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Une application qui sauve des vies

2018-01-09parGitongaNjeru

中国与非洲(法文版) 2018年1期

par Gitonga Njeru

Une application qui sauve des vies

par Gitonga Njeru

Une application pour femmes enceintes aide à partager les données médicales

Wairimu Gathoni, une vendeuse de légumes de Nairobi âgée de 23 ans, aura son second enfant dans quatre mois. Elle attend avec impatience cette naissance dans les meilleures conditions possibles malgré une fausse couche lors de sa première grossesse.

Si elle est si optimiste, c’est parce qu’elle utilise Mpamanech, une application de partage d’informations médicales, conçue au Kenya. « Cette application m’a beaucoup aidé.À la différence de ma première grossesse,les médecins ont une meilleure compréhension de mes problèmes à ce stade de ma grossesse. C’est en partie grâce à cette application, car les hôpitaux peuvent partager les informations médicales plus facilement », a-t-elle confié à CHINAFRIQUE.Mme Gathoni sait qu’elle peut bénéficier d’un diagnostic approprié avec cette application,car les médecins, peu importe l’hôpital où elle effectue les visites, peuvent connaître ses antécédents médicaux et obtenir des indications pour effectuer un traitement.Elle est donc certaine qu’elle ira au terme de sa grossesse sans complications.

Une application qui change la donne

Au Kenya, où le taux de mortalité maternelle est élevé, Mpamanech sauve des vies d’enfants et de mères. « Les patientes n’ont pas à informer les professionnels de la santé dans un hôpital de référence de leurs problèmes car les données ont été stocké es par l’application et partagées par les professionnels des autres centres de soin », explique Catherine Kyobutungi, médecin et directrice de la recherche au Centre africain de recherche sur la population et de la santé (APHRC) à Nairobi, qui a contribué à la conception de cette application.

« Si la patiente a été traitée dans un centre de soin ou un dispensaire et se rend dans un hôpital plus important, les informations fournies par l’application sont confirmées avec le patient. Ceci nous permet de poursuivre le traitement s’il y a lieu », souligne Mme Kyobutungi, qui précise que l’application analyse les données relatives à la santé de la mère et du fœtus, notamment des informations sur les maladies et le progrès des traitements suivis ailleurs.

Selon Mme Kyobutungi, l’application sauve des vies et redonne espoir aux femmes enceintes. Depuis sa conception en mars 2016, l’application a permis à 343 femmes kényanes d’accoucher en toute sécurité. Par ailleurs, 89 femmes enceintes qui suivent un traitement prescrit par différents hôpitaux suite à des difficultés et qui doivent rester alitées sont actuellement suivies par des volontaires. « Les cas les plus complexes sont des ruptures de la paroi utérine, qui entraînent des saignements importants et sont responsables de nombreuses fausses couches et du décès de la mère et du fœtus », dit Mme Kyobutungi.

Les patientes n’ont pas à informer ies professionneis de ia santé dans un hôpitai de référence de ieurs probièmes car ies données ont été stockées par i’appiication et partagées par ies professionneis des autres centres de soin.

Une couverture nationale en 2018

Actuellement, l’APHRC collabore avec 16 centres de soins, la plupart à Nairobi, mais l’application couvrira bientôt tout le pays après la fin du programme pilote en décembre. « Nous allons bientôt être le partenaire du ministère de la Santé, ce qui signifie que nous allons accroître la couverture pour répondre au problème national de mortalité maternelle », annonce Mme Kyobutungi. L’application favorise aussi le diagnostic précoce et préconise au moins quatre visites prénatales dans l’année.

« La plupart des décès sont le résultat d’un accouchement long et de forts saignements avant et après la naissance, ce qui provient parfois d’une négligence médicale », explique Daniel Yumbya, directeur du Conseil des praticiens médicaux et dentistes, une agence gouvernementale en charge des questions éthiques, de la délivrance des licences et des sanctions en cas de faute professionnelle.

L'application Mpamanech aide les femmes à accoucher en toute sécurité.

Il a constaté de nombreux cas de faute médicale entraînant le décès de la mère ainsi que de morts d’enfant juste après l’accouchement. « Récemment, un enfant est mort par asphyxie périnatale deux jours après sa naissance après 18 heures de labeurs. Nous espérons qu’avec l’application Mpamanech, cela va changer car les professionnels pourront échanger les données et les informations concernant la santé du patient. »

L’APHRC souhaite aussi que Mpamanech puisse aboutir à une politique nationale sur les soins maternels et de la petite enfance une fois que sa mise en place sera universelle. Pour cela, il est crucial de recueillir des données. Selon Mme Kyobutungi, l’APHRC veut promouvoir l’utilisation des données pour la prise de décision, notamment par les générateurs de données. Les volontaires soignants locaux (VSL) recueillent actuellement un grand volume de données au quotidien grâce à leur application sur smartphone, ce qui est important pour qu’ils puissent prendre des décisions immédiates.

Les VSL constatent ainsi que ces données leur facilitent la tâche, souligne Mme Kyobutungi, ajoutant que Mpamanech possède un système intégré qui est basé sur les mêmes protocoles décisionnaires que les VSL utilisent durant leurs visites à domicile.

Un taux de mortalité maternelle élevé

La mortalité maternelle au Kenya reste élevée, à 488 pour 100000, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), contre 216 en moyenne dans le monde. Même si ce chiffre est en-deçà de la moyenne en Af rique subsaharienne (640 décès), la plupart de ces décès surviennent lors de l’accouchement, ce qui peut être facilement évité.

L’OMS estime que la mortalité néonatale au Kenya se situe à 39 pour 100000. Lors d’une conférence récente de l’organisation à Nairobi, le ministre kényan de la Santé Cleophas Mailu a déclaré qu’avant la fin de l’année, le chiffre devrait chuter. « Nous accueillons favorablement tout partenaire pour créer un lien de partenariat. En tant que ministre, j’accueille toute initiative qui peut sauver des vies, a déclaré M. Mailu,un médecin. Avec les soins de maternité gratuits, nous pensons que la mortalité périnatale va diminuer pour atteindre 18 pour 100000 d’ici à 2018. »

Il existe d’autres applications similaires,mais leur taux de réussite n’a pas encore été déterminé, indique Stephen Maina, un expert indépendant dans les technologies de l’information à Nairobi. « Mpamanech a déjà sauvé des vies. Il faut savoir sur quoi les hôpitaux se baseront une fois que la couverture sera universelle. Son évaluation va évidemment progresser. Elle est bien plus populaire que les autres applications similaires. »

*Reportage du Kenya