S’employer au développement L’augmentation des investissements chinois en Afrique génère des emplois indispensables pour les jeunes
2022-06-18parCHARLESONUNAIJU
par CHARLES ONUNAIJU
L’auteur est directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, Nigeria.
Des habitants travaillent dans une coentreprise pharmaceutique sino-soudanaise dans le nord de Khartoum, au Soudan, le 25 avril.
En raison de l’impact qu’il aura sur l’économie nationale et des emplois qu’il créera, le port en eaux profondes de Lekki, à Lagos, a été qualifié de pionnier par Lai Mohammed,ministre nigérian de l’Information et de la Culture, lors d’une récente visite.
Selon les estimations révélées par le ministre, le port de Lekki, qui sera le port maritime le plus profond d’Afrique de l’Ouest, « créera environ 170 000 emplois et apportera des revenus totalisant 201 milliards de dollars » pour les autorités locales et centrales du pays,au moyen de taxes, de redevances et de droits.
Le port, qui devrait entrer en service plus tard cette année, s’étend sur 90 hectares et sera concédé pendant 45 ans.Il s’agit d’un projet d’envergure dans le cadre du modèle « construire, posséder,exploiter et transférer », contracté avec la société chinoise China Harbour.
Le projet est un élément clé de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR),un vaste réseau d’infrastructures de connectivité terrestre, maritime,aérienne et cybernétique, entre et dans les pays du monde entier, qui a été lancée en 2013.
Le projet portuaire de Lekki est l’un des nombreux investissements chinois qui, non seulement créent des emplois,mais transforment également le paysage socio-économique en Afrique.
La force de travail
Selon un rapport publié par le cabinet de conseil McKinsey, les plus de 10 000 entreprises chinoises opérant en Afrique emploient plusieurs millions d’Africains.
La raison pour laquelle les investissements chinois en Afrique stimulent la création d’emplois est évidente. Alors que la Chine est devenue importante dans le secteur manufacturier mondial grâce à une main-d’œuvre nombreuse et peu coûteuse, l’Afrique dispose désormais de cet atout. En conséquence, les sociétés chinoises profitent de cet avantage pour augmenter les investissements sur le continent. Cela se traduit par un accroissement sans précédent de la création d’emplois dans l’ensemble de l’Afrique.
Depuis 2000, lorsque la Chine a encouragé ses entreprises à s’internationaliser, les investissements directs chinois ont connu une croissance de plus de 25 % par an, entrant dans une phase de « développement rapide et progressif ».
La création du Forum sur la Coopération sino-africaine, en 2000,a non seulement guidé la collaboration dans les domaines de l’économie,du commerce et de l’investissement,mais aussi établi des mécanismes pour lui donner une impulsion. Les initiatives prises, dans leurs contextes respectifs,ont joué un rôle central en faisant progresser et en favorisant l’afflux massif d’investissements en provenance de la Chine.
Les mécanismes visant à renforcer la coopération ont nettement favorisé l’entrée des produits africains sur les marchés chinois, ce qui a permis la création d’un grand nombre d’emplois en Afrique.
L’ICR a créé un environnement propice à la construction massive d’infrastructures financées ou soutenues par la Chine dans les secteurs clés de la voirie, des chemins de fer, des parcs industriels et de la production d’électricité, afin de faire de l’Afrique un pôle commercial,manufacturier et d’investissement.
La qualité croissante de la coopération entre l’Afrique et la Chine a marqué une transformation dans les relations économiques en matière de commerce et d’investissement. D’une relation dominée par le commerce des marchandises et des projets contractuels, la collaboration est maintenant axée sur l’investissement dans plusieurs secteurs et sur le développement de capacités multidimensionnelles. Cela a fortement accéléré l’industrialisation de l’Afrique et favorise sa capacité à se développer indépendamment.
Des constructeurs sur un projet de voirie soutenu par la Chine à Windhoek,en Namibie, le 9 mai.
D’une relation dominée par le commerce des marchandises et des projets contractuels,la collaboration est maintenant axée sur l’investissement dans plusieurs secteurs et sur le développement de capacités multidimensionnelles.
Les IDE chinois en Afrique
Les investissements directs de la Chine en Afrique ont atteint 47,4 milliards de dollars en 2020, soit le quatrième montant d’investissement le plus important en Afrique. Il va sans dire que la pandémie de COVID-19 a porté un coup dur aux investissements étrangers sur le continent. Les indications de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement montrent que l’afflux d’investissements étrangers en Afrique a chuté de 15,6 %en 2020. Toutefois, cette tendance a été tempérée par l’audace des sociétés chinoises à explorer les opportunités d’investissement, même dans le contexte de la crise sanitaire qui s’emparait du monde alors. Des données du ministère chinois du Commerce ont montré que les investissements directs de la Chine en Afrique avaient atteint 2,59 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021, en hausse de 9,9 % sur un an.
L’évolution de l’investissement chinois en Afrique montre une diversification saine dans différents secteurs, améliorant non seulement les possibilités d’emploi, mais aussi le développement régulier des compétences et le renforcement des capacités. Le risque de la soi-disant bombe à retardement démographique en raison du chômage des jeunes s’estompe progressivement à mesure que les investissements chinois sur le continent absorbent la main-d’œuvre émergente,en particulier les jeunes, leur apportant non seulement des moyens de subsistance, mais aussi une expertise pour prospérer, parfois même de leur propre chef.
Malgré un contexte d’investissement et une coopération économique sinoafricaine mutuellement bénéfique, les difficultés institutionnelles et les lacunes en matière d’infrastructure et d’énergie restent des défis en Afrique. Alors que le continent prétend être le prochain« atelier du monde », l’Afrique doit se donner des moyens à la hauteur de ses ambitions.
La Chine, outre ses contributions à la renaissance du continent, est un puissant exemple et une source d’inspiration pour l’Afrique. Par son exemple, la région tente de surmonter les difficultés et cherche à réaliser son potentiel de développement et de qualité de vie pour son peuple. CA