Les merveilles du carnaval
2015-11-08DenisGreen
Les merveilles du carnaval
Des chefs africains font des merveilles au festival mondial de la cuisine à Guiyang par Denis Green
À presque minuit, vendredi soir, dix chefs
de partout dans le monde atterrissaient, sous une pluie torrentielle, à Guiyang, capitale provinciale du Guizhou au sud-ouest de la Chine. lls venaient participer à une exposition d’une semaine pour faire connaître à la population chinoise la cuisine de leur pays respectif. Ces chefs avaient été minutieusement choisis pour l’évènement qui se tiendrait du 27 juin au 4 juillet 2015.
Malgré l’orage, le groupe fut conduit immédiatement sur le site de l’exposition pour inspecter les lieux et vérifier s’ils avaient tout l’équipement nécessaire pour la semaine. Le site était impressionnant : 50 kiosques, chacun présentant divers aliments de toute la Chine et du monde. Un tapis rouge de 4 m de large s’étirait entre les deux rangées de kiosques. Tout au bout se trouvaient les stands des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Colombie, du Venezuela, de la Russie, du Brésil, de Maurice, de la Zambie et du Zimbabwe.
Une bonne occasion
Le chef zimbabwéen Tinotenda Kadozora (Tino),bien que fatigué et les pieds trempés, était optimiste face à la semaine à venir. « Au Zimbabwe, les occasions de faire goûter notre cuisine à autant de gens sont rares, a-t-il dit à CHINAFRIQUE. Donc, j’ai bien hâte de le faire ici en Chine. »
Le jour de l’ouverture, le soleil était revenu. De l’autre côté de la rue du carnaval alimentaire se tenait le célèbre Festival de musique Midi, qui se tenait en même temps que le carnaval, de 11 à 17 h chaque jour, où une brochette d’étoiles du rock chinois offraient leurs œuvres à un public affamé. Ainsi, après chaque représentation, les spectateurs traversaient la rue pour refaire leur plein d’énergie avec les délices du monde.
Mazimba Mazimba de Zambie, qui vendait des brochettes de poulet grillé assaisonné, a pu comprendre ce que les Chinois aimaient manger. « Quand on arrive en Chine, la première distinction qu’on peut faire clairement est que les Chinois aiment leurs mets couverts de piment, tandis que les mets africains ne le sont pas, a-t-il confié à CHINAFRIQUE. Ensuite, la plupart des mets chinois sont servis en un mélange, comme du riz avec du poulet et des légumes ensemble, tandis que les Africains consomment ces aliments séparément. »
Le premier jour, malgré le beau temps et les foules, n’a pas été très réussi pour Tino et Mazimba car ils sentaient que les visiteurs n’étaient pas familiers avec leur cuisine. « Seulement quelques personnes sont venues m’acheter quelque chose et ils devaient d’abord découvrir l’endroit où nous étions installés pour offrir nos aliments », a dit Tino,ajoutant que certains étaient surpris de voir des chefs africains pour la première fois de leur vie et que consommer des mets africains leur semblait curieux. À partir du deuxième jour,les ventes se sont bien déroulées et les gens étaient intéressés à acheter même sans connaître, désireux de découvrir la cuisine et la culture africaines. »
Des chefs célèbres
Au fil des jours, la foule devint de plus en plus curieuse devant les kiosques internationaux. On se rassemblait autourde Tino qui préparait ses fameuses saucisses zimbabwéennes, et l’on prenait des photos tant des aliments que de Tino lui-même. Tino et Mazimba devinrent de modestes célébrités. Plusieurs visiteurs n’avaient jamais rencontré d’Africains, et demandaient à se faire photographier avec les chefs.
« J’étais étonné de voir combien amicaux et curieux étaient les Chinois », a dit Tino, ajoutant que jamais auparavant une personne avait demandé une photo avec lui. « C’était une expérience surréelle,mais bienvenue. »
Mazimba, faisant écho à ces dires, croit que l’alimentation joue un rôle important dans le rapprochement des Chinois et des Africains. « Si les Africains s’intéressent à la culture chinoise, dans laquelle l’art de la table occupe une large place, les Chinois en seront très flattés. C’est vraiment une façon efficace de rapprocher les deux peuples. »
Tinotendo Kadozora dans son stand
Mazimba
Les chutes de Huangguoshu
Paysages merveilleux
Les chefs étrangers ont joui d’une journée de congé pour se reposer et récupérer. Ce jour-là, ils ont bénéficié d’une visite guidée à la chute de Huangguoshu dans la ville voisine Anshun. Cette chute est la plus grande d’Asie avec ses 74 mètres de hauteur et 81 de largeur. Ses charmes attirent naturellement les touristes. Les groupes ethniques très accueillants,sur place, ajoutent une touche humaine.
« C’est l’un des plus beaux paysages que j’aie jamais vus. Avoir la chance d’approcher une telle merveille a fait mon bonheur », a dit Tino, les yeux fixés sur la chute. « La Chine est vraiment un pays spectaculaire ! J’espère passer davantage de temps ici à cuisiner et à visiter des endroits magiques comme celui-ci. »
À la fin de l’exposition, tant Tino que Mazimba eurent le temps de réfléchir sur cette mémorable expérience. « J’espère qu’il y aura d’autres expositions du genre dans le futur, a dit Mazimba. Non seulement l’occasion nous permet de découvrir les Chinois et les mets qu’ils aiment, mais cela éclaire les Chinois sur le monde extérieur, et surtout sur l’Afrique. » CA
(Reportage de Guiyang)