APP下载

La Chine certifiée exempte de paludisme par l’OMS

2021-08-03DrGAUDENGALEA

今日中国·法文版 2021年8期

Dr GAUDEN GALEA*

Le paludisme est une maladie que l’on peut prévenir et traiter,mais qui est également mortelle. En 2019, elle a entraîné 409 000 décès dans le monde.

Depuis des dizaines d’années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS)et la communauté internationale s’efforcent de soutenir les efforts des gouvernements nationaux pour éliminer cette maladie.

La Chine est l’un des pays à y être parvenu, alors que le paludisme était autrefois très répandu sur son territoire : plus de 24 millions de cas au début des années 1970. Elle a commencé sa lutte contre cette maladie dans les années 1950 et, en s’appuyant sur ses efforts, elle a lancé en 2010 un programme national d’élimination du paludisme soutenu par un engagement politique fort et un mécanisme intégré de prévention et de contrôle qui unit les forces des treize ministères chinois et entre les autorités centrales et locales.

Les résultats sont impressionnants :la Chine n’a pas eu de contamination locale de paludisme depuis 2017.

Pour tous les pays touchés par cette maladie, l’objectif final est d’obtenir la certification d’élimination du paludisme, soit la reconnaissance officielle du statut de pays exempt de paludisme accordée par l’ OMS. L’institution accorde cette certification lorsqu’un pays prouve que la chaîne de transmission indigène du paludisme a été interrompue dans tout le pays pendant au moins trois années consécutives. De plus, le pays doit démontrer sa capacité à empêcher le rétablissement de la transmission.

Le Dr Gauden Galea, représentant de l’OMS en Chine

À la suite d’une visite sur le terrain effectuée par un comité de certification indépendant ce printemps, l’OMS a certifié le 30 juin 2021 que la Chine avait éradiqué le paludisme.

Des plans nationaux de prévention et de contrôle du paludisme réussis nécessitent un engagement politique de haut niveau, qui se traduit par un financement suffisant et des interventions souvent maintenues pendant plusieurs décennies, même après qu’un pays a été déclaré exempt de paludisme. La plupart des pays atteignant cet objectif disposent d’un solide système de soins de santé primaires, qui garantissent l’accès à des services pour la prévention, le diagnostic et le traitement du paludisme, sans difficulté financière,pour toutes les personnes vivant à l’intérieur de leurs frontières, quel que soit leur statut juridique ou leur nationalité. Des systèmes de données solides,un engagement fort de la communauté et une meilleure hygiène constituent également des clés du succès.

L’exemple du Yunnan

C’est ce qui s’est passé en Chine. Prenons l’exemple de la province du Yunnan. Connu pour ses paysages montagneux spectaculaires, ses plantations de thé verdoyantes, ses rizières fertiles et ses produits agricoles délicieux, le Yunnan offre également des terrains de reproduction pour les moustiques pendant la saison des pluies, notamment plusieurs espèces de moustiques anophèles qui peuvent transmettre le paludisme. Lorsque la Chine a annoncé sa politique visant à éliminer le paludisme en 2010, la province comptait le plus grand nombre de districts à haut risque du pays.

Au cours de la dernière décennie,l’Institut des maladies parasitaires du Yunnan a collaboré avec le centre local de prévention et de contrôle des maladies (CDC) pour éliminer le paludisme dans toute la province.

Le 24 avril 2020, à Nantong (Jiangsu), une volontaire médicale donne des informations sur la prévention et le traitement du paludisme.

La stratégie « 1-3-7 » est la clé de la réussite pour la lutte contre le paludisme en Chine. Elle consiste à réaliser le diagnostic, l’investigation et le suivi des cas dans un délai respectif de 1, 3 et 7 jours. Plus précisément, tout cas de paludisme, confirmé par un test de diagnostic rapide ou une microscopie et qui a reçu un traitement, doit être signalé au CDC local dans un délai d’un jour ; le CDC local doit enquêter sur le cas et déterminer le risque de propagation en trois jours ; enfin, dans un délai de sept jours, le CDC local doit prendre des mesures sur le lieu de contamination, telles que le test et le traitement effectués chez les membres de la communauté concernée, l’identification du type de paludisme, la sensibilisation de la population locale, la recherche sur des espèces de moustiques et la pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations pour réduire leur nombre.Grâce au strict respect de cette stratégie, le Yunnan n’a signalé aucun cas local depuis des années.

