Maintenir sa pertinence
2018-07-20parShannonEbrahim
par Shannon Ebrahim
Les BRICS prouvent qu’ils ont toujours un rôle à jouer dans le développement des économies émergentes
Les dirigeants des pays des BRICS et d’autrespays en développement posent lors du neuvième sommet de l’organisation à Xiamen, en septembre 2017.
Le partenariat des BRICS a prouvé qu’il était plus pertinent aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été, étant donné le niveau sans précédent de la polarisation et du protectionnisme des puissances mondiales traditionnelles. D’après les experts, ces tendances présentent des conséquences particulièrement négatives pour les économies émergentes et le Sud en développement, qui ont besoin de collaborer de manière plus efficace pour compenser les effets de cette nouvelle réalité. Alors que l’Afrique du Sud s’apprête à accueillir le 10eSommet des BRICS à Johannesburg du 25 au 27 juillet, le pays cherche à promouvoir une plus grande unité parmi les partenaires des BRICS et à œuvrer pour un environnement mondial plus équitable et plus inclusif.
« Les BRICS transcendent la mentalité isolationniste d’une idéologie de jeu à somme nulle et adoptent un nouveau concept de coopération gagnant-gagnant pour un développement commun », explique Lin Songtian, l’ambassadeur de la Chine en Afrique du Sud.
À cette croisée des chemins, les BRICS sont devenus le principal moteur pour la croissance de l’économie mondiale. Un rapport publié récemment par la Standard Bank indique, que les BRICS ont contribué à hauteur de 50 % à la croissance économique mondiale. Abritant 40 % de la population mondiale, trois des économies des BRICS font partie du Top 10 mondial en valeur de PIB : la Chine (2e), l’Inde (7e) et le Brésil (9e).
D’après le portail économique sudafricain Fin24, la contribution des BRICS au PIB mondial est passée de 8 % en 2000 à 24 % aujourd’hui.
L’avantage de l’Afrique du Sud
La participation de l’Afrique du Sud aux BRICS lui donne un avantage important en tant qu’unique pays africain du groupe.Le pays est perçu comme un leader et un pont reliant les BRICS à l’Afrique dans la coopération pour le développement. Selon les statistiques, ce partenariat a également permis à l’Afrique du Sud d’augmenter de façon exponentielle ses échanges commerciaux avec les autres membres des BRICS,enregistrant une croissance de 54,7 % entre 2011 et 2016.
Les BRICS transcendent la mentalité isolationniste d’une idéologie de jeu à somme nulle et adoptent un nouveau concept de coopération gagnant-gagnant pour un développement commun.LIN SONGTIAN,ambassadeur de la Chine en Afrique du Sud
Cette année, en tant que pays hôte du Sommet des BRICS, l’Afrique du Sud a l’opportunité de définir l’ordre du jour et ses priorités parlent directement aux besoins urgents de l’Afrique. La ministre sudafricaine pour les Relations internationales et la coopération, Lindiwe Sisulu, a indiqué que le pays proposerait cinq nouveaux domaines de coopération pour les BRICS :un groupe de travail sur le maintien de la paix, la création d’un centre de recherche sur les vaccins, la création d’un Forum des BRICS pour les genres et les femmes, un partenariat stratégique pour les progrès de la Quatrième révolution industrielle et la mise en place d’une Coopération des BRICS pour les voies touristiques.
