Coopération économique et commerciale 2.0
2022-01-12parGELIJUN
par GE LIJUN
Retour sur la 7e Conférence des entrepreneurs chinois et africains :focus sur la coopération d’investissement et la relance de l’économie africaine
Voici une rencontre qui donne confiance quant au brillant avenir de la coopération économique et commerciale sino-africaine,en pleine crise sanitaire. Inscrite dans le cadre du FCSA, la 7e Conférence des entrepreneurs chinois et africains s’est tenue le 29 novembre 2021 en ligne et en présentiel, à la fois à Dakar, au Sénégal, et à Beijing, en Chine. La réunion était axée autour de deux thèmes principaux : renforcer la coopération d’investissement sino-africain pour le développement durable et relancer l’économie post-COVID-19 à travers l’industrialisation et la digitalisation.
Convoqué tous les trois ans, cet événement économique et commercial constitue un dispositif de dialogue de haut niveau entre les représentants du secteur industriel et commercial chinois et africain. La première édition a eu lieu à Addis-Abeba, en Éthiopie,en 2003. Dans le contexte actuel, la coopération fait face à de nouveaux défis, mais offre également des opportunités. « L’objectif de cette conférence est de réfléchir ensemble, entre partenaires chinois et africains,aux solutions idoines pour permettre à l’Afrique d’atteindre ses objectifs de manière durable et mutuellement bénéfique dans un contexte de relance économique »,a déclaré Amadou Hott, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération du Sénégal.
Coopération d’investissement
La conférence s’est tenue à une période charnière où les pays africains cherchent à rétablir de manière efficace et durable la trajectoire des progrès socio-économiques de ces dernières années brutalement stoppés par la COVID-19. Selon M. Hott, la production en Afrique subsaharienne s’est contractée de 2,4 % en 2020, en raison de la pandémie, qui a aussi entraîné une récession en moyenne de 1,1 % en Afrique du Nord. Heureusement, lacampagne de vaccination et les politiques de résilience visant à soutenir l’activité économique dans les pays africains « ont entraîné un retour de la croissance dès 2021 en Afrique avec des perspectives de consolidation en 2022 ». Toutefois, la pandémie a contribué à creuser les déficits budgétaires, à accroître la dette publique,et à engendrer une destruction du capital humain,estime M. Hott.
Le chemin de fer Mombasa-Nairobi a été officiellement achevé et ouvert au trafci le 30 mai 2017.(VCG)
Il est à noter qu’il existe une forte résilience de la coopération Chine-Afrique face aux chocs, renforcée par la crise sanitaire. Selon le ministère du Commerce,les investissements directs étrangers de la Chine sur le continent se sont élevés à 2,5 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021. Selon les douanes chinoises, de janvier à octobre, la valeur totale du commerce Chine-Afrique a atteint 210 milliards de dollars, soit une augmentation de 27,4 % en glissement annuel. Cette tendance peut être consolidée surtout avec l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine qui offre une occasion unique de promouvoir le commerce intra-africain, tout en s’inscrivant dans les initiatives chinoises telles que l’ICR. Selon M. Hott,compte tenu de l’évolution démographique et économique du continent qui se positionne comme un futur grand marché de 2,5 milliards de consommateurs en 2050, l’Afrique sera une terre d’opportunités pour les investisseurs chinois, surtout dans le secteur privé.
En réalité, l’Afrique d’aujourd’hui est celle qui fait de l’industrialisation et de la transition numérique des axes majeurs de sa nouvelle feuille de route. Le continent offre de nombreux avantages attractifs pour les investissements : une population de 1,3 milliard d’habitants, des ressources humaines jeunes, innovantes et de qualité, d’importants gisements naturels diversifiés,un carrefour géographique de plusieurs destinations commerciales mondiales. « Cette pandémie a montré la nécessité pour nos économies de produire plus et de devenir souveraines dans les secteurs stratégiques tels que l’industrie pharmaceutique, l’agro-industrie ainsi que la digitalisation », souligne M. Hott.
