Regards croisés

Gérer la situation

LIU JIAYING

Enseignante de 28 ans à Beijing

La peur du réseautage est un sujet que je connais très bien. Quand j’étais enfant,j’avais tellement l’habitude de jouer seule que ma tante,qui travaillait dans un hôpital, a un jour secrètement suggéré à ma mère de m’y emmener pour vérifier si j’étais autiste.À la maternelle, j’étais étiquetée« silencieuse » et « solitaire ». À l’école primaire, mes professeurs nommaient des camarades de classe qui me parleraient après l’école, de peur que je ne sois isolée.M

ais la raison pour laquelle je m’isolais n’était pas due à un manque d’envie de communiquer.Je n’avais aucun problème à interagir avec mes meilleurs amis et j’ai toujours eu des amis proches,bien que très peu nombreux.En réalité, je pense que je n’aimais pas parler et me comporter d’une manière qui était contre ma nature dans les milieux sociaux :ils me semblaient ennuyeux et dénués de sens.

J’ai essayé de surmonter ma peur au cours de mes études et me suis davantage impliquée avec diverses personnes, telles que des camarades de classe aux personnalités totalement différentes, des professeurs au fort tempérament ou des parents éloignés que je n’appréciais guère. Cela a fonctionné et, peu à peu, j’ai pu facilement interagir avec les autres, devenant même parfois le centre d’intérêt de tous.Bien qu’intérieurement, je sentais que je n’étais pas faite pour socialiser avec des gens que je n’aimais pas.

Aujourd’hui, j’évolue aisément dans divers milieux sociaux, je m’entends avec mes collègues et mes dirigeants, et je parviens à traverser des rassemblements déplaisants où je me sens obligée de boire. J’ai fait la paix avec le réseautage. Je me suis rendu compte que ce n’est pas une cara ctéristique négative à éviter.D’une certaine manière, cela est représentatif de sincérité et gentillesse, qualités manquantes chez de nombreuses personnes de nos jours. La peur de réseauter vient du fait d’être fidèle à mon cœur.Avec mes amis, je n’ai pas peur :je prendrai l’initiative de les inviter et ferais tout mon possible pour être gentille avec eux. Avec les autres que je ne peux flagorner, je ne me forcerai pas dans des cercles auxquels je n’appartiens pas et refuserai catégoriquement de boire. Au lieu de flatter les gens dans de vaines interactions sociales, je suis plus satisfaite d’un week-end tranquille passé avec un bon livre, une tasse de thé et quelques amis.

J’ai fait la paix avec le réseautage. Je me suis rendu compte que ce n’est pas une cara ctéristique négative à éviter. D’une certaine manière, cela est représentatif de sincérité et gentillesse.

La prudence s’impose

MICHAEL OLUGBODE

Journaliste nigérian de 52 ans

Enfant, mes parents me disaient de me méfier des étrangers. J’ai grandi avec cette idée, à tel point qu’aujourd’hui il m’est difficile d’être à l’aise avec une nouvelle personne et je ne m’ouvre à des inconnus que progressivement.

Le réseautage a des avantages évidents. Il a grandement amélioré le commerce et créé des ponts entre les cultures. La société est interdépendante et nous avons besoin les uns des autres pour affronter les défis du monde et peut-être profiter des bonnes choses ensemble.

Le réseautage a rapproché ceux qui nous étaient étrangers,et ce, jusque dans nos maisons.Des professionnels de différents villes, pays et même continents entrent en lien les uns aux autres grâce au réseautage, échangent des idées et collaborent pour s’améliorer.

En tant que journaliste, le réseautage m’a beaucoup aidé à faire avancer les choses. J’ai des collègues à la rédaction qui m’aident avec des contacts et enrichissent parfois mes idées d’articles. De plus, grâce au réseautage, je suis en lien avec des journalistes et des sources d’information. Cela m’est très utile. Il y a quelques années,lorsque je prévoyais de me rendre à Londres pour un séminaire, reprendre contact avec mes camarades de classe d’il y a dix ans m’a rendu les choses plus faciles. Ils m’ont fait part de leurs suggestions pour obtenir un visa, sont venus me prendre à l’aéroport et m’ont servi de guide.C’était sans doute ma meilleure expérience de voyage.

Mais il y a aussi un côté obscur au réseautage. J’ai entendu des histoires de nombreuses personnes qui n’ont pas choisi le bon réseau. Beaucoup ont été escroqués, et ont regretté de ne pas avoir suivi les conseils de leurs parents vis-à-vis des inconnus. J’ai également perdu de l’argent à cause d’un plan d’investissement bidon introduit via les réseaux sociaux.

Cela m’a donné une leçon.Dois-je dire qu’on ne m’y reprendra plus ? Je dois faire plus attention et faire un saut calculé, de sorte que si je tombe,ce ne soit pas catastrophique. CA