Beauté tressée
2015-11-08CuiXiaoqin
Beauté tressée
Un jeune homme chinois veut populariser les tresses africaines par Cui Xiaoqin
L'ANNéE dernière, une jeune chanteuse
chinoise, Deng Ziqi, a fait fureur en apparaissant sur scène avec des tresses africaines. Elle n’est pas la première : de nombreuses stars chinoises ont déjà essayé cette coiffure. L’actrice Li Xiaolu, notamment,a beaucoup fait parler d’elle en apparaissant à un événement de mode avec des tresses africaines, en rupture complète avec son style habituel.
Les tresses africaines sont-elles populaires en Chine ? Yang Linyuan, coiffeur chinois de tresses africaines, explique à CHINAFRIQUE : « de plus en plus de Chinois s’intéressent à la culture africaine,et notamment à cette coiffure. » Lui-même a appris la technique des tresses africaines au Sénégal, puis il est rentré en Chine et a ouvert un petit centre de formation de coiffure, spécialisé dans les tresses africaines.
faire des tresses africaines en Afrique
Yang Linyuan s’est intéressé aux tresses africaines alors même qu’il était encore en Chine. ll explique :« Mon frère fait du commerce au Sénégal, donc je porte une attention particulière au continent africain. Quand j’ai vu pour la première fois des tresses africaines à la télévision, j’ai été très attiré par cette coiffure et j’ai voulu apprendre à la faire. » Mais il n’y a pas d’institut qui enseigne les tresses africaines en Chine.
Le frère de Yang lui a ensuite proposé de venir travailler au Sénégal avec lui, et Yang a accepté. Pendant les deux premières années, il est resté dans le magasin de son frère pour s’occuper du commerce. ll y a vu passer de nombreuses femmes aux magnifiques cheveux tressés.
Confronté à la barrière linguistique, il a commencé à apprendre le français. ll adore le Djembé (un instrument de musique local). Un jour, il a rencontré un Américain qui enseignait aux amateurs à faire des tresses africaines. Yang Linyuan s’est inscrit sans hésitation dans le centre de formation.
ll n’avait pas le temps de participer aux cours pendant la journée, mais le centre de formation offrait des cours avec des horaires flexibles, dans la maison même du professeur. « Je suis allé chez mon professeur tous les après-midis pour apprendre à faire des tresses. Six mois après, je maîtrisais presque tous les genres de tresses africaines », raconte Yang Linyuan. ll a ensuite commencé à faire des tresses africaines pour ses amis, mêlant les techniques apprises et sa propre imagination.
Importer la technique en chine
En juin 2014, Yang Linyuan est rentré en Chine avec l’idée de populariser les techniques de tresses africaines dans son pays natal.
« En Chine, personne n’est spécialisé dans les tresses africaines, alors que dans certains pays occidentaux, c’est un vrai métier, parce que beaucoup de chanteurs ou acteurs portent des tresses. Mon professeur au Sénégal était Américain », explique Yang. « Ce style de tresse est originaire d’Afrique,mais ce sont les Américains qui l’ont popularisé à l’international. Aux États-Unis, il y a beaucoup d’instituts dans lesquels on peut apprendre les techniques des tresses africaines. »
Yang Linyuan a compris le potentiel des tresses africaines en Chine et a décidé de les populariser. ll est très confiant quant au marché chinois, car certains acteurs et chanteurs internationaux très bien accueillis en Chine ont contribué à populariser les tresses africaines dans la jeune génération chinoise. Mais à cause du manque de salons de coiffure spécialisés dans les tresses africaines, les jeunes Chinois ne savent pas où faire cette coiffure à la mode. Pour le moment, Yang Linyuan a seulement 20 apprentis, mais il est confiant : « Nos apprentis viennentde toutes les provinces de Chine et sont issus de domaines très différents. Nous avons des avocats,des étudiants, des employés et des artistes. Je pense donc qu’une catégorie très large de la population chinoise s’intéresse aux tresses africaines. »
Néanmoins, Yang a aussi rencontré des difficultés, notamment car le sens esthétique de beaucoup de Chinois reste très conservateur. Selon lui :« Même si beaucoup de jeunes s’intéressent aux tresses africaines, ils n’osent pas les porter, à cause du conservatisme de leur entourage. » Par exemple,une des clientes de Yang, étudiante, a défait ses tresses quelques jours après car elle devait travailler en tant que médecin.
Le prix est un autre problème, car beaucoup trouvent la formation trop chère. Yang Linyuan explique que par rapport aux coiffures ordinaires, le prix est un peu élevé, mais que faire des tresses africaines est une technique professionnelle, à la marge des domaines de la coiffure et de l’esthétique. En outre, le prix est déterminé par le marché : « comme l’offre est très rare, le prix est naturellement un peu élevé. »
L'art de faire des tresses africaines
Populariser la culture
Mais Yang Linyuan ne veut pas se contenter d’ouvrir un centre de formation et de gagner de l’argent. ll explique : « Faire des tresses africaines n’est pas encore un vrai métier en Chine, parce qu’il vise seulement un petit nombre d’amateurs. Mon souhait est de populariser cette technique. »
Outre l’aspect financier, son autre but principal est de populariser des techniques innovantes de tresses africaines. « Maintenant, les gens qui s’intéressent aux tresses africaines peuvent trouver des informations en ligne, mais la plupart de ces informations sont dépassées. » ll compte coopérer avec des salons de coiffure et des instituts de beauté pour populariser de nouvelles techniques et constamment améliorer l’art des tresses africaines. CA
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