Le Tibet aux yeux des étrangers
2021-05-11LiYUANmembredeladaction
Li YUAN, membre de la rédaction
Le 1er jour du premier mois du calendrier tibétain, le 27 février 2017, une famille prend des photos devant le temple de Jokhang pour célébrer le Nouvel An tibétain.
Muhammad Iqbal, un avocat pakistanais passionné par le Tibet, a mené des recherches sur le servage féodal dont le peuple tibétain a été victime jusqu’à la libération pacifique,il y a 70 ans. « Avant, le Tibet était une société sous régime théocratique,caractérisée par un servage féodal. Environ 99,7 % des terres arables étaient contrôlées par le gouvernement local et des millions de serfs étaient victimes d’exploitation et d’oppression cruelles.La réforme démocratique leur a permis de posséder leurs propres terres,outils agricoles, bétail et d’autres biens de production », déclare l’avocat. Il se dit très étonné par le développement et les changements intervenus dans la région au cours des 70 dernières années :« Au Tibet, l’agriculture et l’élevage se modernisent progressivement et ne sont plus soumis à l’environnement naturel local ; un réseau d’intermodalité, à savoir les autoroutes, les voies ferrées et les liaisons aériennes, est à présent bien développé ; le commerce,la logistique, l’e-commerce et d’autres nouvelles formes d’industrie s’étendent rapidement ; plus de 38 000 étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur et il existe également des établissements spécialisés dans l’artisanat et d’autres compétences professionnelles. »
Réalisations en matière de protection des droits de l'homme
De l’avis de Yogeshwar Romkhami,ancien commissaire principal de la police népalaise et chef du Parti populaire national du Népal, la grande cause de lutte contre la pauvreté a complètement changé le Tibet, qui est passé d’un état arriéré à la modernité au cours de 70 années qui ont suivi la libération pacifique. Tout en promouvant la construction d’infrastructures modernes, le gouvernement chinois a investi beaucoup de ressources afin de protéger la culture et les monastères antiques et a bien concilié protection environnementale, développement économique et enrichissement de la population.
Pour sa part, Wondalem Haile Andargie, doyen adjoint de la faculté de droit de l’Université Debre Markos en Éthiopie, porte une grande attention à l’évolution des droits et des intérêts des femmes tibétaines. Il constate que le niveau d’instruction supérieur des femmes tibétaines continue à s’élever,et que le nombre de femmes docteurs,de professeures et de techniciennes est en augmentation constante. Le développement économique et social permet aux femmes tibétaines de s’épanouir. « Avant 1959, le Tibet était régi par le servage féodal, les femmes se trouvaient dans une situation difficile et étaient soumises à des oppressions sévères, sans liberté de mariage ni accès à l’éducation. Les conditions sanitaires n’étaient pas garanties et le taux de mortalité était très élevé. Après la réforme démocratique, la scolarisation a commencé dès la maternelle. Le perfectionnement de l’enseignement obligatoire, de l’enseignement supérieur, de la formation pour adultes,de l’enseignement professionnel et de l’enseignement spécial, a permis à davantage de femmes d’être scolarisées », affirme Wondalem Haile Andargie, ajoutant qu’il a constaté une amélioration progressive des droits des Tibétaines à l’existence et au développement, ainsi qu’à l’épanouissement personnel.
Préserver la culture
La tibétologue britannique Elaine Margaret Robson entretient un lien profond avec la langue et la culture tibétaines. Elle a commencé à apprendre le tibétain dans les années 1950.Au début des années 1990, elle a étudié auprès du professeur Hu Tan au Centre de recherche tibétologique de Chine, qui s’est longtemps consacré à la recherche, à la classification et à la protection des dialectes tibétains. Encouragée par le professeur Hu, Mme Robson a essayé de traduire des œuvres littéraires de renommée mondiale en tibétain. Son travail a été accueilli positivement par les lecteurs tibétains.Elle pense que le fait qu’elle a pu traduire un certain nombre d’œuvres en langue tibétaine a été rendu possible par l’engagement du gouvernement chinois en matière de protection et de développement des langues et cultures minoritaires, garantissant leur pérennité et leur vitalité.