« L’Afrique du Sud a déterminé qu’un rapprochement aurait lieu avec les dirigeants africains, afin d’assurer la continuité depuis 2013, mais également de soutenir l’industrialisation et le développement des infrastructures en Afrique, a déclaré Mme Sisulu au Parlement, lors de son discours sur le budget au mois de mai. Pour ce rapprochement, différents pays africains ont été invités [au sommet des BRICS] à divers titres, incluant le Rwanda pour sa présidence de l’Union africaine (UA), la Namibie pour sa future présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe(CDAA) et le Togo pour sa présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). »
Le directeur de l’agence NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) et le président de la Banque africaine de développement ont également été invités pour le sommet. L’Afrique du Sud organisera un événement spécial en marge du 10eSommet des BRICS - le rapprochement des BRICS Plus - pour assurer une coopération et une continuité maximum entre la présidence chinoise des BRICS en 2017 et la présidence sud-africaine. Des pays comme l’Argentine, l’Indonésie, l’Egypte et la Turquie ont été invités à l’approche BRICS Plus, ainsi qu’António Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
BRICS Plus
Avec l’initiative chinoise de créer l’approche BRICS Plus lors du Sommet de Xiamen l’année dernière, le projet d’une éventuelle expansion du groupe pourrait figurer à l’ordre du jour. L’Afrique du Sud serait prête à accueillir une approche inclusive, mais une expansion formelle du groupe signifierait une baisse de l’influence sud-africaine dans l’établissement des objectifs. Cela rend l’agenda et les résultats du prochain sommet d’autant plus importants et l’Afrique du Sud devrait exploiter cette opportunité au maximum pour faire progresser l’agenda africain.
Le sommet est également une opportunité pour capitaliser encore davantage sur les interactions du secteur privé, sous l’égide du Conseil des affaires des BRICS présidé par Iqbal Survé du groupe Independent Media. Un millier d’entrepreneurs sont attendus au Forum des affaires, qui représente une opportunité en or permettant aux entrepreneurs sud-africains de se créer un réseau et d’établir des relations avec les entrepreneurs des autres pays des BRICS sur leur propre terrain.
La Banque des BRICS
L’un des accomplissements les plus importants des BRICS à ce jour a été la création de la Nouvelle banque de développement(NBD) à Shanghai en 2015, qui reflète la volonté des principaux pays en développement de jouer un rôle plus important dans la gouvernance mondiale.
L’objectif principal de la NBD est de mobiliser les ressources pour les infrastructures et le développement durable dans les pays des BRICS. « Le fait que la NBD - qui n’a que trois ans - a approuvé à ce jour des crédits à hauteur de 5,1 milliards de dollars est un accomplissement colossal », explique Leslie Maasdorp, le vice-président de la NBD, à CHINAFRIQUE. La NBD prévoit de réaliser pour 15 milliards de dollars de prêts d’ici 2021.
La récente assemblée du Comité des directeurs et des gouverneurs de la NBD a permis d’atteindre un jalon important, avec l’approbation d’un budget pour six nouveaux projets. L’un des prêts importants accordés par la NBD est celui de 200 millions de dollars à la société Transnet. Celui-ci devrait permettre d’améliorer la capacité de son port à Durban par le biais de la réhabilitation de son terminal de conteneurs, qui opère actuellement au-delà des limites de sa conception d’origine. La modernisation des infrastructures portuaires permettra également de créer des emplacements supplémentaires, afin d’accueillir des navires plus larges. Aujourd’hui, 65 % des flux de production de l’Afrique du Sud transitent par le port de Durban, mais son manque de capacité est un inhibiteur clé de la croissance du PIB dans le pays.
De façon similaire, la compagnie pétrolière d’État Petrobras au Brésil a reçu un prêt considérable pour améliorer son empreinte environnementale. Ce prêt de 200 millions de dollars doit aider Petrobras à se conformer aux nouvelles exigences réglementaires en matière d’environnement, par le biais d’une modernisation des infrastructures de deux raffineries existantes, afin de réduire les émissions nocives et d’empêcher la contamination des eaux et des sols.
La NBD a déjà prouvé qu’elle permettait de combler une lacune importante dans l’architecture mondiale de la finance pour le développement, car les financements pour le développement des infrastructures sont limités, malgré une demande croissante. Les observateurs pensent que les infrastructures constituent la première des priorités pour l’Afrique et que les infrastructures construites à travers le continent aideront à redresser le faible niveau des échanges économiques intrarégionaux, permettant ainsi d’augmenter la part de l’Afrique dans le commerce mondial. De tels développements témoignent aujourd’hui de la pertinence réelle des BRICS pour les économies émergentes. CA