La Kunming africaine
2023-01-08parZUOZUOFEI
par ZUO ZUOFEI
L’auteur est écrivain et professeur de chinois à l’Institut Confucius en Érythrée.
La vie à Asmara,capitale de l’Érythrée,rappelle aux enseignants chinois la ville du « printemps » chinoise
J’aime établir des parallèles entre la vie dans les villes étrangères dans lesquelles j’ai vécu et celle en Chine.Ainsi,je m’en souviens plus facilement et permets à mes lecteurs chinois de mieux se les représenter.Quand je travaillais en Géorgie,je trouvais que sa capitale Tbilissi avait une touche de Chongqing,une ville montagneuse dans le sud-ouest de la Chine.Aujourd’hui,après plusieurs années en Érythrée,sa capitale Asmara et son climat printanier toute l’année donnent le sentiment de vivre à Kunming.
Kunming,chef-lieu de la province du Yunnan dans le sud-ouest de la Chine,est connue comme la ville du« printemps ».Je m’y suis rendu en octobre 2018 avec mes étudiants africains pour le concours « Pont vers le chinois ».Plus tard,je l’ai décrite dans un poème comme une ville de montagnes,d’eaux et de fleurs,où l’on rencontre le printemps à chaque coin de rue.Asmara,comme Kunming,est située à une altitude d’environ 2 300 mètres.La particularité commune à ces deux villes est que la température demeure souvent autour de 20 degrés,ce qui est très confortable.
Je suis parti pour Asmara en février 2018,alors qu’il faisait encore très froid en Chine.J’ai mis quelque temps à m’adapter à la fraîcheur matinale due à l’altitude.Puis je me suis habitué,et un T-shirt et un manteau étaient parfois assez pour passer l’année.Comme le climat est agréable toute l’année,beaucoup d’autres Chinois m’ont confié qu’ils aimeraient y prendre leur retraite.Je pense que c’est une bonne idée,bien que les approvisionnements ne soient pas aussi abondants que chez nous.Les aînés n’ont pas besoin de grand-chose.
Un arc de fleurs sur la porte d’une maison à Asmara,en Érythrée.(ZUO ZUOFEI)
Une autre raison importante pour laquelle j’appelle Asmara « la Kunming africaine » est que c’est aussi une véritable ville de fleurs.Bien que l’eau manque,presque chaque foyer en possède.La plupart de leurs cours sont murées de fleurs : des vignes grimpantes plantées à la racine des murs,qui sont ensuite taillées chaque année pour former des murs et des arcs.Lorsque vient la floraison,il semble que les murs portent une couronne de fleurs.
Cela me rappelle les guirlandes de fleurs portées par les filles valsant dans le marché aux fleurs de Dounan à Kunming,le plus grand marché de fleurs en Asie et l’une des attractions les plus célèbres de Kunming.Lorsque nous étions là pour le concours,les concurrents de 99 pays ont été amenés sur le marché malgré le calendrier serré,ce qui montre l’importance des fleurs pour les habitants de Kunming.
Il existe un arbre unique qui se trouvedans les deux villes : le jacaranda.J’ai découvert le jacaranda dans un article sur l’Afrique du Sud,et je ne m’attendais pas à le trouver en Érythrée,juste à l’entrée de l’Université d’Asmara où je travaille.Au début,je ne reconnaissais pas l’arbre géant et n’y prêtais pas beaucoup attention.Ce n’est que lorsque ses fleurs sont apparues en avril,formant un nuage violet ressemblant à un jardin de fées,que j’ai réalisé que c’était le jacaranda.
Kunming,par coïncidence,a une rue populaire,connue comme la plus belle de la ville,en raison des jacarandas qui s’y trouvent.Quand vient le printemps,il est assez romantique de marcher sous cette « pluie de pétales de fleurs bleues ».J’ai découvert plus tard que les jacarandas sont des arbres à feuilles caduques originaires du Brésil,et n’ont été introduits à Kunming qu’en 1984.Ils ont environ 30 ans.Les jacarandas de l’Université d’Asmara ont au moins 200 ans.Malheureusement,lorsque je suis revenu après les vacances de printemps en 2019,j’ai constaté que les arbres avaient été abattus jusqu’à leurs racines pour des raisons qui m’étaient inconnues.J’étais rempli de mélancolie.Ils portaient tant de précieux souvenirs pour ceux qui y vivaient.