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Chambres d’hôtes :faites comme chez vous !

2018-05-11parLiXiaoyu

中国与非洲(法文版) 2018年5期

par Li Xiaoyu

Tout en donnant une nouvelle impulsion au développement rural chinois, le boom de l’économie des chambres d’hôtes à la campagne appelle aussi à la rationalisation

Cao Shuiying(gauche) et safille Kang Wenqin s’affairent dans leur maison d’hôtes près du mont Moganshan, dans le district de Deqing(Zhejiang).

sur le rebord de sa fenêtre, Meng Shuhui savoure sa coupe de champagne, en admirant le paysage. Le temps est doux et le paysage pittoresque : au-dessus des collines verdoyantes,les nuages blancs flottent sur un ciel bleu lumineux. Le temps semble s’être arrêté –et les cigales jouent leur symphonie dans la forêt de bambous que domine la villa en bois.

Située dans un village de bambous, au pied du mont Moganshan (district de Deqing), à deux heures de Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang, la chambre d’hôtes est un refuge idéal pour Madame Meng,après plusieurs jours de travail intense.

Son choix est loin d’être un cas isolé. En Chine, le marché des chambres d’hôtes,qui a décollé en 2011, maintient toujours son élan. Selon un rapport publié en novembre 2017 par l’Association chinoise du tourisme, il existait quelque 200 000 chambres d’hôtesfin 2017, soit une hausse de 300 % sur un an. Dans le même temps,le volume des transactions a dépassé le cap des 12 milliards de yuans (1,9 milliard de dollars), et devrait atteindre 30 milliards de yuans (4,8 milliards de dollars) d’ici 2020.

Face au boom de l’économie des chambres d’hôtes, Luo Deyin, professeur à l’Université Tsinghua, livre son explication : « si les moyens d’existence s’améliorent, les citadins tendent à être fatigués de la vie urbaine et aspirent à un retour à la vie rurale. » Les chambres d’hôtes représentent donc une nouvelle forme d’hospitalité et d’hébergement, où les propriétaires satisfont le désir des voyageurs de découvrir la nature, la culture et les modes de vie locaux pendant leur séjour.

Une opportunité de développement importante pour les habitants, lorsque l’on sait que la campagne abonde de maisons vacantes en raison de l’exode rural.

Ranimer une campagne fantôme

Xia Yuqing, vice-président de Kaistart, une plateforme definancement participatif destinée à l’hôtellerie, a été parmi les premiers loueurs de chambres d’hôtes au mont Moganshan. « C’était en 2000. Presque tous les jeunes avaient migré vers les villes. Il ne restait que quelques personnes âgées et de vieux bâtiments délabrés dans le village »,se rappelle-t-il. Or, le district de Deqing,tout désert qu’il soit, jouit d’abondantes ressources naturelles. Le mont Moganshan est l’une des quatre principales stations estivales du pays, et un site touristique quatre étoiles. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle M. Xia a eu envie d’y investir. Depuis, les maisons d’hôtes y ont gagné en popularité et le chemin qui mène vers le mont a vufleurir plus de 400 auberges.

Un succès confirmé par les données de l’administration du district. En 2016, 348 000 touristes, dont 108 000 étrangers, ont séjourné dans des chambres d’hôtes locales,générant un chi ff re d’affaires de 450 millions de yuans (71,5 millions de dollars), soit en hausse de 28,6 % sur un an. L’essor de l’hôtellerie a aussi permis une utilisation efficace des maisons vacantes des villages.Aujourd’hui, les loyers annuels s’élèvent à 70 000 yuans (11 000 dollars) à Deqing,contre 8 000 yuans (1 200 dollars) en 2007.

De surcroît, le développement du tourisme rural a contribué à la création d’emplois. Les personnes âgées, qui étaient désœuvrées jusque-là, travaillent désormais dans les chambres d’hôtes, en tant que serveurs par exemple, pour un salaire mensuel d’environ 3 000 yuans (480 dollars). Beaucoup de migrants ruraux retournent aussi dans leurs villages d’origine pour ouvrir leurs propres auberges ou restaurants. Toujours selon les statistiques, 3 500 emplois directs et 10 000 emplois indirects ont ainsi été créés.

Les maisons d’hôtes sont nombreuses dans la région touristique de Shitang Renjia, dans le district de Jiangning près de Nanjing (Jiangsu).

En favorisant l’augmentation des revenus de la population, cette nouvelle forme d’hôtellerie a également incité les autorités locales à investir davantage dans la construction d’infrastructures liées au développement du tourisme rural, bénéficiant aussi aux villageois.

« Imaginons une personne qui ouvre une chambre d’hôtes dans un village à l’abandon.Cette auberge, qui incite davantage de jeunes à retourner dans leur village d’origine,finit par animer tout le village. Et c’est le chemin ultime qui relie une simple chambre d’hôtes au redressement d’une région rurale entière », résume M. Xia.

normalisation en cours

Ces dernières années, le modèle de Moganshan s’est répandu dans tout le pays,attirant une quantité massive de capitaux ainsi qu’un grand nombre d’entrepreneurs.Toutefois, de nombreux problèmes ont vu le jour. Duan Qiang, directeur de l’Association chinoise du tourisme, a indiqué lors de la conférence sur les chambres d’hôtes à lafin de l’année dernière, que les défis auxquels l’industrie était confrontée n’étaient pas négligeables. De fait, toutes les régions rurales ne sont pas adaptées au développement de l’économie des chambres d’hôtes,note-t-il. Une majorité de gîtes à la campagne ont du mal à faire des bénéfices en raison de l’enclavement et du manque de ressources touristiques appropriées.

De plus, une insatisfaction croissante des consommateurs vis-à-vis de la qualité des services a été enregistrée. Comme certains analystes le soulignent, les chambres d’hôtes peuvent avoir des concepts distincts et personnalisés, mais les services doivent être normalisés. Plus inquiétant, de nombreuses auberges n’ont pas obtenu de permis en matière d’hygiène, de santé et de sécurité, échappant au système de surveillance gouvernementale. Les experts appellent donc à l’adoption d’une norme nationale pour régulariser le secteur.

À cet effet, l’Administration nationale du tourisme a publié, en août 2017, la première norme sectorielle pour les chambres d’hôtes,qui est entrée en vigueur le 1eroctobre 2017.Les administrations locales, dont les municipalités de Shenzhen et Beijing, ont aussi émis des règles particulières et détaillées.

La nouvelle norme nationale a donné une définition claire du secteur,fixé des principes d’évaluation et précisé des règles en matière de services, d’hygiène, de santé et de sécurité. Tout en soulignant la standardisation, le nouveau règlement tient aussi à la personnalisation. En effet, les chambres d’hôtes seront désormais divisées en label« or » et « argent ». Pour obtenir le label« or », une auberge doit répondre à certains critères concernant l’environnement,les installations, et les services.

Les professionnels de lafilière estiment que la nouvelle régulation a comblé une lacune administrative et que la normalisation est une démarche indispensable au développement sain et durable du secteur. Mais,selon eux, il reste encore un long chemin à parcourir. En attendant, ils appellent à faire preuve de vigilance et de présence d’esprit devant le boom du marché.