politiques ou le commerce. La Chine se trouve à l’avant-garde mondiale dans ce domaine, ainsi que le reconnaissait le site de la Société européenne de physique qui a publié les dix principales avancées de la science physique en 2015. La première de ces avancées est l’« état furtif de transmission quantique à plusieurs degrés de liberté », résultat des recherches de Pan Jianwei et Luo Zhaoyang, membresde l’Académie des sciences de Chine. En 2016, la première ligne de communication cryptée de Chine employant cette technologie sera mise en service sur une ligne Beijing-Shanghai, et un premier satellite quantique chinois sera mis en orbite pour poursuivre des expériences de communication quantique. En octobre 2015, Ali Cloud et Quantum CTek, qui dépendent de l’Académie des sciences, ont lancé conjointement des produits de communication quantique cryptée, un marché qui devrait atteindre à terme 50 à 100 milliards de yuans.

De jeunes entrepreneurs à Zhongguancun à Beijing.

Ces exemples d’innovation indigène montrent que la Chine se place désormais au premier rang mondial dans la recherche scientifique. Selon le Rapport national 2014 des indices de l’innovation publié par l’Institut chinois de stratégie du développement scientifique et technique, le budget de recherche-développement de la Chine en 2013 a atteint 191,2 milliards de dollars, la plaçant au second rang mondial, devant le Japon. Selon Science Citation Index, la Chine était le second pays en nombre de thèses, et le quatrième en nombre de thèses citées dans d’autres recherches. Sa part des exportations de produits de haute technologie dans les exportations de produits manufacturés est elle aussi la deuxième, tandis que le taux d’accroissement des services à haute valeur ajoutée est le troisième au monde.

Le récent rapport annuel de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle montre qu’en 2014, les demandes de brevet en provenance de la Chine ont été les plus nombreuses, dépassant celles des États-Unis et du Japon réunis. Les demandes de brevets étrangers déposées par des citoyens et des entreprises de Chine ont elles aussi pris la première place.

Il va de soi que l’innovation se nourrit de ressources humaines. Alors que sa main-d’œuvre faiblement qualifiée se réduit, la Chine possède un avantage en coûts et en nombre de personnels qualifiés. Depuis 2013, la Chine est membre signataire du système de l’Accord de Washington, une norme d’enseignement de l’ingénierie reconnue internationalement. Cela illustre le fait que les normes chinoises d’enseignement de l’ingénierie sont reconnues dans le monde. En Chine, la formation d’un ingénieur coûte 30 000 dollars par an, soit un dixième du coût moyen aux États-Unis. Actuellement, la Chine est au premier et au deuxième rang mondial en termes de nombre de personnels scientifico-techniques et de nombre de chercheurs.

On peut en déduire que la Chine entre dans une phase d’innovation dynamique, et qu’elle passe donc du stade de l’imitation vers celui de l’innovation créative qui doit la mener à la pointe des industries modernes. La plupart des entreprises chinoises se trouvent encore au stade 2.0 ou 3.0, mais l’élévation de leur capacité innovante permettra à la Chine de prendre sa place dans la compétition mondiale et de rattraper les pays développés qui mettent en application « l’industrie 4.0 ».

Innovation : patience et assiduité

Jack Ma a transformé une petite société de 18 personnes à Hangzhou en un leader de l’e-commerce qui transforme les modes de consommation dans le monde entier. Sur l’avenue « Changye », à Zhongguancun, on compte une société créée par jour avec un capital d’au moins 5 millions de yuans. Désormais, de plus en plus de personnes travaillent à la création.

En 2014, lors du Forum d’été de Davos, le premier ministre Li Keqiang a avancé le slogan « la démocratisation de la création d’entreprises et de l’innovation ». Quelques mois plus tard, cette idée était reprise dans le rapport d’activité du gouvernement pour 2015. En même temps, le terme « Internet + Plan d’action » figure aussi dans ce rapport. On retrouve ces mêmes néologismes dans les plans d’action aux niveaux provinciaux et municipaux.

Deng Feng est revenu de la Silicon Valley il y a dix ans pour ouvrir à Beijing le Fonds de capital-risque Northern lights. Il explique qu’à son retour, beaucoup trouvaient la création d’entreprise hasardeuse. « Mais aujourd’hui, que ce soit le gouvernement, l’école ou la famille, tout le monde trouve cette idée excellente. La culture entrepreneuriale se propage très vite. »

« Lave ton chien chez toi pour 9,9 yuans », une publicité qui faisait fureur sur WeChat fait la promotion des services de Me Me Da, la principale plate-forme de services pour les animaux de compagnie. C’est déjà la quatrième application de Hou Yong, 27 ans. Avant cela, il avait lancé un logiciel pour aider les jeunes à faire des rencontres sur leur ligne de bus. D’après lui, la création d’entreprise est pleine d’embûches mais il suffit d’oser sans craindre quelques faux pas.

