Que dire à un enfant harcelé à l’école ?

La rubriqueRegards croisésprésente chaque mois deux perspectives sur un même sujet, côté africain et côté chinois.Ce mois-ci, nous abordons la question de savoir comment les parents peuvent réagir,lorsque leurs enfants sont harcelés à l’école.

Une réponse mesurée

Simon Matingwina

Écrivain zimbabwéen, 44 ans

En tant que père de deux enfants, un garçon de 8 ans et une fille de 3 ans,j’ai lu beaucoup d’histoires dans les médias sur des enfants qui sont harcelés à l’école et, dans le pire des scénarios, poussés au suicide. Ces histoires me font réfléchir à la façon dont mes enfants réagiraient s’ils étaient les victimes de harcèlement. À la maison, j’encourage mes enfants à nous raconter s’ils ont déjà fait l’expérience de harcèlement avec les autres enfants, à l’école ou en-dehors. Cependant,si j’apprenais que l’un de mes enfants est harcelé, ma première réaction serait de me mettre en colère contre les auteurs de ces faits et contre leurs parents. J’ai vu de nombreux parents concernés confronter avec colère les parents d’un enfant, qui harcelait le leur. Plutôt que de résoudre le problème, cette approche finit souvent par faire empirer la situation.

C’est la raison pour laquelle je laisserais tout d’abord la colère s’apaiser et j’essaierais ensuite d’avoir le plus de détails possibles sur le type de harcèlement auquel mon enfant est confronté, s’il s’agit d’agressions physiques, de violences verbales ou de racket. Une fois ces éléments connus, je procéderais en trois étapes pour tenter de mettre un terme à cette situation.

Premièrement, j’apprendrais à mon enfant à faire face à son harceleur. En faisant cela, je ne souhaite pas qu’il s’engage dans une lutte physique avec son harceleur, mais plutôt qu’il apprenne qu’il a aussi le pouvoir de dire non. Deuxièmement, je conseillerais à mon enfant de toujours signaler les actes de harcèlement à son enseignant s’il est à l’école, et à nous, ses parents, à la maison. Troisièmement, je chercherais à discuter de manière constructive avec les parents de l’enfant harceleur, personnellement ou par le biais de l’administration scolaire.

Ce n’est pas une tâche facile,car il est naturel pour un parent de se mettre en colère, lorsqu’il apprend que son enfant est victime de harcèlement. Il est également naturel pour un parent de défendre son enfant, lorsque celui-ci est accusé de harcèlement. Il est donc important que le processus de discussion soit guidé par la raison, et non par les émotions.

La communication est essentielle

Tao Jinghui

Enseignant universitaire, 36 ans

Ma fille a 4 ans et elle n’a encore jamais été victime de harcèlement.Cependant, étant donné les effets néfastes considérables du harcèlement sur les enfants, il n’est jamais trop tôt pour lui parler de ce sujet et lui apprendre à se protéger.

La première chose à faire est de s’assurer que, si son enfant est harcelé ou si on lui fait du mal sous toute forme que ce soit à l’école, celui-ci puisse en parler le jour même où cela s’est produit. Pour cela, il faut créer un environnement détendu, où l’enfant peut raconter tout ce qui se passe à l’école, notamment lorsqu’il s’agit de quelque chose dont il pense que c’est mal. Par la conversation, je peux identi fier quel type de harcèlement est susceptible de se produire et trouver des solutions avec ma fille.

Si elle me dit que ses camarades de classe s’en prennent physiquement à elle, je prendrais contact avec son professeur principal pour obtenir plus de détails. Ensuite, je lui ferais savoir que sa sécurité et son bienêtre sont réellement importants et que nous, ses parents, ainsi que ses enseignants, l’aiderions en cas de besoin. Les harceleurs doivent être éduqués par l’école et leurs parents, et j’exigerais des excuses si je l’estime nécessaire.

J’encouragerais ensuite ma fille à confronter son harceleur et lui dirais de s’entraîner à s’exprimer de manière ferme pour dire à quelqu’un d’arrêter son harcèlement. Je l’encouragerais également à venir en aide à ses amies ou à ses autres camarades de classe, si ceux-ci sont victimes de harcèlement. L’aide des autres peut faire une grande différence dans cette situation et mettre parfois un terme au harcèlement.

En fin, je m’assurerais que la victime de harcèlement ne devienne pas elle-même un harceleur. L’éducation familiale est cruciale pour apprendre aux enfants à respecter les autres.Grâce au comportement des parents, nous pouvons montrer aux enfants que chacun a le droit d’être bien traité.

Le développement de la con fiance et de l’indépendance des enfants est la meilleure protection, que les parents peuvent offrir à leurs enfants contre le harcèlement scolaire. CA