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Changement climatique :l'horizon se dégage

2015-11-08DengYaqing

中国与非洲(法文版) 2015年1期

Changement climatique :l'horizon se dégage

Alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles,les négociations des Nations unies sur le climat se terminent par une initiative mondiale timide vers un objectif commun de réduction des émissions par Deng Yaqing

lA conférence annuelle des Nations unies a

finalement pris fin à Lima, quand le ministre péruvien de l'Environnement a sonné la fin des négociations qui avaient débordé de 32 heures du calendrier prévu, le 14 décembre 2014. La 20esession de la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a réuni les représentants de plus de 190 pays et organisations pendant deux semaines. Elle s'est conclue par un nouvel accord sur le changement climatique, qui devrait être adopté fin 2015 à Paris et entrer en vigueur en 2020.

L'accord que les négociateurs ont conclu à Lima contient un grand nombre d'options pour le prochain pacte de Paris. ll vise à contenir une hausse de la température moyenne mondiale dans la limite de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Chaque pays participant a reçu pour instruction de soumettre avant la fin du premier semestre 2015 ses plans pour atténuer le réchauffement climatique.

« Les pays en développement ont fait preuve de la plus grande sincérité et ont exploré toutes les possibilités pour parvenir à des résultats positifs et équilibrés lors de la conférence. Des progrès limités ont cependant été réalisés par les pays développés dans le cadre des objectifs d'émissions fixés par l'amendement du Protocole de Kyoto (l'accord de 1997 selon lequel les principaux pays industrialisés réduiraient leurs émissions entre 2008 et 2012) », déclare Xie Zhenhua, responsable de la délégation chinoise et vice-ministre de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR). ll note par ailleurs que les négociations de Paris s'annoncent difficiles et doivent être menées d'une manière à la fois déterminée et ambitieuse tout en faisant preuve de flexibilité.

« Le résultat n'est pas parfait, mais dans l'intérêt de toutes les parties, il faut s'assurer que tous feront davantage pour faire face au changement climatique »,souligne José Antonio Marcondes de Carvalho, le négociateur en chef du Brésil, qui s'attendait à un résultat plus ambitieux.

Le commissaire à l'énergie et au climat de l'Union européenne, Miguel Arias Canete, estime pour sa part que l'avant-projet de Lima a jeté des bases solides pour parvenir à un accord à Paris en déterminant les éléments qui doivent y être inclus.

Les pays en développement ont fait preuve de la plus grande sincérité et ont exploré toutes les possibilités pour parvenir à des résultats positifs et équilibrés lors de la conférence. Des progrès limités ont cependant été réalisés par les pays développés dans la réalisation des objectifs d'émissions fixés par l'amendement du Protocole de Kyoto.

Xie Zhenhua, Vice-ministre de la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine

Divisions et contradictions

« C'est presque une habitude dans les négociations sur le changement climatique que de repousser à plus tard », a affirmé Xie Zhenhua avant le début de la Conférence de Lima. Les divisions de longue date entre pays développéset pays en développement les ont de nouveau empêchés de parvenir à un accord dans les temps impartis.

Des étudiants étrangers et des élus chantent lors du sommet sur le changement climatique à Lima au Pérou le 5 décembre

Le principe de responsabilité commune mais différenciée (la reconnaissance du fait que pays développés et pays en développement contribuent de manière différente aux problèmes environnementaux et diffèrent dans leur capacité économique et technique à résoudre ces problèmes) est au centre de leurs divergences. Ce principe n'apparaissait pas dans l'avant-projet préliminaire,qui n'a pas été approuvé par toutes les parties. Sous l'impulsion du ministre péruvien de l'Environnement, qui a coordonné et effectué un travail de médiateur dans l'intérêt de tous les pays, les négociateurs ont décidé d'inclure le principe dans l'accord en citant les termes du communiqué conjoint sino-américain sur le changement climatique du 12 novembre 2014. Le document souligne en effet que la Chine et les États-Unis « s'engagent à parvenir à un accord ambitieux en 2015 qui reflète le principe de responsabilité commune mais différenciée et les capacités respectives au regard des conditions nationales différentes ». De plus, d'autres éléments extrêmement préoccupants ont refait leur apparition sur la table des négociations,comme le mécanisme de pertes et de dégâts dus au changement climatique demandé par l'Alliance des petits États insulaires (il s'agit d'un mécanisme qui permet d'assurer les communautés vulnérables contre les pertes et les dégâts quand les mesures d'atténuation et d'adaptation échouent).

« Le résultat de cette conférence est acceptable, mais pas satisfaisant », déclare Xie Zhenhua, en admettant que l'accord,même s'il correspond aux attentes de la Chine, laisse certaines questions en suspens pour la Conférence de Paris.

Ainsi, et c'est un point de discorde, les pays riches insistent pour que les engagements se concentrent sur le contrôle des émissions de gaz à effet de serre et tentent de forcer les pays émergents comme la Chine et l'lnde à entrer dans le système de réduction des émissions.

Les pays développés ont progressivement délocalisé de nombreux secteurs industriels dans les pays en développement. lls ont de ce fait transféré les émissions de gaz carbonique dans les pays émergents. « Dans ces conditions, les pays développés ont une responsabilité historique dans le réchauffement climatique », estime Zou Ji, vice-directeur du Centre national de stratégie sur le changement climatique et la coopération internationale de Chine.

Les pays développés ont cependant fait la sourde oreille à une aide financière plus substantielle.

D'après le CCNUCC, les pays développés doivent octroyer des financements suffisants aux pays en développement pour faire face au changement climatique. Les négociations, notamment celles sur le transfert des technologies, n'ont permis de réaliser que des progrès limités ces vingt dernières années.

