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Empereur Qianlong des Qing (1735-1796)

2017-12-09FranceCHRISTOPHETRONTIN

今日中国·法文版 2017年12期

(France) CHRISTOPHE TRONTIN

Empereur Qianlong des Qing (1735-1796)

(France) CHRISTOPHE TRONTIN

Portrait de Qianlong

C’est l’un des empereurs favoris des historiens chinois, car la Chine moderne lui doit beaucoup,que ce soit sur un plan territorial, culturel ou politique.Premièrement, parce qu’il a beaucoup contribué à agrandir le territoire de la dynastie, particulièrement pendant la première partie de son règne. À peine désigné empereur à 24 ans, suite au décès prématuré de son père l’empereur Yongzheng, il s’est lancé dans une politique de conquêtes dans l’ouest de la Chine. Après avoir vaincu le khanat des Djungars, il en a intégré le territoire à la dynastie en une province qui s’appellera désormais le Xinjiang. Au Tibet, il intervient pour défendre la province contre les incessantes incursions des Gurkhas depuis le Népal voisin, installant à Lhassa un « conseiller » représentant des Qing attaché au Dalaï Lama. De toute façon, c’est sous le règne de Qianlong que la Chine atteint son extension territoriale maximale. C’est aussi une époque où il s’enrichit d’un grand nombre de nouvelles ethnies.

Gérer un empire multiethnique n’a rien de facile, car il faut sans cesse ménager les susceptibilités régionales, reconnaître les particularités culturelles et accommoder les rivalités locales. L’empereur Qianlong est idéalement équipé pour le comprendre, lui qui est d’origine mandchoue et a grandi entouré de précepteurs qui lui ont enseigné aussi le mandarin et le mongol. Adulte, il se met au tibétain et étudie longuement les textes bouddhistes et la culture des montagnards mystiques de l’Ouest. Pour exprimer l’attachement de la cour impériale aux nouvelles régions, il fait construire dans le Palais d’été de Chengde une réplique du palais tibétain du Potala. Au Xinjiang, il fait élever un minaret baptisé en l’honneur d’Emin Khoja, le chef ouïgour qui fit allégeance à l'empereur Qing.

Mais c’est dans le domaine des arts et des lettres qu’il s’est distingué tout particulièrement. Avide de rassembler dans les collections impériales les meilleures pièces de tous les styles de peinture et de calligraphie,il met en place une administration des trésors impériaux, qui se voit progressivement dotée de pouvoirs de plus en plus exorbitants. Non contents de tenir l’empereur au courant des chefs-d’œuvre mis en vente à tel ou tel endroit, ses émissaires finissent par se livrer à une véritable inquisition artistique, perquisitionnant les plus belles collections privées et faisant pression sur les propriétaires de tableaux de maître pour que ceux-ci en « fassent cadeau » à l’empereur en signe d’allégeance et de respect. Les préférences artistiques de l’empereur conduisent aussi à la destruction d’un grand nombre d’œuvres considérées comme mineures ou peu compatibles avec sa vision de l’art. Qianlong développe un lien fusionnel avec ses collections, à tel point qu’il n’hésite pas à annoter, à la mode des Song, les plus précieux tableaux de remarques poétiques ou personnelles,ou même à faire transporter certains paysages typiques sur le lieu de leur création pour se délecter sur place de la perfection du rendu de telle montagne ou de telle rivière.

À l'instar de nombreux autres empereurs, Qianlong est un poète prolifique, mais peu d'autres peuvent se targuer d'une production aussi volumineuse que la sienne : on lui attribue quelque 40 000 poèmes en vers et près de 1 300 textes en prose. Il est vrai que le sixième empereur de la dynastie Qing a bénéficié d'une longévité presque incroyable pour l'époque, puisqu'il vécut 87 ans accompagné d'une santé de fer. En 1796,conformément à une promesse faite à son grand-père Kangxi, il abdiqua pour ne pas excéder en durée le règne de celui-ci qui s'étala sur soixante et un ans. Bien qu'ayant renoncé au trône, il restera jusqu'à sa mort en 1799 le patriarche et le dirigeant moral de la dynastie. Ainsi que résume Zhao Yi, historien officiel de l'Académie impériale de Hanlin, « c’est à Qianlong que l’on doit la paix et la prospérité du dix-huitième siècle ».