Ren Bin a créé en ligne un service de livraison de médicaments à domicile. Pour lui, le créateur d’entreprise a d’abord pour but de présenter un produit et de satisfaire un besoin. L’idée de ce service en lignelui est venue alors qu’il était malade, en service de nuit à son travail, cherchant vainement un pharmacien.

Hu Houkun, PDG de Huawei, fait un exposé au Mobile World Congress 2015 à Barcelone.

Li Guoxun a quitté son poste pourtant bien rémunéré chez Baidu (le Google chinois) pour ouvrir un site de commerce de produits fermiers. Son revenu est moindre et il travaille autant, voire plus. Mais, enfant d’une famille paysanne, c’était son rêve de mettre au point un logiciel qui pourrait améliorer la distribution dans les villes du produit des campagnes. « L’argent ne remplace pas la joie que j’ai ressentie en réalisant de ce travail », explique-t-il.

Travailleurs d’origine paysanne, gestionnaires d’entreprise, étudiants d’université, simples employés, ou encore représentants d’autres couches sociales, nombreux sont ceux qui ont choisi de retourner dans leur région natale avec les capitaux, les connaissances techniques ou l’expérience de gestion acquis, pour y créer leur petite entreprise. Dans les provinces et régions du Centre et de l’Ouest de la Chine, de telles entreprises représentent jusqu’à la moitié de l’activité économique des districts, que ce soit en nombre ou en valeur de leur production.

L’année dernière, le gouvernement chinois a adopté des mesures de réforme visant à lever les barrières à la création d’entreprise. Un bon exemple est la réforme du système d’immatriculation des entreprises. Grâce à cette simplification, 12 000 entreprises ont été enregistrées par jour en moyenne et on a ainsi vu se créer 13,12 millions d’emplois.

L’innovation accélère le développement des entreprises

L’article le plus cher du magasin Darty de la place Madeleine, au centre de Paris, est un réfrigérateur Haier. Cette entreprise chinoise, créée en 1984, est devenue en sept ans une marque mondiale connue et distribuée dans des dizaines de pays. Les réfrigérateurs Haier occupent les segments du haut et moyen de gamme dans les pays développés, où ils occupent la première place au palmarès des ventes depuis six années successives.

innovation

L’innovation et la création d’entreprise ouvrent ainsi la voie aussi bien aux petites entreprises et aux auto-entrepreneurs qu’aux grandes entreprises pour se développer.

Tan Lixia, PDG adjoint du groupe Haier, a expliqué la transformation du modèle économique de la société Haier. De producteur de marchandises, elle devient une plate-forme offrant aux porteurs de projets l’opportunité de créer leur entreprise. Le 19 novembre 2014, la société a lancé le service en ligne ihaier.com, qui est connecté à 95 incubateurs pour attirer et mettre en contact investisseurs en capital-risque et auteurs de projets de création innovante.

Haier a également mis en place une plate-forme financière en ligne qui fusionne la gestion des entreprises et des banques en amont et en aval pour permettre le développement d’une finance industrielle, de consommation, d’affacturage des crédits de consommation et de l’investissement dans la création d’entreprise.

L’innovation et la création d’entreprise ouvrent ainsi la voie aussi bien aux petites entreprises et aux auto-entrepreneurs qu’aux grandes entreprises pour se développer. Au cours du Forum d’été 2015 de Davos, le premier ministre Li Keqiang a affirmé qu’il existait en Chine toutes sortes de plates-formes d’innovation et de création d’entreprise. Les plates-formes de création participative, de mise en commun de travail ou de soutien collectif, ou encore de financement participatif font évoluer les modes de production et de gestion.

De nombreuses technologies et entreprises innovantes, influentes sur le plan international, ont fait leur apparition dans divers domaines comme la communication mobile, les équipements de production électrique, l’e-commerce, la fabrication de machines, l’électro-ménager, les équipements de chantier, l’aéronautique et l’aérospatiale ou encore les chemins de fer à grande vitesse. Des entrepreneurs clairvoyants, vivant avec leur époque, ont émergé et se sont imposés. Dans les principaux secteurs de la nouvelle révolution industrielle, comme l’impression en 3D, les matériaux composites et les énergies nouvelles, se profile un immense espace de croissance.

En renouvelant les modes de production et même en les bouleversant parfois de manière subversive, l’innovation et la création d’entreprise constituent un soutien efficace à la croissance économique chinoise.