À l’avenir, des pays comme la Chine qui ont été certifiés exempts de paludisme doivent rester vigilants pour éviter la résurgence de la maladie.La province du Yunnan connaît bien les défis liés au maintien du statut de« zéro paludisme », car elle est bordée par trois pays d’endémie palustre : le Laos, le Myanmar et le Vietnam. Les gens entrent et sortent constamment du Yunnan en traversant ces pays. Par conséquent, la province signale chaque année environ 300 cas importés de paludisme.

La Chine n’a pas eu de contamination locale de paludisme depuis 2017.

Une résolution internationale

Les efforts futurs doivent également inclure un engagement et un soutien continus auprès des pays de la région où le paludisme est endémique. Tout comme dans le cas de la pandémie de COVID-19, aucun pays ne peut contrôler le paludisme sans une collaboration transfrontalière. Les moustiques, comme les virus, ne portent pas de passeport et se moquent des passeports que vous portez.

Lorsqu’un cas importé de paludisme est repéré, les autorités sanitaires doivent agir rapidement pour empêcher toute infection locale, car des infections supplémentaires sont susceptiblesd’entraîner une résurgence de la maladie.Actuellement,68stationsde terrain sont installéesdansleszones frontalièresduYunnan,danslebut d’identifier rapidement tout casimporté de paludisme.

Pour lesvoyageursquise rendent danslespaysd’endémie palustre,des mesurespréventivessont nécessaires,notamment suivre un cycle complet de traitement antipaludique,avoir recours à des moustiquaires imprégnées,despulvérisationsdans leslogements et desinsectifuges,ainsi queporter des vêtements à manches longues. Une foisque lespremierssymptômesdela maladie apparaissent, il faut consulter un professionnel de santé.

Lesefforts de la Chine pour que le paludisme neseréimplantepassur son territoire nes’arrètent paslà.En mai,la communautéinternationale a adoptéune nouvellerésolution lors de l’Assemblée mondiale de la santé,afin de redynamiser et d’accélérer les effortsmondiaux pour mettre finau paludisme.Cette résolution appelle touslespaysà étendrelesinvestissementset le soutien aux servicesde santé pour que nul nesoit laissé pour compte,à maintenir et accroître le financement de la lutte mondiale contre le paludisme, ainsi qu’à renforcer les investissements dansla R&D de nouveauxoutils.

La Chine joue un rôle dansla réalisation de l’objectif mondial,en offrant son expérience importante en matière d’élimination du paludisme afinque d’autrespaysdu monde puissent en bénéficier et en apportant unsoutien à leurspropresplansde lutte contre le paludisme.

L’éradication du paludisme est une priorité nationale, régionale et mondiale.En travaillant ensemble, nous pouvons éliminer cette maladie évitable.

Le paludisme est la quatrième maladie infectieuse qui a été éradiquée en Chine, après la variole en 1961,la poliomyélite en 2000 et la filariose en 2007.

Au lendemain de la fondation de la République populaire de Chine, environ 30 millionsde cas de paludisme étaient signalés chaque année. En 1969, alors que la résistance du paludisme devenait de plus en plus évidente, le gouvernement chinois a lancé le Projet 523, un projet de recherche sur le médicament antipaludique. Tu Youyou a été nommée pour diriger ces recherches.

Mme Tu s’est inspirée des documents classiques sur la médecine traditionnelle chinoise en choisissant quelques médicaments chinois comme objets de recherche, dont l’armoise annuelle (Artemisia annua). En octobre 1971, l’équipe de Tu Youyou a obtenu un taux d’inhibition de 100 % du Plasmodium dans l’extrait neutre d’Artemisia annua n°191. Environ un an plus tard, elle a réussi à obtenir un agent antipaludique efficace, soit l’artémisinine. Actuellement, les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) constituent le traitement le plus efficace contre le paludisme, en particulier contre le paludisme causé par Plasmodium falciparum. L’OMS a inclus l’artémisinine dans sa liste des médicaments essentiels. En 2015, le prix Nobel de physiologie ou médecine a été décerné à Tu Youyou pour ses découvertes en matière de thérapies antipaludiques.

Cependant, seuls 40 pays et territoires dans le monde ont été certifiés exempts de paludisme par l’OMS jusqu’à présent. Chaque année, la maladie touche plus de 200 millions de personnes et en tue plus de 400 000 (plus de 90 % des cas et des décès sont en Afrique). Outre la fourniture de médicaments (tels que l’artémisinine) et de moustiquaires, la Chine a fortement contribué à la construction de 30 centres antipaludiques dans 30 pays africains, à la formation de médecins locaux et à la mise en place d’un réseau de laboratoires d’épidémiologie moléculaire dans le cadre de la lutte contre le paludisme.