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Augmenter la valeur du riz

2022-10-15parJIAOMENGetJINLING

中国与非洲(法文版) 2022年10期

par JIAO MENG et JIN LING

Wang Qian (à droite),directeur du Centre de démonstration des technologies agricoles chinoises en Tanzanie, et Salum J. Mbego(deuxième à gauche),expert du centre Dakawa de l’Institut de recherche agricole de Tanzanie, examinent les problèmes techniques de la rizière de démonstration de 2 400 hectares à Dakawa dans la province de Morogoro, le 27 avril 2021.(COURTOISIE)

La coopération entre la Chine et l’Afrique sur la chaîne de valeur du riz ouvre de nouvelles perspectives pour la sécurité alimentaire

Koné Zaogotia est heureuse, car elle et les 323 autres agricultrices du groupe Kparatiogo de Mananama, à Kolia, au nord de la Côte d’Ivoire, n’ont plus besoin d’effectuer de lourds travaux manuels dans la rizière de sept hectares.

Grâce à un tracteur, une éplucheuse et une batteuse fournis par le projet de développement de la chaîne de valeur du riz Chine-Afrique, il leur est beaucoup plus facile de planter et de récolter le riz. Ce qu’il leur reste à faire, c’est de planifier une meilleure utilisation de leurs terres, tout en laissant le labourage, les semailles et la récolte aux machines.

« Il s’agit d’une grande aide pour nous [les agricultrices]. Auparavant, nous devions labourer manuellement les parcelles, ce qui est très fatigant »,a partagé la secrétaire générale du groupe Kparatiogo de Mananama, âgée de 50 ans. Chaque année, le projet leur offre des engrais et, en particulier, une formation aux techniques agricoles.

Trois autres groupes d’agriculteurs, dont Kahatana de Kantara à Boundiali, et Nion-Kagnon des femmes de Nakaha à Komborodougou, au nord de la Côte d’Ivoire,troisième producteur de riz d’Afrique de l’Ouest, se sont joints au projet en 2021.

Lancé en mars 2021 par le Centre d’excellence pour la transformation rurale du Programme alimentaire mondial (WFP China COE) et le Centre d’excellence régional contre la faim et la malnutrition (CERFAM),ce projet fait partie du programme du Centre mondial de développement Sud-Sud visant à faciliter le partage des connaissances Sud-Sud, l’apprentissage mutuel,ainsi que le transfert de technologie et d’expertise sur la gestion des pertes post-récolte afin d’améliorer la chaîne de valeur du riz.

« Aujourd’hui, la capacité de notre entrepôt n’est pas suffisante pour stocker toute notre récolte. Nous avons l’intention de l’élargir à l’aide du projet », a poursuivi Mme Zaogotia.

Échange de connaissances

Cette question a été abordée lors du séminaire sur l’amélioration de la chaîne de valeur du riz Chine-Afrique dans le cadre du projet, qui s’est tenu les 7 et 8 septembre à Jiaxing, dans la province du Zhejiang. Le séminaire avait pour but de fournir une plateforme permettant aux partenaires chinois et africains d’échanger des points de vue, notamment sur la transformation,le stockage et le contrôle qualité du riz.

Selon l’Alliance pour une révolution verte en Afrique(AGRA), le riz est le principal aliment de base en Afrique,avec une consommation prévue de plus de 34,5 millions de tonnes par an d’ici 2025, contre 11,6 millions en 1996. « Cependant, même si le riz est cultivé dans 40 des 55 pays [et régions] d’Afrique, les quantités sont souvent trop faibles pour répondre à la demande locale.Le déficit est comblé par les importations », a expliqué Agnes Kalibata, présidente de l’AGRA. L’Afrique de l’Ouest importe 40 % du riz, représentant 18 % des importations mondiales.

« Ce séminaire arrive donc à point nommé car il offre aux pays africains l’occasion d’échanger avec la Chine,le plus grand producteur de riz au monde avec 30 %de la production mondiale », a souligné Mme Kalibata.« Ce séminaire nous permet d’apprendre comment la Chine a pu produire de manière constante près de 650 millions de tonnes de céréales par an. »

En même temps, le WFP China COE a récemment lancé une plateforme de partage des connaissances et une école numérique pour offrir des cours approfondis,complets et durables sur les connaissances liées à l’agriculture. « Nous facilitons l’échange de connaissances par le biais de la plateforme et de l’école, afin d’améliorer la chaîne de valeur du riz en Afrique », a souhaité Qu Sixi,représentant et directeur du Programme alimentaire mondial en Chine.

Les pays africains, la Côte d’Ivoire en particulier,comptent sur l’expérience chinoise pour transformer l’agriculture essentiellement familiale en agriculture industrielle.

GOMUN KOUYA BERTIN Conseiller commercial à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Chine

Une production durable

En réalité, la coopération entre la Chine et la Côte d’Ivoire dans le domaine de la riziculture avait commencé avant le lancement du projet de développement de la chaîne de valeur du riz Chine-Afrique.

En juin 2020, le CERFAM a visité un site de démonstration dans le sud de la Côte d’Ivoire, qui a été créé par un groupe d’experts chinois en 1995, fournissant des assistances techniques et des formations à la production de semences, à la riziculture et à l’irrigation.

La mécanisation est actuellement assurée dans le pays par des équipements chinois achetés dans le cadre du projet. Une formation aux techniques de battage et de transformation a été organisée par des experts chinois à distance. Tout cela a permis d’augmenter le rendement du site de démonstration à environ 3,5 tonnes par hectare,atteignant 61,6 tonnes pour 17,6 hectares de terre par saison, contre 11 tonnes pour la saison 2020-2021.

La Synergie de développement de la chaîne de valeur du riz Chine-Afrique, un mécanisme de dialogue régulier dans le cadre du projet, a été lancée en avril pour promouvoir les connaissances et les échanges techniques entre les parties prenantes.

« Les pays africains, la Côte d’Ivoire en particulier,comptent sur l’expérience chinoise pour transformer l’agriculture essentiellement familiale en agriculture industrielle », a indiqué Gomun Kouya Bertin, conseiller commercial à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Chine.« D’où la nécessité de la coopération agricole sinoafricaine dans la chaîne de valeur du riz afin d’éliminer les goulots d’étranglement, tels que les machines coûteuses, la faible capacité de transformation agroalimentaire, et le manque de centres de formation agricole. »

Les pays voisins étant également confrontés à des défis similaires, cette pratique pourrait être introduite en Guinée pour exercer un plus grand impact sur le développement de la chaîne de valeur du riz en Afrique de l’Ouest.

« La Chine et l’Afrique ont une longue histoire de coopération pour éliminer la faim et atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU », a déclaré Rahamtalla Mohamed Osman, représentant permanent de l’UA en Chine. « Cette collaboration a été cimentée par la Déclaration de Dakar de la huitième Conférence ministérielle du FCSA en 2021, avec des dispositions spécifiques sur la coopération en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire. Les technologies agricoles et l’expérience de la Chine, notamment sur la chaîne de valeur du riz, ont été partagées dans le cadre de ces initiatives. » CA