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D’enseignante à entrepreneure :la success-story d’une Argentine en Chine

2021-05-11MAGDALENAROJASmembredeladaction

今日中国·法文版 2021年5期

MAGDALENA ROJAS, membre de la rédaction

Andrea Gottschalk n’aurait jamais imaginé qu’elle s’installerait un jour en Chine.Pourtant, après dix années passées à explorer Beijing jusque dans ses moindres recoins, la jeune femme s’y sent comme chez elle. La capitale chinoise est devenue son deuxième foyer après l’Argentine. Une ville riche d’opportunités et d’enseignements où sa vie a pris un virage à 180°.

De la Grosse Pomme à la Grande Muraille

C’est en poursuivant ses études en anglais comme langue étrangère à New York que Mme Gottschalk a eu l’opportunité de partir en Chine. Elle devait effectuer un stage de six mois à l’étranger et, sans trop réfléchir, elle a fait ses valises pour Beijing. « Une université et un institut à Beijing étaient intéressés par mon profil et en une semaine,j’ai eu un entretien. On m’a proposé un contrat de six mois, j’ai envoyé mon dossier et obtenu mon visa », raconte l’Argentine.

Le plus difficile, admet-elle, a été d’annoncer ce grand départ à sa famille. Non seulement elle ne retournerait pas en Argentine comme elle le faisait chaque année en mars, mais en plus elle allait prendre un vol direct pour Beijing.

Et l’avenir lui réservait encore de nombreuses surprises. Son séjour de six mois s’est prolongé de trois mois,mais ça ne suffisait toujours pas. À son retour en Argentine, elle a subi un « choc culturel inversé » : elle s’est sentie étrangère dans son propre pays.« La Chine m’a manqué plus que je n’aurais jamais pu l’imaginer », confiet-elle.

Changement de vocation

Jusqu’en 2014, elle a partagé sa vie entre l’Argentine et la Chine, passant un semestre dans chaque pays. Elle s’est d’abord consacrée à l’enseignement, travaillant dans une université et un institut privé, tout en donnant en parallèle des cours aux diplomates de l’ambassade d’Argentine à Beijing. Le rythme était très soutenu et elle avait l’impression d’être suspendue à un pendule qui oscillait constamment entre un côté du monde et l’autre : d’une part, la terre où elle avait grandi, avec sa famille, ses amis, son compagnon,sa culture ; d’autre part, cette terre qui avait soudainement conquis son cœur,où il y avait encore tant de chemins à parcourir et à découvrir. Finalement,« la Chine a gagné ».

Son installation en Chine s’est accompagnée d’un autre grand changement. En octobre 2016, elle a rejoint une entreprise locale appelée China-GoAbroad, spécialisée dans le conseil commercial vers et depuis la Chine.

Mme Gottschalk confie qu’au début, elle n’était pas sûre d’avoir les compétences pour ce poste, puisque son domaine de prédilection était l’enseignement. Quoi qu’il en soit,elle a accepté le défi de bon gré. Ce fut un nouveau tournant dans sa vie,ou plutôt « le premier grand pas » qui l’amènerait un jour à fonder sa propre entreprise avec une très bonne amie qui est aujourd’hui également sa partenaire commerciale.

Alors qu’elles prenaient un café ensemble, l’Argentine s’est mise à esquisser son projet sur une serviette en papier. Un projet qui, à l’époque,n’avait même pas de nom. « C’est ainsi qu’est née Digiant, notre petite agence de marketing numérique et de commerce électronique », raconte-t-elle.

« L’une des choses que j’admire le plus avec la Chine, c’est sa capacité à se réinventer. La Chine est constamment en mouvement et il est fascinant de faire partie de ce processus. »

Un pont entre la Chine et l’Amérique latine

Bien sûr, le chemin a été semé d’embûches, mais Andrea Gottschalk a toujours su tirer des leçons de chaque situation. Cette attitude face à la vie est également celle que prône M. Chang, PDG de ChinaGoAbroad. « Tout ce qui concerne les relations commerciales et les conseils aux entreprises, nous pouvons vous l’enseigner et vous pouvez l’apprendre,mais votre expérience en tant qu’Argentine dans cette région du monde,votre capacité à communiquer ouvertement avec vos pairs et à créer un réseau de contacts dans la communauté latine, ce sont des choses qui ne s’enseignent pas », lui a-t-il déclaré.

C’est sur ces compétences que Mme Gottschalk a misé en créant Digiant. D’une part, elle avait vécu en Chine suffisamment longtemps pour comprendre le fonctionnement du marché local, et,d’autre part, étant originaire d’Amérique latine, elle comprenait également la culture commerciale de cette région du monde. Ainsi, elle a pu proposer des stratégies de communication et de marketing numérique aux entreprises latines qui voulaient s’installer en Chine, et rendre le même service aux entreprises chinoises intéressées par l’Amérique latine.

« La dynamique de ces deux mondes est très intéressante et nous avons la chance de pouvoir apporter soutien et conseils aux deux », déclare Mme Gottschalk. « Ce que j’aime le plus dans mon travail, qui est lié à ma formation d’enseignante, c’est d’expliquer à nos clients le fonctionnement du marché chinois et les caractéristiques du consommateur chinois. D’ailleurs,nous avons eu le privilège d’être invités au Costa Rica et au Panama l’année dernière pour donner des conférences sur ce sujet et nous avons récemment réalisé des webinaires pour l’Italie et le Pérou », ajoute-t-elle.

L’un des passe-temps favoris d’Andrea Gottschalk, c’est de visiter les sites historiques de Beijing.

Des défis de taille

La Chine est un marché extrêmement attractif, mais en même temps très compétitif. Mme Gottschalk affirme qu’en Amérique latine, de nombreuses personnes ont gardé une image de la Chine qui date d’il y a trente ou quarante ans, et n’ont pas conscience que « les consommateurs chinois sont beaucoup plus éduqués et exigeants »que la moyenne. Par conséquent, une partie de son travail consiste également à replacer les choses dans leur contexte pour ajuster les attentes. « Pour entrer,et surtout pour s’installer sur le marché chinois et générer des bénéfices, il est très important de le comprendre, d’en maîtriser les règles, de bien connaître les concurrents et d’être prêt à entrer sur un marché aussi attractif que complexe »,explique-t-elle.

Elle explique également que la Chine s’intéresse de plus en plus à l’étranger, et notamment à l’Amérique latine ces dernières années.« Nous avons réussi, grâce à de très bonnes relations bilatérales et à une excellente promotion, à faire de l’Amérique latine une destination attractive et fiable. » Malgré cela, les défis sont latents.La communication et la méfiance représentent les plus grands défis à relever en raison de codes culturels différents, de la barrière de la langue et, finalement,d’un modus operandi différent. En ce sens, « l’assurance d’avoir un homologue de confiance qui peut comprendre les doutes, les incertitudes, les différences culturelles et faire le pont entre un pays et l’autre » est vitale.

Mme Gottschalk ajoute qu’au fil des ans, elle est devenue un véritable« caméléon » ou, pour citer Bruce Lee, elle a appris « à être comme l’eau et à s’adapter ». Son parcours qui l’a menée de l’Argentine à la Chine en passant par les États-Unis illustre à quel point la vie n’est jamais statique.« L’une des choses que j’admire le plus avec la Chine, c’est sa capacité à se réinventer. La Chine évolue sans cesse,ce qui signifie qu’elle est constamment en mouvement et il est fascinant de faire partie de ce processus. Il est donc préférable de surfer sur la vague. »