En décembre 2013, les Nations unies ont initié le Fonds vert pour le climat, dont l'objectif est d'aider les pays en développement à faire face au changement climatique. La Conférence de Lima a permis de recueillir des engagements à hauteur de seulement 10,2 milliards de dollars, nettement moins que l'objectif de 100 milliards fixé pour 2020. Par ailleurs, aucune feuille de route n'a été clairement établiepour cet objectif ambitieux.

Les pays développés s'engagent à allouer plus de 10 milliards de dollars au Fonds vert sur le climat

« Les pays développés doivent honorer leurs engagements pris devant le CCNUCC d'accorder plus d'aide aux pays en développement en termes de mesures d'atténuation, de financements, de technologies et de renforcement des capacités », explique Xie Zhenhua.

Les efforts de la Chine

D'après le communiqué conjoint sino-américain sur le changement climatique, les États-Unis ont fixé un objectif de réduction de leurs émissions pour 2025 compris entre 26 % et 28 % en-deçà des niveaux de 2005. La Chine s'est engagée à atteindre le pic de ses émissions de dioxyde de carbone vers 2030 et d'accroître la part des énergies non fossiles dans la consommation des énergies primaires à hauteur d'environ 20 % d'ici à 2030.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Kimoon a déclaré que le communiqué conjoint sinoaméricain exercera une influence significative sur les négociations et les actions concernant le changement climatique et créera un modèle utile pour résoudre les problèmes relatifs au principe de la responsabilité commune mais différenciée.

Selon un rapport paru le 25 novembre, Les mesures et les initiatives de la Chine sur le changement climatique pour 2014, les émissions de dioxyde de carbone de la Chine à partir de 2013 ont été réduites de 28,56 % par rapport à 2005 en termes de PlB par habitant. Au cours des trois premiers trimestres 2014, l'intensité de consommation énergétique et l'intensité carbone ont diminué respectivement de 4,6 et 5 % sur un an. En 2013, la Chine a planté 6,1 millions d'ha de forêts et 2,52 milliards d'arbres, dépassant les objectifs fixés pour l'année.

D'après des estimations de la Banque mondiale,entre 1990 et 2010, les efforts déployés par la Chine pour économiser l'énergie ont atteint 58 % des efforts mondiaux. Selon la CNDR, la capacité installée totale du pays en énergie renouvelable atteint en outre 24 % du total mondial et en 2013, ses nouvelles capacités ont représenté 37 % du total mondial.

Entre 2011 et 2013, la Chine a fourni une aide financière annuelle de 10 millions de dollars aux pays en développement pour accroître leur capacité à faire face au changement climatique. Lors du Sommet des Nations unies sur le climat qui s'est déroulé en septembre 2014, le vice-premier ministre chinois Zhang Gaoli, envoyé spécial du président Xi Jinping, a annoncé que la Chine allait doubler son assistance et établir un Fonds de coopération sud-sud en 2015.

Depuis 2011, la Chine a investi 270 millions de yuans (43,99 millions de dollars) pour aider les pays en développement dans leurs efforts à lutter contre le changement climatique et formé près de 2 000 fonctionnaires et experts dans ce domaine dans les pays en développement, d'après la CNDR.

Xie Zhenhua a noté que la Chine n'allait pas jouer des coudes avec ses « frères pauvres » pour bénéficier de l'assistance financière du Fonds vert pour le climat. Au contraire, elle les aidera à recevoir plus de financements par le biais de ce fonds grâce à la coopération sud-sud. CA

REpORTAGES DE CHiNE

Résultats de la Conférence de Lima

» Bien que la formulation de la version finale de l'accord de Lima soit moins forte que ne l'attendaient de nombreux pays,les éléments de l'accord de Paris en 2015 ont été détaillés et fournissent les bases du projet d'accord.

» Un consensus a été atteint pour faire avancer les négociations sur la Plateforme de Durban pour préparer un accord après 2020 (Durban Platform for Enhanced Action). Le principe de responsabilité commune mais différenciée sera davantage défini et renforcé dans l'accord de Paris en 2015.

» Le contenu des engagements sur le climat pour l'accord de Paris a été défini et devient la référence pour que les pays proposent avant la Conférence de Paris leurs objectifs d'action après 2020.

» Des arrangements ont été pris pour faciliter la mise en place avant 2020 de la Feuille de route de Bali (un processus sur deux ans visant à finaliser un accord signé à Copenhague en 2009).

» Les pays développés se sont engagés à allouer plus de 10 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat.

Propositions des pays BASIC

Les pays BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) ont défini leur position sur l'accord de Paris en 2015.

» L'accord doit s'en tenir au principe de la responsabilité commune mais différenciée, au principe d'égalité et au principe des capacités respectives.

» La périmètre des contributions de chaque pays dans le cadre de l'iNDC (intended nationally determined contributions), l'accord selon lequel les pays vont définir publiquement avant le Sommet de Paris ce qu'ils prévoient de consentir, doit comprendre les initiatives d'atténuation,d'adaptation, de financements, technologiques et de renforcement des capacités.

» Une évaluation préalable des iNDC en 2015 détournera l'attention des négociations et aura des répercussions sur la conclusion de l'accord de Paris.

» Des efforts doivent être déployés pour concrétiser les résultats de la négociation de la Feuille de route de Bali, pour rendre possible la seconde phase d'engagement du Protocole de Kyoto et pour établir clairement le calendrier et la feuille de route afin de lever 100 milliards de dollars à partir de 2020.

» L'accord de Paris doit refléter les questions qui préoccupent toutes les parties d'une manière équilibrée et globale. Tous les pays doivent s'efforcer de trouver des solutions correctes par le biais de négociations multilatérales.