L’Éthiopie :des chaussures pour partir du bon pied
2018-05-11parLiXiaoyu
par Li Xiaoyu
La délocalisation d’un fabricant de chaussures chinois vers l’Afrique stimule la croissance du secteur manufacturier éthiopien
sorti sur les écrans le 2 mars dernier,Amazing China, un documentaire de 90 minutes relatant les accomplissements de la Chine au cours des cinq dernières années, a remporté un grand succès au box-office. Une scène en particulier a frappé l’imaginaire des spectateurs chinois : dans l’usine de Huajian International Shoe City (Ethiopia), une succursale du fabricant chinois de chaussures Huajian Group, quelque 4 000 employés chantent en chœur le vieux chant patriotique chinois L’union fait la force, sous la conduite du PDG du groupe, M. Zhang Huarong.
Dans le mêmefilm, on peut voir un jeune Éthiopien, qui se fait appeler par le prénom chinois de Guangzhou, exprimer safierté de travailler chez Huajian. Son bonheur tire sa source de la bonne culture d’entreprise, du système de formation performant et d’une volonté de partager les bénéfices. De fait,les employés peuvent suivre une formation pratique auprès de mentors expérimentés, et ont accès à des opportunités de promotion au poste de cadre. Aujourd’hui, en pratiquant un système de division du travail efficace,les employés de Huajian comme Guangzhou sont en mesure de produire environ 8 000 paires de chaussures chaque jour.
Fondé en 1996 à Dongguan, dans la province du Guangdong (sud), Huajian Group est maintenant l’un des plus grands producteurs de chaussures pour femmes du monde. La société fabrique notamment pour des marques américaines et européennes comme Guess, Nine West et Marc Fisher.Avec l’approfondissement de la réforme et de l’ouverture, et notamment l’augmentation du coût de la main-d’œuvre en Chine, l’entrepreneur cherche désormais à délocaliser une partie de ses chaînes de production.
En parallèle, l’Éthiopie se concentre sur l’industrialisation en stimulant le secteur manufacturier. Le gouvernement éthiopien a exprimé le désir de transformer le pays en un État à revenu intermédiaire d’ici 2025. Il espère ainsi attirer plus de fabricants chinois, dont le soutien technique etfinancier ainsi que l’expertise permettront d’améliorer son secteur manufacturier et de donner une impulsion à son économie.
Aussi, en réponse à l’appel de l’ancien Premier ministre éthiopien, M. Meles Zenawi, Zhang Huarong a-t-il décidé d’investir en octobre 2011 à Addis-Abeba, pour un coût initial de 5 millions de dollars. Trois mois plus tard, la première paire de chaussures Guess sortait de sa chaîne de montage. Depuis, les exportations de lafilière éthiopienne du cuir ont augmenté de 57 %.
En tant que premier fabricant de chaussures chinois à avoir investi en Afrique,Huajian envisage de faire de l’Éthiopie une plaque tournante mondiale pour l’industrie de la chaussure au cours de la prochaine décennie. Comme le rappelle le PDG, son investissement en Éthiopie ne vise pas uniquement à réduire le coût de la maind’œuvre. Il espère également construire une chaîne d’approvisionnement complète en Éthiopie, et devenir un contributeur clé à la croissance de son économie.
Trois questions à…Zhang huarong,fondateur et PDG de huajian Group
CHINAFRIQUE: Pourquoi avez-vous pensé à implanter une succursale de votre groupe en Afrique?
Zhang huarong:Avec le développement rapide de l’économie chinoise,la délocalisation est un choix raisonnable pour de nombreuses industries à forte intensité de maind’œuvre. Pour lesfilières qui arrivent à maturité en Chine, comme la sidérurgie, la fabrication de chaussures,de chapeaux et de jouets, investir en Afrique répond à un double enjeu: d’une part, la Chine aura accès à une main-d’œuvre bon marché,à une offre abondante de matières premières comme le cuir, et aux tarifs commerciaux préférentiels de l’Afrique; d’autre part, celle-ci pourra augmenter ses exportations et bénéficier de la création d’emplois.Dans cette perspective, j’estime que les réformes structurelles du côté de l’offre et le développement de haute qualité de la Chine sont compatibles avec la croissance des pays africains. Ainsi, nous souhaitons qu’au cours de la mondialisation de notre groupe, les deux parties puissent réaliser un développement commun, en tirant avantage de la civilisation industrielle et de la fabrication intelligente.
que pensez-vous de la présence de huajian Group dans le documentaire Amazing China?
La succursale de notre groupe en Éthiopie a vu le jourfin 2011. Aufil des ans, nous avons essayé de mettre en valeur notre propre culture d’entreprise et les expériences que la Chine a accumulées en matière de manufacture au cours des trois dernières décennies. Jusqu’à présent, nous avons créé quelque 8000 emplois locaux, ce qui a été bien accueilli par le gouvernement éthiopien. Je me rappelle encore qu’au moment de la création de l’entreprise, la productivité locale était loin derrière celle de la Chine, car le secteur n’en était encore qu’à ses prémices. Pour changer la donne,une attention particulière a été accordée à la formation des employés dans le but d’améliorer leur productivité. Après avoir vu le documentaire,nos employés sont tous trèsfiers de nos accomplissements. Dans un proche avenir, nous continuerons de faire davantage d’efforts pour pousser notre société plus avant.
quels sont vos futurs plans d’investissements sur le marché africain?
En investissant dans diversesfilières de plusieurs pays africains, nous projetons de créer 100000 emplois locaux d’ici 2030. Ce faisant, nous visons à avantager autant que possible la population locale, et à respecter les lois et règlements,ainsi que les us et coutumes locaux.Nous seronsfidèles au triptyque«concertation, synergie et partage»,proposé par le Président Xi Jinping dans le cadre de l’initiative des«Nouvelles Routes de la soie».Nous concerterons ainsi avec nos partenaires africains un modèle de développement harmonieux et civilisé, créerons en synergie une plateforme de civilisation industrielle,et partagerons entre nous les fruits du développement.