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Retenir les filles à l’école

2018-12-24parEdwinNyirongo

中国与非洲(法文版) 2018年12期

par Edwin Nyirongo

Des programmes financiers aident les jeunes filles du Malawi à terminer leurs études

Lorsque le gouvernement malawien a adopté une politique d’enseignement primaire gratuit en 1994, Joyce Mhango n’avait que 13 ans. Elle était dans la même classe que son frère dans une école de Mzimba, une petite bourgade du nord du pays.

Cependant, lorsque les deux ont été acceptés au lycée, ses parents ont paniqué. Ils étaient tous les deux au chômage et avaient à peine de quoi se nourrir, raconte Joyce,qui est maintenant âgée de 37 ans. Finalement, ses parents ont trouvé un emploi dans un jardin en espérant pouvoir économiser suffisamment d’argent pour pouvoir payer les frais de scolarité de leurs enfants.

Pour Joyce, c’était une bonne nouvelle :l’éducation était la seule voie pour réaliser son rêve de devenir in firmière.

Or, ce rêve fut vite confronté à la réalité. Peu de temps après, ses parents lui ont annoncé une décision qui allait changer son destin.

« Nous avons fait de notre mieux, mais nous n’avons pas pu trouver assez d’argent pour vous envoyer tous deux [au lycée]. Un seul ira et ce sera notre garçon », lui a dit le père de Joyce.

Et ce n’était pas tout : ses parents lui ont également annoncé qu’elle devait aider elle aussi à payer les frais de scolarité de son frère en épousant un homme qui verserait une dot à la famille.

« C’était la fin de tous mes rêves de travailler dans le secteur de la santé. Je comprenais la situation financière de mes parents. Ce que je ne comprenais pas, cependant, c’est la raison pour laquelle ils ont choisi mon frère plutôt que moi. C’est quelque chose qui me hante encore aujourd’hui, mais je n’avais aucun recours », explique Joyce.

La culture fait loi

« Dans un cas comme celui-ci, où les parents doivent choisir qui, entre un garçon et une fille, doit poursuivre ses études, il est évident qu’ils choisiront le garçon, d’un point de vue culturel. Cela est un problème sérieux dans le pays qui touche beaucoup de filles », dit Benedicto Kondowe, directeur de la Civil Society Education Coalition(CSEC), une organisation non gouvernementale du Malawi.

La faute incombe à la pauvreté, croit-il.Beaucoup de gens pensent encore que s’ils éduquent un homme, il trouvera un emploi et pourra ainsi subvenir aux besoins de toute la famille. Une fille éduquée, par contre, finira toujours par aider davantage la famille de son mari.

Kondowe dit que de nombreuses filles se tournent vers les ONG, qui arrivent à payer les frais de scolarité de certaines d’entre elles.

« Ce que les gens ne prennent pas en compte, c’est que ces femmes ont une passion et que si leurs parents vivent des diffi cultés, elles réagiront rapidement. Cette passion est rarement observée chez les hommes », explique-t-il.

Grâce à ce financement, 300 filles dans le besoin auront la chance d’aller à l’école. Ces filles se seraient autrement heurtées à un avenir incertain,et c’est le pays qui en serait sorti perdant en fin de compte. Je dis cela parce que BEAM croit que l’éducation est le moyen le plus durable d’embellir notre pays.

GERTRUDE MUTHARIKA,la première dame du Malawi

Des chèvres à la rescousse

Consciente de ce problème, une organisation a décidé de fournir un coup de main aux filles. C’est ainsi qu’est née l’initiativeGoat for Girls(des chèvres pour les filles)de la Fondation Stephanos, une ONG de bienfaisance chrétienne du Malawi.

Dans le cadre de ce programme, une famille comprenant une jeune fille se voit donner deux chèvres et prêter un bouc. En grandissant, les chèvres se reproduisent et se multiplient, permettant ainsi aux parents de les vendre pour payer les frais de scolarité de leur enfant.

Clifford Kuyokwa, directeur de la Fondation Stephanos, dit que le programme a déjà aidé un certain nombre de filles à terminer leurs études, en particulier dans le district de Chikwawa, dans le sud du pays.

« Nous avons été surpris de voir que dans de nombreuses familles, les garçons allaient à l’école, mais les filles restaient à la maison. Quand nous nous sommes renseignés, on nous a dit qu’en raison de la pauvreté, la priorité en matière d’éducation était donnée aux garçons. C’est pourquoi nous avons lancé ce programme », dit-il.

Caroline Alfonso, âgée de 17 ans, fait partie des béné ficiaires de cette initiative. Elle aurait sans doute dû abandonner ses études il y a quatre ans parce que sa grand-mère,avec qui elle vit, n’avait pas les moyens de payer ses frais de scolarité.

Mis en œuvre dans 28 districts du pays,ce programme lui a permis non seulement de payer ses frais de scolarité, mais également de subvenir aux besoins alimentaires de sa famille. La grand-mère de Caroline a récemment vendu une chèvre pour acheter quatre sacs de maïs, permettant ainsi à sa petite- fille d’aller à l’école le ventre plein.

Une aide instantanée

Le fonds Beautify Malawi (BEAM) Trust,fondé en 2014 par la première dame du Malawi Gertrude Mutharika, aide les filles de nombreuses manières, notamment en construisant des résidences dans certaines écoles secondaires. Mais il lui manquait des ressources pour fournir d’autres types d’assistance comme payer les frais de scolarité.

Cela a incité le fonds à lancer un appel à l’aide. La Chine a répondu favorablement en fournissant 32,55 millions de kwachas(45 000 dollars).

Lors de la cérémonie de remise du don en août au palais Kamuzu, dans la capitale Lilongwe, la première dame du Malawi a souligné l’importance de l’aide apportée par la Chine au BEAM Trust depuis sa création, il y a quatre ans. Cela comprend trois camions de collecte des ordures et la campagne annuelleMy Clean School My Pride(mon école propre, ma fierté).

« Grâce à ce financement, 300 filles dans le besoin auront la chance d’aller à l’école.Ces filles se seraient autrement heurtées à un avenir incertain, et c’est le pays qui en serait sorti perdant en fin de compte. Je dis cela parce que BEAM croit que l’éducation est le moyen le plus durable d’embellir notre pays », a dit Mutharika dans son discours.

Elle a ensuite énuméré les nombreux projets entrepris par la Chine au Malawi,notamment la construction du parlement,d’un centre de conférence international,d’un stade et d’installations hôtelières.

En présentant le don, l’ambassadeur de Chine au Malawi, Liu Hongyang, a exprimé son soutien à l’aide que BEAM procure aux filles. M. Liu a déclaré à l’agence de presse nationale du Malawi qu’il s’était familiarisé avec les activités de BEAM en lisant les journaux malawiens.

« Au Malawi, 47 % des jeunes filles abandonnent leurs études pour diverses causes,notamment en raison des mariages précoces », a dit M. Liu.

Après avoir pris conscience des efforts déployés par le Malawi sur le terrain, en particulier pour aider les filles, il a décidé d’augmenter les dons pour permettre à celles-ci de retourner sur les bancs d’école.

Mutharika a souligné que le fonds BEAM avait reçu annuellement 21 millions de kwachas (29 000 dollars) de la part de la Chine dans le cadre de la campagneMy Clean School My Prideau cours des trois dernières années. Cette somme a été haussée cette année pour renforcer l’efficacité du travail de l’organisation, a-t-il dit. CA