La porcelaine

par Lisa Carducci

Céladon.

Statue d’un blanc pur.

Jarre élancée.

Sous la dynastie des Qing (1636—1912),l’impératrice Cixi fit créer – pour son usage personnel et pour les membres de sa famille - de riches pièces de porcelaine jaune, couleur réservée à la famille impériale. Puis, elle demanda des pièces pourpre, vert turquoise,qu’elle fit orner de chauvesouris – symbole de bonheur, de lotus, de fleurs de prunier,d’orchidées. Aujourd’hui, on peut admirer au musée de la Capitale à Beijing des centaines de porcelaines de Cixi.

Jingdezhen, au Jiangxi, est reconnue comme la capitale mondiale de la porcelaine. Les premières porcelaines « bleu et blanc », trouvées dans des tombes datant de 1319 à 1336, venaient de Jingdezhen. L’histoire de la porcelaine chinoise est liée à celle de l’Europe; de part et d’autre, on expérimentait diverses terres (molles, dures à base de kaolin), et le commerce de la Compagnie des Indes avec le Céleste Empire permit des échanges de formes et de techniques.Il aura fallu quatre siècles à l’Occident pour percer le secret de la porcelaine chinoise,et ainsi naquit la porcelaine de Limoges.

Il existe une terre rouge si dure qu’une pièce peut être lancée par terre sans se briser. Sans le vouloir, j’en ai fait l’expérience… réussie.

Jingdezhen produit aujourd’hui des pièces d’un blanc éclatant, translucide. Cette Pusa(Bodhisattva) peut être remplie d’eau ou de parfum; on la retourne jusqu’à ce que l’eau soit passée dans la partie supérieure,avant de la remettre sur pied. Alors, le liquide coule goutte à goutte de la gourde que Guanyin (Bodhisattva Guanyin) tient à la main.

La pièce de résistance de ma collection est un bol en « coquille d’œuf », surnom de cette porcelaine extrêmement mince et fragile. Ces pièces, souvent blanches, sont ensuite peintes des deux côtés, et l’on peut voir, en regardant à travers, l’image interne complétée par l’image externe. Cette porcelaine est si fragile qu’on n’en fait que des objets décoratifs et non d’usage courant.

Ding Zhonghai, un artiste d’ethnie hui, à Zibo au Shandong, reproduit en terre noire des vases sacrificiels des temps anciens originellement en bronze, comme cette jarre élancée. Le céladon est un autre type de porcelaine. Son vert bleuté est dû à la présence d’oxyde de fer dans la terre, et la glaçure présente de nombreuses craquelures vitrifiées. Comme beaucoup de grandes inventions, cette technique découlerait d’un « accident » agréable, puis aurait été raffinée par les artisans du Zhejiang pendant six siècles !

Comment terminer sans un mot sur la porcelaine Ru (d’origine de Ruzhou, dans la province du Henan). Elle se caractérise par la poudre d’agate ajoutée à l’émail, sa glaçure luisante, et sa couleur de ciel d’azur après la pluie. La glaçure est couverte de veinures en forme de feuilles de thé, et l’on peut voir au soleil de petites bulles d’air qui brillent sous l’émail comme des étoiles dans le ciel.

Il n’existe dans les musées du monde qu’une centaine de pièces produites à Ruzhou entre 1086 et 1196. Huit siècles plus tard, soit en 1987, Maitre Zhu Wenli,descendant de la lignée des porcelainiers de Ruzhou, après plus de 2 000 jours d’effort et plus de 1 500 échecs, a tiré ses œuvres du four, et constaté qu’il avait réussi. Puis,il s’est effondré d’épuisement. CA