Une coopération de longue date
2015-11-08NiYanshuo
Une coopération de longue date
Un agronome chinois s'est rendu trois fois à Djibouti pour fournir son aide agricole par Ni Yanshuo
PoUR Xiao Renrong, âgé de 48 ans, Djibouti, un pays de la Corne de l’Afrique, est comme un second pays natal. Expert au Centre de prévention et de contrôle des maladies des animaux du district de Nanchuan de la ville de Chongqing, il a été envoyé deux fois dans ce pays africain, en qualité de chef d’un groupe d’agronomes chinois, d’août 2009 à août 2010 et de septembre 2012 à septembre 2013. Dans la deuxième moitié de cette année, il prévoit de s’y rendre à nouveau pour poursuivre sa mission.
« En tant que chef du groupe d’experts envoyé par le ministère de l’Agriculture, je me réjouis d’avoir accompli notre mission et de voir celle-ci recevoir une pleine reconnaissance de la part des gouvernements chinois et djiboutiens », affirme M. Xiao. Lors de la réception en l’honneur du 64eanniversaire de la fondation de la République populaire de Chine tenue par l’Ambassade de Chine à Djibouti, l’ambassadeur chinois Fu Huaqiang a réaffirmé l’importance du groupe d’agronomes chinois et a mis sur le même plan le groupe agricole et l’équipe médicale. Par la suite, le gouvernement djiboutien a officiellement sollicité l’envoi du troisième groupe d’experts agricoles chinois. C’est dans ce cadre que M. Xiao va effectuer son troisième voyage à Djibouti.
Lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) tenu en 2006, le gouvernement chinois a décidé d’envoyer en Afrique 100 experts agronomes expérimentés ; lors de la quatrième conférence ministérielle du FOCAC tenue en 2009,le gouvernement chinois s’est engagé de nouveau à envoyer en Afrique 50 groupes d’agronomes pour aider les pays africains à développer leur production agricole, à éliminer la famine, à réaliser l’autosuffisance et à assurer la sécurité alimentaire. C’est dans ce but que M. Xiao a dirigé deux fois une équipe à Djibouti.
L’élevage est la première industrie traditionnelle de Djibouti, et la pêcherie constitue sa deuxième industrie la plus prometteuse. Le climat désertique tropical n’y est pas favorable au développement de la culture. Par conséquent, cette troisième mission agricole ciblera en priorité l’élevage et la pêcherie. Ce groupe agricole sera composé de quatre personnes venant de différentes provinces de Chine : deux experts vétérinaires, un spécialiste en pêcherie et un traducteur chinois-français.
Aux yeux de M. Xiao, ce troisième envoi d’experts se situe dans la continuité des deux premiers. Le premier consistait à conduire des enquêtes et à élaborer des plans pour construire une solide base de travail, et le deuxième visait à concrétiser les plans et à effectuer des démonstrations. « Ces deux envois ont été bien reçus et hautement appréciés par le pays bénéficiaire et les organes de coopération. ll faut dire que sans les bons résultats de ces deux premières missions, il n’y aurait pas eu de mission ultérieure », indique M. Xiao.
Préparation avant le départ
Le français est la langue officielle de Djibouti. La langue a donc constitué le plus grand défi à relever pour M. Xiao. Ne parlant pas un mot de français, il a dépensé 10 000 yuans (1 611 dollars) pour apprendre la langue.
La plus grande difficulté pour M. Xiao a été la prononciation du français. Pendant les six mois de formation, il était celui qui se levait le plus tôt et se couchait le plus tard dans sa classe.
« Heureusement, après six mois, je pouvais sans problème suivre des conversations et lectures simples »,indique M. Xiao, qui a d’excellents souvenirs de cette expérience.
C’est ainsi qu’en 2009, M. Xiao a commencé sa première mission à Djibouti.
Un travail acharné
À Djibouti, M. Xiao et son équipe ont effectué des activités de démonstration de techniques vétérinairesde diagnostic et de traitement, ainsi que de techniques de culture des légumes sous serre refroidie, adaptées au climat désertique tropical. lls ont cultivé avec succès des herbages, des luffas, des navets et des dolics. En parallèle, ils ont organisé 7 séminaires thématiques, réunissant plus de 100 agronomes, experts vétérinaires, techniciens et exploitants agricoles de Djibouti et des organisations d’aide internationale. ll a également aidé des fermes et des prairies d’élevage environnantes à traiter leurs bœufs et moutons malades.
« ll m’a donné beaucoup de médicaments. Ce qui est le plus rassurant, c’est qu’il est toujours là pour nous aider », s’exclame Taher lssa, un exploitant agricole à Djibouti. Au cours de sa deuxième mission à Djibouti, M. Xiao a diagnostiqué et traité plus de 100 bêtes.
C’est aussi pendant cette période qu’il a accompli trois grands projets. ll a examiné 109 vaches dans six fermes pendant trois mois, a fini par découvrir un cas positif d’infection tuberculeuse chez les vaches laitières à Djibouti et conseillé les fermiers quant au traitement à leur donner.
ll a en outre passé cinq mois à mener une recherche sur la lutte contre les parasites internes des moutons. Le dirigeant du Service d’économie et de commerce de l’Ambassade de Chine à Djibouti y attachait une grande importance. Cette recherche a prouvé que la situation était sérieuse, et M. Xiao a été d’une grande aide en conseillant les locaux sur la prévention et les traitements à adopter. Ses conseils ont également permis de mieux orienter la livraison de médicaments vétérinaires par la Chine.
ll a enfin organisé une formation de quatre mois sur les techniques de production de yaourts dans une ferme de vaches laitières. Cette ferme élève une centaine de vaches laitières. Or, comme toutes les fermes djiboutiennes, elle ne pouvait vendre ses produits que sous forme de lait frais, faute de stérilisateur. Cette situation obligeait les habitants djiboutiens à dépendre des importations pour leurs produits laitiers. M. Xiao a donc acheté à ses propres frais un stérilisateur de lait en Chine pour l’offrir à cette ferme.
Avec cette machine, on peut transformer du lait frais en yaourt. D’après ses calculs, à Djibouti, le lait frais coûte 20 yuans (3,22 dollars) le kilo, alors qu’un pot de yaourt de 100 millilitres coûte 4 yuans (0,64 dollar). Grâce à la transformation, la valeur du lait a ainsi doublé.
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Perspectives d'avenir
« À partir de l’expérience acquise précédemment,nous avons compris que ce qui manque le plus à l’agriculture africaine, ce sont des techniques pratiques. Nos experts doivent renforcer la démonstration et la formation sur place, de manière adaptée à la situation locale », affirme M. Xiao.
Pour le moment, M. Xiao et son équipe préparent en Chine toutes les conditions matérielles et techniques requises pour la démonstration et la formation. « En transmettant des idées modernes de développement agricole et des techniques pratiques, les experts chinois peuvent aider les pays bénéficiaires à améliorer leur propre capacité de développement avant de réaliser leur objectif final de sécurité alimentaire et de développement durable de l’agriculture », conclut M. Xiao. CA
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