Point d’entrée
2018-01-09parHouWeili
par Hou Weili
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Point d’entrée
par Hou Weili
La coopération Chine-Afrique du Sud bénéficie non seulement aux deux pays,mais aussi à l’Afrique dans son ensemble
L’usine BAIC dans la province du Gauteng.
Hisense a grandi pour devenir une marque d’électroménager en Chine et en Afrique du Sud. Depuis que le fabricant basé en Chine a lancé ses opérations en Afrique du Sud il y a plus de 20 ans, il est devenu le plus grand producteur de télévisions et de réfrigérateurs du pays, répondant à la demande locale et à celle de 13 autres pays africains. La société a changé la donne sur le marché des téléviseurs en Afrique du Sud, le faisant passer de dépendant des importations à une industrie à forte valeur ajoutée.
« Les entreprises chinoises[comme Hisense] stimulent notre vision de l’industrialisation », a expliqué Charles Manuel, conseiller économique de l’ambassade d’Afrique du Sud en Chine à CHINAFRIQUE.
L’Histoire a fait que ies gens de couieur n’ont pas été en mesure de jouir des mêmes opportunités économiques et de partager ie bénéfice du progrès sociai.
Hisense incarne la croissance des entreprises chinoises en Afrique du Sud, ancrée par les relations politiques des cours des 20 dernières années. Stimulées par des échanges et des opportunités commerciales fl orissants, les relations Chine-Afrique du Sud reposent sur une vision partagée du développement et sont le fer de lance de la coopération entre la Chine et l’Afrique dans son ensemble.
Fondation politique
Bien que les deux pays aient établi des relations diplomatiques assez tardives par rapport à la majorité des pays africains, les relations bilatérales ont rapidement évolué du partenariat au partenariat stratégique, pour finalement atteindre un partenariat stratégique global.
L’Afrique du Sud a accueilli l’une des premières visites d’État de Xi Jinping après son accession au pouvoir en 2013. Sa deuxième tournée dans le pays a eu lieu en 2015, lors du sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine(FCSA), où un plan pour la coopération sino-africaine a été dessiné.
Le Président chinois a par ailleurs promis un soutien financier de 60 milliards de dollars au continent, et inauguré un nouveau cycle d’investissements pour l’Afrique du Sud.
L’Afrique du Sud a également renvoyé l’ascenseur. Outre la visite du Président Jacob Zuma en Chine en 2014, le pays a traduit ses stratégies nationales de développement en initiatives spécifiques liées à la Chine, et a réalisé de vastes partenariats en termes d’investissements, de commerce, de financement et d’aide au développement. Ces partenariats s’étendent ainsi plus loin que les deux pays eux-mêmes.
« Outre l’approfondissement des liens, la Chine et l’Afrique du Sud,pays en développement et marchés émergents, se coordonnent et travaillent étroitement pour les intérêts des pays en développement dans les différentes arènes multilatérales mondiales », développe He Wenping, chercheuse à l’Institut Charhar. La Chine et l’Afrique du Sud sont membres du G20, du bloc BRICS et des pays du BASIC pour les négociations sur le changement climatique.
En outre, en dehors de son engagement dans l’initiative des Nouvelles Routes de la soie, l’Afrique du Sud accueille le seul centre régional africain de la Nouvelle banque de développement des BRICS.
Interactions économiques
En effet, les relations commerciales et économiques bilatérales ont connu des résultats rapides et positifs au cours des vingt dernières années. Les statistiques des douanes chinoises montrent que la Chine a été le plus important partenaire commercial de l’Afrique du Sud pendant huit années consécutives,ainsi que la plus importante source d’investissement de l’Afrique.
« L’Afrique du Sud est le pays avec le pouvoir de dépense et la production industrielle les plus élevés du continent. Nous attirons de manière proactive l’investissement chinois dans les capitaux et la technologie », explique Manuel.
En fait, ces secteurs ont longtemps été les priorités des partenariats économiques sino-sud-africains. Dans le secteur financier, la Banque industrielle et commerciale de Chine a racheté, en 2015, 60 %de la branche marchés internationaux de la Standard Bank, la plus grande banque en Afrique du Sud,après avois acquis 20 % de son capital en 2007.
« Ces engagements ont renforcé nos efforts pour l’industrialisation et l’établissement de zones économiques spéciales », poursuit Manuel. L’une de ces zones, établie dans la région d’Atlantis, à l’extérieur de Cap Town, a vu l’usine de Hisense, établie en 2013, permettre la création d’emplois et de revenus nécessaires pour la région. La marque emploie ainsi plus de 600 habitants dans son usine d’électroménager et quelque 3000 autres dans des industries connexes.
De la même manière, les entreprises sud-africaines investissent en Chine. L’actionnaire majoritaire de Tencent, acteur majeur de l’internet chinois, est Naspers, le géant sud-africain des médias et du divertissement, avec une histoire de plus de 100 ans. Avec une action en tandem des deux compagnies au cours des dernières années, la valeur des 34 % de parts de Nasper dans Tencent a atteint plus de 170 milliards de dollars en novembre 2017.
34 %
soit le total des parts de Nasper dans Tencent
20 %
soit le total des parts de la Banque industrielle et commerciale de Chine dans la Standard Bank depuis 2007
Vision partagée
En 2018, l’Afrique du Sud accueillera, en tant que président du bloc, le 10esommet BRICS. La Chine, elle,tiendra la 7econférence ministérielle du FCSA, dans la continuité de la coopération entre les marchés émergents et celle de la Chine et de l’Afrique. À cette fin, les deux pays ont défini une croissance inclusive et verte comme leur vision d’avenir.
Cependant, l’Afrique du Sud doit faire face à de nombreux défis dans la réalisation d’une croissance économique inclusive. « L’Histoire a fait que les gens de couleur (comprenant les « colored people » et les« black people », selon la classif ication sud-africaine, ndlr) n’ont pas été en mesure de jouir des mêmes opportunités économiques et de partager le bénéfice du progrès social. Par conséquent, nous avons introduit des lois comme le Black Economic Empowerment (BEE)Act pour les aider à s’intégrer dans l’économie dominante », présente Manuel.
Dans les faits, certaines entreprises chinoises ont constaté que de telles lois menaçaient leurs investissements. « Cela ref l ète l’importance de mieux comprendre l’implication des lois et réglementations locales et des us et coutumes », rappelle He.
Selon Manuel, le BEE Act n°53 de 2003 n’est pas obligatoire, mais doit plutôt être considéré comme un impératif commercial et constitutionnel. « Toutes les entreprises qui veulent participer à des contrats du gouvernement ou qui veulent faire des affaires avec le gouvernement sud-africain, ses institutions auxiliaires et les entités publiques,doivent se conformer à la loi. Les sociétés étrangères admissibles peuvent demander à être exemptées de la composante de propriété du BEE Act et participer au Programme d’investissement équivalent égalitaire. »
Dans le secteur écologique,l’Afrique du Sud fournit un bon exemple pour la Chine. En tant que figure de proue dans l’utilisation des énergies renouvelables, le pays dispose de la plus grande centrale solaire en Afrique et a développé la première technologie mondiale de pétrole extrait de charbon.
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houweiii@chinafrica.cn