Sarbottam Shrestha, président d’Arniko (une association népalaise composée d’anciens étudiants et experts diplômés de Chine et engagés dans diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales), peut témoigner de l’engagement du gouvernement chinois quant à la protection de la culture tibétaine traditionnelle.« Prenons l’exemple de l’Épopée du roi Gesar(un célèbre récit antique du Tibet qui comporte chants et légendes),répétée par des chanteurs folkloriques depuis des générations, sous différentes versions. Le gouvernement chinois a lancé un grand projet pour collecter toutes ces variations, ce qui a fait de l’Épopée du roi Gesarla plus longue épopée du monde. Un autre exemple :leKagyuret leTengyur, deux œuvres volumineuses riches de connaissances bouddhistes tibétaines. Leur réédition nécessitait d’importantes ressources humaines et financières, mais grâce aux efforts du gouvernement chinois,le Centre de recherche tibétologique de Chine a accompli cette tâche »,déclare-t-il.
Le sanscrit, l’une des plus anciennes langues du monde, est extrêmement riche en contenu. De nombreux écrits bouddhistes sanscrits ont été découverts en Chine. Parmi ceux-ci, les manuscrits en feuilles de palmier sont les plus représentatifs. Ils sont principalement conservés dans les monastères et d’autres institutions du Tibet.
Birgit Kellner, bouddhologue et tibétologue autrichienne, considère les manuscrits sanscrits conservés dans la région autonome du Tibet comme l’un des plus grands trésors de l’humanité.« Ces écrits portent sur l’astronomie,la géographie, la poésie, la grammaire.Il y a aussi des dictionnaires et des sutras bouddhistes. On estime à environ 60 000 le nombre de feuillets de manuscrits qui sont actuellement conservés dans divers monastères et institutions du Tibet, ce qui représente environ 3 500 à 4 000 ouvrages. Nombre d’entre eux sont rares ou uniques.Comme les originaux de nombreux manuscrits sanscrits sont mal conservés en Inde, les manuscrits et les transcriptions conservés au Tibet sont devenus des ressources inestimables »,avance Mme Kellner.
Les manuscrits sanscrits trouvés dans la région autonome du Tibet constituent un patrimoine possédant de grandes valeurs historique et culturelle. Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le gouvernement chinois a attaché une grande importance à leur protection et a formé une équipe pour les collecter, tout en adoptant des mesures en vue de protéger des manuscrits en feuilles de palmier conservés au palais du Potala et au palais de Norbulingka.Ces dernières années, des résultats remarquables ont été accomplis dans la recherche de documents sanscrits,dans la collation et la publication des collections, ainsi que dans les échanges universitaires internationaux.
Un artiste vend des sculptures de beurre à l’approche du Nouvel An tibétain.
Le Centre de recherche tibétologique de Chine a aussi coopéré avec l’Académie autrichienne des sciences ces dernières années pour mener des recherches sur les manuscrits sanscrits du Tibet. À l’avenir, les deux parties continueront à entretenir des échanges étroits et à renforcer conjointement la coopération internationale dans l’étude du sanscrit.
Une culture culinaire spéciale
Rudolf Lantschbauer, un écrivain autrichien, est passionné depuis longtemps par la cuisine tibétaine. Il a recensé près de 50 sortes de légumes et plus de 30 sortes de fruits dans un marché de produits agricoles à Lhassa,bien plus que dans les supermarchés de sa ville natale en Autriche. Selon lui, la cuisine tibétaine est florissante,elle permet non seulement au grand public d’apprécier des mets délicats,mais aussi d’augmenter les revenus des populations locales.
M. Lantschbauer étudie la cuisine tibétaine d’un point de vue unique :il trouve que lethangka(une sorte de peinture au rouleau effectuée sur de la soie et destinée au culte religieux) permet d’observer et de comprendre les aspects sociaux du Tibet. En étudiant la médecine traditionnelle tibétaine et lesthangkas, il constate que de nombreux régimes alimentaires traditionnels du Tibet ont deux propriétés : diététique et thérapeutique. La cuisine traditionnelle tibétaine est étroitement liée aux soins médicaux.
« La cuisine tibétaine possède aussi des propriétés médicale et philosophique. Par ailleurs, l’alimentation locale est également étroitement liée au commerce et aux produits régionaux. De nos jours, la diversité des aliments et des recettes des habitants du Tibet est une manifestation vivante de la croissance rapide de la capacité de production de son agriculture et de son élevage, de l’ouverture et de la prospérité du marché, et de sa culture de plus en plus inclusive », analyse M. Lantschbauer.