L'art de la formation
2015-11-08ZhengYang
L'art de la formation
Un tournant dans les échanges culturels sino-africains par Zheng Yang
PENDANT la dernière semaine de juin, dans la chaleur accablante de Tianjin, alors que la plupart des étudiants chinois attendent impatiemment les vacances d’été, Mambwe Bwalya, âgé de 11 ans, assiste à son premier cours dans sa nouvelle école de kung-fu.
Dans l’École d’arts martiaux et culturels Huo Yuanjia, dont le nom vient d’un célèbre maître d’arts martiaux chinois du 19esiècle, originaire de Tianjin,Bwalya sera soumis à une stricte discipline militaire et suivra un programme d’entraînement personnalisé à l’école pendant le prochain trimestre.
Comment un garçon zambien en est venu étudier le kung-fu dans une école chinoise ? « Car je suis l’un des meilleurs de mon pays », répond Bwalya.
C’est la vérité. Le garçon et ses camarades de classe - 19 Africains d’âges différents- ont été sélectionnés parmi les meilleurs élèves d’arts martiaux en provenance de l’Ethiopie, de l’Afrique du Sud, de l’lle Maurice, de la Zambie et du Nigéria.
lls ont en outre bénéficié d’une nouvelle politique chinoise de promotion des liens culturels avec les pays africains. Selon le ministère chinois de la Culture, des centaines d’Africains de domaines variés ont reçu une formation culturelle et professionnelle dans des organisations et institutions chinoises à travers ces programmes d’échanges organisés par le ministère.
Au cours des dernières décennies, les efforts de la Chine pour établir une communication culturelle avec les autres pays se sont concentrés sur l’envoi d’artistes chinois à l’étranger. Le ministère chinois de la Culture est l’un des partenaires principaux des organisations culturelles chinoises, qui profitent de cette opportunité pour acquérir une réputation internationale, tout en promouvant l’entrée de la culture chinoise dans des continents différents. Ainsi, la Troupe de l’Opéra de Pékin de Tianjin a présenté un spectacle devant un public sudafricain en juin dans le cadre de l’Année de la Chine en Afrique du Sud.
En 2015, selon le budget du ministère de la Culture, plus de 20 millions de yuan(3 millions de dollars) seront dépensés en activités d’échanges culturels avec d’autres pays. Cependant, le ministère a décidé de dépenser l’argent d’une manière plus efficace, en particulier en ce qui concerne les pays africains.
« Nous faisons moins de spectacles à l’étranger et plus de formations en ressources humaines, parce que cela correspond aux besoins actuels des pays africains », affirme Song Yanqun,responsable des affaires africaines de la Direction générale des échanges culturels avec l’étranger au ministère de la Culture. ll ajoute : « les pays africains sont en développement. Or les pays en développement ont surtout besoin de talents. »
Pour l’instant, quatre centres de formation pour Africains ont été mis en place, offrant des programmes en art martial, production de dessins animés, art céramique, broderie, restauration de reliques et management de musées, à des professionnels venus de différents pays africains.
L’aspect pratique est la clé de la préparation des programmes d’enseignement, explique Huang Yun,qui travaille au Centre culturel de la province du Zhejiang. Le centre offre des formations en broderie et en tressage de bambous à des artisans africains pendant deux ans. Outre la réalisation et l’innovation, Huang explique que le centre forme à la création de produits pouvant être aisément commercialisés. Un livre en anglais a également été compilé pour aider les artisans africains à former la population de retour au pays.
« C’est une stratégie gagnant-gagnant », affirme Song, « les Africains peuvent apprendre des techniques qui les aideront à améliorer leur vie, et c’est une opportunité pour nous de diffuser la culture chinoise. » En juin, Kyerefwie Osei, originaire duGhana, a participé à un séminaire de 10 jours organisé par l’Université de technologie et d’éducation de Tianjin, destiné à des jeunes professionnels de l’Union africaine. Pendant 10 jours, elle a découvert la Chine et la culture chinoise, apprenant beaucoup lors de conférences données par des professeurs chinois,et visitant des sites historiques et des musées.
Des étudiants africains et leur maître Lang Rongbiao
Un séminaire à l'Université de technologie et d'éducation de Tianjin
Le nouveau système éducatif chinois et les efforts de la Chine pour promouvoir la formation professionnelle sont impressionnants, dit Osei. Mais ce qui l’a le plus marquée était la manière dont la Chine utilise la culture comme un outil. Cela l’a fait réfléchir à « comment nous (les fonctionnaires de l’Union africaine)pourrions utiliser la préservation de notre culture pour échanger avec d’autres pays et pour créer un meilleur échange entre la Chine et l’Afrique ».
Le 25 juin, Osei a reçu son certificat de formation. Le même jour, à l’autre bout de la ville, Bwalya écoutait un discours du directeur de l’école, lors de la cérémonie d’ouverture de son programme.
Trois mois est une période trop courte pour réellement apprendre les arts martiaux, souligne Lang Rongbiao. Fondateur de l’école Huo Yuanjia et ancien champion d’arts martiaux, il a déjà accueilli trois groupes d’étudiants africains. Les précédentes expériences l’ont rendu plus confiant quant à ce programme.
Pour Lang, le but de cette formation est d’aider les étudiants à maîtriser plusieurs routines qu’ils pourront ensuite continuer à pratiquer dans leur pays et enseigner aux étudiants locaux.
L’un des anciens étudiants a même fondé une école d’arts martiaux dans son pays. Quant à Bwalya,il souhaite devenir un jour professeur de kung-fu. CA
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