Vers l’intégration
2018-05-11parYannickGody
par Yannick Gody
Le marché africain Black Expo organisé dans un hutong de Beijing rapproche les étrangers et les locaux
de New York à Indianapolis, en passant par le Texas ou le Nouveau Mexique, le phénomène Black Expo rassemble chaque année des centaines de milliers de personnes aux États-Unis dans le but de promouvoir la culture noire à travers la nourriture, les événements sportifs, de mode ou encore des spectacles d’humour. Le 31 mars dernier, pour la première fois, un événement Black Expo s’est tenu à Beijing.
Entrepreneur originaire de Washington D.C., l’organisatrice de Black Expo Olivia Nadine voulait o ff rir une plateforme aux petits commerces africains à Beijing qui leur permettait de présenter leurs produits à un public chinois intéressé. Avec l’aide de James Sserwadda, un artiste ougandais, et Hannah Getachew, une Éthiopienne supportrice de programmes d’émancipation,Black Expo s’est développé avec le but de« façonner davantage le discours sur la communauté noire » en Chine.
« Nous voulions mettre au point un environnement qui montre la culture noire et fasse état de sa diversité car nous ne sommes pas un monolithe, nous sommes une diaspora », a précisé Olivia Nadine.
Six mois ont été nécessaires à l’équipe pour élaborer cet environnement au Centre culturel No 27, un espace d’art et de culture situé dans une cour rénovée d’un hutong du centre de Beijing. Et l’une des premières personnes à partager l’enthousiasme d’Olivia Nadine a été Yu Ge, gestionnaire du Centre culturel No 27.
Des visiteurs de Black Expo à Beijing.
« Nous avions organisé un événement de promotion de l’Afrique l’année dernière, mais Black Expo a attiré davantage de participants de différents pays africains. Je pense que les Chinois apprécient les œuvres d’art africaines, ainsi que la musique et la danse »,a-t-il détaillé. Cela s’est effectivement vérifié le jour de l’Expo par l’affluence des visiteurs chinois au challenge Jindafit donné par le DJ et instructeur professionnel defitness D’Jack Tchinda. Cependant, seul les plus braves ont été en mesure d’aller jusqu’au bout de son entraînement intégral d’une heure basé sur des mouvements et des rythmes africains. Les amateurs de nourriture sont également venus en nombre pour déguster cupcakes, vin et autres spécialités de hummus.
Les étalages colorés d’articles cosmétiques et de mode africaine ont également été unes des grandes attractions de l’événement. Selon Jimena Ortega, vêtue d’une tenue du Cap Vert, les vêtements portent le message de Black Expo.
Selon elle, « Beaucoup defilles ont représenté leur pays avec leur tenue aujourd’hui.De nombreuses personnes perçoicent l’Afrique comme un seul lieu. À présent ils peuvent vraiment voir la diversité [du continent] à travers les vêtements. »
Shen Kaiqi s’est également rendue au marché. Doctorante en sociologie à l’Université centrale des ethnies, elle estime que Black Expo est un cas intéressant de l’intégration sociale à Beijing : « Tandis que l’initiative ‘la Ceinture et la Route’ attire de plus en plus d’étrangers à Beijing, ils ont un besoin plus fort d’éprouver un sentiment d’appartenance. Black Expo remplit avant tout cet objectif, mais il permet aussi aux Chinois de découvrir et d’expérimenter la culture africaine et d’explorer différents moyens de communiquer avec les étrangers. Toutefois, l’intégration reste [encore]un processus très lent. »