À cet égard, les entreprises chinoises jouent un rôle primordial. Selon Baïdy Agne, président du Conseil national du Patronat du Sénégal, le partenariat sino-africain réside dans la participation des entreprises chinoises au relèvement des capacités de production de l’Afrique, à la transformation locale des ressources naturelles, ainsi qu’à l’interconnexion du marché intra-africain avec le reste du monde. De leur côté, les pays africains s’efforcent d’améliorer l’environnement des affaires et de stabiliser les taux de change, entre autres, pour attirer et encourager les investissements étrangers.
2,5 MILLIARDS DE DOLLARS Investissements directs étrangers
de la Chine en Afrique de janvier à septembre 2021
210 MILLIARDS DE DOLLARS Valeur totale du commerce Chine-Afrique de janvier à octobre 2021
2,5 MILLIARDS Nombre de consommateurs sur le futur grand marché du continent africain en 2050
Un développement durable
Pour les investissements et le commerce, il s’agit d’une coopération gagnant-gagnant au lieu d’être unilatérale,ce qui permet de parvenir à un développement durable.
Le groupe China Railway Construction Corporation(CRCC) a été l’une des premières entreprises chinoises à s’implanter en Afrique, puisqu’il est entré sur le continent dans les années 1960 en participant à la construction du chemin de fer Tanzanie-Zambie. À travers ses projets d’infrastructures, tels que le chemin de fer Abuja-Kaduna au Nigeria, l’entreprise a partagé design, normes, et savoir-faire avec ses partenaires africains. À l’heure actuelle, la valeur de ses projets en Afrique s’élève à environ 70 milliards de dollars, et concerne les infrastructures de transport, l’éducation et les soins médicaux. « Il s’agit d’un développement conjoint, qui a contribué au développement économique et social des pays africains tout en réalisant le développement de notre propre entreprise », déclare Zhuang Shangbiao, président du CRCC.
Pour Wen Gang, vice-président de China Communication Construction Company, la coopération sino-africaine doit entrer dans une nouvelle ère,caractérisée par des projets de niveau supérieur en termes de qualité et de normes, un développement durable et des bénéfices dédiés à la population locale.« Il faut désormais une innovation en matière de modèle de coopération », indique M. Wen. La localisation et la coopération tripartite constituent des facteurs importants dans les prochaines étapes.
Le 26 septembre 2021, l’Alliance pour la responsabilité sociale des entreprises chinoises en Afrique a été offi-ciellement établie lors de la cérémonie d’ouverture de l’EECSA, comme l’une des mesures des huit initiatives du Sommet de Beijing du FCSA en 2018. L’alliance se compose des associations, des organisations et des entreprises d’État. Plus de 1 700 entreprises chinoises en Afrique y ont adhéré, couvrant tous les secteurs,notamment les infrastructures, la sylviculture, le textile,l’électronique, les télécommunications, l’agriculture,les parcs industriels d’outre-mer, etc. L’alliance a fait des enquêtes et a proposé des formations pour mieux leur faire assumer la responsabilité sociale.
L’ambition est évidente : promouvoir les investissements pour échanger des expériences et des technologies, en transformant les ressources naturelles de haute qualité de l’Afrique en produits à forte valeur ajoutée, qui profitent mieux au peuple africain et offrent des possibilités d’emploi à la jeunesse africaine. Cette 7e conférence peut jouer un rôle déterminant dans l’identification de nouveaux instruments capables de motiver les entreprises chinoises désireuses de venir en Afrique et de leur offrir des possibilités de développement avec leurs homologues africains,résume M. Agne. Comme M. Wen a mentionné, la coopération 2.0 est déjà sur les rails, l’innovation, le bien-être de la population et un développement à long terme en constituant les facteurs clés. CA