Une mission inachevée
2022-06-18parMAHASHAPIETRAMPEDIdacteurenchefdeenAfriqueduSud
par MAHASHA PIET RAMPEDI, rédacteur en chef de en Afrique du Sud
La Journée mondiale de l’Afrique n’est pas seulement une journée pour commémorer l’indépendance de l’Afrique, mais aussi un rappel que l’indépendance doit se traduire par un développement économique sur le continent
La naissance de l’OUA à l’issue de la première conférence des chefs d’État et de gouvernement africains, à Addis-Abeba, en Éthiopie, en mai 1963. (XINHUA)
Dans son discours d’indépendance en 1957, le Président fondateur du Ghana, Kwame Nkrumah, a déclaré que la libération de son pays était un signe que le citoyen noir est capable de gérer ses propres affaires. C’était un discours profond de l’homme qui a conduit ce pays d’Afrique de l’Ouest à la libération. Il a inauguré une nouvelle ère, faisant du Ghana la première nation du continent africain à connaître la liberté.
« Comme je l’ai insisté, nous devons désormais changer nos attitudes et nos esprits. Nous devons réaliser qu’à partir de maintenant, nous ne sommes plus une colonie, mais un peuple libre et indépendant.Je tiens à souligner que nous allons créer notre propre personnalité et identité africaine.C’est la seule façon de montrer au monde que nous sommes prêts pour nos propres batailles. »
Avec son discours, M. Nkrumah a galvanisé les dirigeants d’autres mouvements de libération à travers le continent et a établi les fondations de l’autodétermination africaine. Parmi eux figuraient Julius Nyerere de Tanzanie, Jomo Kenyatta du Kenya, Kenneth Kaunda de Zambie, Robert Mugabe du Zimbabwe, Samora Machel du Mozambique, Sam Nujoma de Namibie et enfin Nelson Mandela d’Afrique du Sud.
« Enfin, la bataille est terminée ! Et ainsi,le Ghana, votre pays bien-aimé, est libre pour toujours », a déclaré M. Nkrumah.
Le vent de liberté et d’indépendance qui a parcouru le continent dans les années 1960 a permis la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui a ensuite été rebaptisée Union africaine (UA). En Afrique et dans le reste du monde, les sacrifices des piliers de la libération comme M. Nkrumah sont commémorés chaque année à l’occasion de la Journée mondiale de l’Afrique le 25 mai, le jour où l’OUA a été officiellement fondée en 1963.
Mais la libération de l’Afrique n’a pas été aussi simple. Le coût humain a été énorme.Cela a également impliqué un coût pour des pays amis tels que la Chine, l’ex-Union soviétique et Cuba, qui ont apporté un soutien financier et militaire. La plupart des libérateurs africains avaient effectivement reçu une formation militaire et des soutiens économiques de l’étranger.
Pourquoi célébrer la Journée mondiale de l’Afrique ? Celle-ci a été créée pour que les peuples qui appellent l’Afrique leur patrie puissent commémorer leur liberté et leur indépendance durement gagnées vis-à-vis de l’impérialisme occidental et des maîtres coloniaux. Après le Congrès de Berlin en 1878, ceux-ci avaient divisé l’Afrique et s’étaient approprié ses ressources naturelles.Plus tard, ils ont asservi les Africains et les ont privés de leur dignité, de leur liberté et de leur droit à l’autodétermination.
Ce que l’on peut cependant remarquer,c’est que les sacrifices des héros de la libération africaine comme M. Nkrumah ne se sont pas traduits par un développement économique et une richesse partagée sur le continent. Tant d’années après avoir gagné leur liberté et leur indépendance,de nombreux pays africains sont toujours économiquement en retard. Ils sont également souvent embourbés dans l’instabilité politique et les guerres.
Pour inaugurer une nouvelle ère de développement économique authentique et tangible, la génération actuelle de dirigeants africains devrait élaborer des plans de développement ambitieux et travailler plus étroitement avec les pays européens et les pays en voie de développement, tels que la Chine. Cette dernière ayant connu des défis similaires à ceux des pays africains il y a plusieurs décennies, l’Afrique pourrait apprendre de son expérience et s’inspirer de ses modèles de développement. Cela les aiderait non seulement à atteindre les objectifs de l’Agenda 2063,mais aussi à créer « l’Afrique que nous voulons ». CA