Regards croisés

Soyez prêtà répondre aux besoins du moment

ZHOU HANDONGTechnicien à la retraite,66 ans, Beijing

Je suis né à Yangzhou, dans la province du Jiangsu,en 1956. Lorsque j’ai commencé à travailler dans les années 1970, être touche-à-tout n’était pas une option. Comme la plupart de mes pairs qui ont travaillé en usine, j’ai acquis la plupart de mes connaissances et de mes compétences, sous la direction d’un mentor, c’est-à-dire un collègue senior expérimenté.Mon rêve à l’époque était de devenir l’un des meilleurs dans le secteur des machines. Pour cela, j’ai travaillé dur et passé beaucoup de temps à acquérir des connaissances et à pratiquer.

Il n’a pas fallu longtemps pour que mes efforts portent leurs fruits. À l’été 1984, grâce à l’expertise et à l’expérience que j’avais acquises, j’ai été choisi par le Département des ressources en eau de la province du Zhejiang, pour rejoindre une équipe d’experts pour une mission de conservation de l’eau au Sénégal. L’objectif du programme était de construire un barrage anti-sel à Bignona pour empêcher l’afflux d’eau de l’océan Atlantique vers le fleuve Casamance. Ce projet devait permettre aux habitants le long du fleuve d’avoir de l’eau douce pour leur usage quotidien et l’irrigation.

J’étais responsable de l’entretien des machines, et mon expertise s’est avérée précieuse lorsque des problèmes survenaient. J’ai notamment eu à rénover les systèmes de filtre à air des équipements, afin qu’ils durent plus longtemps dans la poussière épaisse du chantier. J’ai également eu la chance de diriger une équipe d’apprentis locaux et j’ai créé une véritable amitié avec eux.

Après mon retour en Chine,j’ai changé plusieurs fois d’emploi et je n’ai plus travaillé avec des machines. Grâce au développement de la technologie,en particulier Internet, j’ai eu facilement accès à de nombreux savoirs. En apprenant sur le net, je suis progressivement devenu un « toucheà-tout ». Je me suis intéressé à l’automobile, à la photographie, aux voyages et à la cuisine. J’ai également appris ce que les jeunes aiment et ce qui les préoccupe, afin de pouvoir suivre le rythme et maintenir intacte ma passion pour la vie.

D’après mon expérience, il est normal d’être polyvalent.L’important est de pouvoir se préparer à répondre aux besoins de l’époque.

Touche-à-tout,bon à rien ?

TAIWO BLESSING OGUNSEYIConférencier nigérian,36 ans, Yibin (Sichuan)

L’expression « touche-àtout, bon à rien » est une figure de style utilisée pour quelqu’un qui a expérimenté de nombreuses choses, au lieu de se concentrer sur un domaine en particulier et acquérir une expertise. Cela peut sembler être la mauvaise chose à faire,il s’agit en fait d’un compliment pour une personne ayant de vastes connaissances. Un autre adage, plus complet, dit d’ailleurs ceci : « Un touche-à-tout, s’il n’est maître de rien, vaut souvent mieux que le maître d’un ». En d’autres termes, un généraliste vaut mieux qu’un spécialiste.

À mon avis, l’avancement des technologies, comme le Web 2.0 a mis à la disposition des particuliers une énorme quantité d’informations sur tous les sujets. Et cela offre la possibilité d’être polyvalent dans de nombreux domaines.

Personnellement, je pense qu’être généraliste ou spécialiste a ses avantages et ses inconvénients. Pour les personnes qui n’ont pas encore découvert leurs forces ou leurs faiblesses, explorer de nouvelles choses peut les aider à se trouver. Par conséquent, être généraliste aide à la découverte de soi.De la même manière, cela peut permettre de gérer efficacement un large éventail de situations auxquelles on peut se retrouver exposé, ce qui facilite l’adaptation aux situations et la flexibilité.Je crois aussi que les personnes curieuses d’esprit et désireuses de toujours apprendre ont tendance à être davantage généralistes, sans que cela n’empêche qu’elles se spécialisent dans un domaine particulier. Cependant,il y a aussi des mérites à être spécialisé. La demande de personnes possédant une expertise continue d’augmenter. Ces personnes sont extrêmement performantes dans leur domaine.Un spécialiste peut être très largement reconnu et gagner sa vie très confortablement. Enfin,la plupart des organisations font appel à des experts lorsqu’elles rencontrent un problème. En conclusion, être un touche-àtout (généraliste) ou bon dans un domaine précis (spécialiste) sont deux voies qui possèdent chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Toutefois, avec l’énorme quantité d’informations disponibles sur Internet, il faut savoir être polyvalent pour rester pertinent. Par conséquent, je suis d’avis qu’il faut tout connaître sur un sujet particulier, mais également en savoir un peu sur tout à la fois. CA