Ouvrir la voie à l’industrialisation du manioc au Mozambique
2017-11-23MalgrungrandpotentiellatransformationindustrielledumaniocrestepeuveloppauMozambiqueUnexpertchinoisenagroalimentaireveutchangerladonneeninspirantlespetitsexploitantsagricolesparLiXiaoyu
Malgré un grand potentiel, la transformation industrielle du manioc reste peu développée au Mozambique. Un expert chinois en agroalimentaire veut changer la donne en inspirant les petits exploitants agricoles par Li Xiaoyu
Ouvrir la voie à l’industrialisation du manioc au Mozambique
Malgré un grand potentiel, la transformation industrielle du manioc reste peu développée au Mozambique. Un expert chinois en agroalimentaire veut changer la donne en inspirant les petits exploitants agricoles par Li Xiaoyu
Zhang Honglin donne un cours.
L’agroalimentaire est un réservoir important en termes d’opportunités.Avec cette chaîne de production,j’espère pouvoir pénétrer un marché à forte valeur ajoutée et atteindre un grand nombre de consommateurs.
Pedro Tomo, exploitant et directeur d’une usine agroalimentaire
LE manioc et la transformation ? Ce sont deux choses que Pedro Tomo connaît par cœur. L’un constitue la base de son alimentation ; l’autre, il en a fait son métier. En effet, il est à la tête d’une petite usine agroalimentaire dans la province de Maputo, au nord du Mozambique. En août dernier, Pedro fait un choix fort : créer une chaîne de production de vermicelles à base de patate douce et de manioc,notamment.
Otilia Tamele Tomo, sa femme, technicienne de l’Institut de recherche agricole du Mozambique(IRAM), travaille en partenariat avec la mission agricole chinoise. En juillet dernier, elle a assisté à un atelier de formation sur la production de vermicelles, animé par I’agronome chinois Zhang HongIin. En fi n de session,l’expert de 51 ans lui a offert des vermicelles de patate douce, qu’elle a fait goûter à son conjoint. Convaincus,les Tomo se renseignent alors auprès de M. Zhang sur le processus de transformation industrielle du manioc et de la patate douce. « Cela m’a beaucoup inspiré »,admet d’ailleurs Pedro.
De fait, contrairement à l’Asie, qui encourage le déveIoppement de Ia cuIture du manioc à des fi ns industrielles et énergétiques, le manioc reste l’aliment de base au Mozambique et le pays consomme la quasitotalité de sa production. La transformation industrielle du manioc n’en est encore qu’à ses prémices, avec seulement deux fabriques à travers le pays, qui ont pu voir le jour grâce à des investissements privés sud-africains. La première étant spécialisée dans la production d’amidon et la seconde, dans la production de bière.
Le manioc, un atout économique certain
Membre de la seconde mission agricole chinoise envoyée au Mozambique, M. Zhang arrive à Boane en novembre 2015 et s’installe alors au Centre chinois de recherche et de transfert des technologies agricoles,où il restera deux ans. Avant même son départ, il avait déjà en tête I’industriaIisation de Ia fi Iière du manioc,« une valeur forte » du Mozambique.
En effet, le manioc est une fécule qui s’adapte facilement à de nombreuses conditions. Il ne nécessite pas de sol riche, résiste à la sécheresse et pousse souvent là où d’autres plantations ont échoué. Ces vertus en font une culture bien adaptée aux conditions naturelles du Mozambique, dont le climat est plutôt sec et la terre peu fertile. Selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Mozambique se classe parmi les dix premiers pays producteurs de manioc au monde.La superf i cie consacrée à sa cuIture est de 900 000 hectares, soit deux fois plus que la Chine.
D’autre part, Zhang HongIin note que Ia fi Iière du manioc – qui comprend la culture en tant que telle,ainsi que la transformation en amidon et en éthanol –compte jusqu’à 3 000 produits dérivés, dont le tapioca,l’alcool et le glucose, et couvre près de 30 secteurs économiques différents, comme l’industrie textile,Ia conf i serie, ou Ia production de caoutchouc par exemple. Il s’agit donc d’un marché « immense et fort prometteur ». À l’heure actuelle, les multinationales spécialisées dans le domaine réalisent un chiffre d ’affaires de l’ordre du milliard de dollars chaque année.
Miser sur les petits exploitants
Dans son rapport 2017 publié le 5 septembre dernier,l’Alliance pour une révolution verte en Afrique(Agra) met l’accent sur le rôle des petits exploitants agricoles, qui créent des emplois et une croissance économique durable. Ce que les mines et la forte urbanisation n’ont pu réaliser jusque-là.
Un point de vue partagé par M. Zhang, qui,durant sa mission, a animé une dizaine d’ateliers de formation auprès de plus de 200 petits exploitants locaux. Au cours de ces séances, il a pu expliquer le fonctionnement des machines d’extraction de l’amidon et de production des vermicelles, grâce à des démonstrations concrètes. Mais au-delà des perspectives techniques, l’expert veut surtout mettre en avant la valeur économique de la transformation du manioc, en démontrant Ie rapport coût-eff i cacité, af i n d’encourager les exploitants à investir.
Il faut également savoir que dans la pratique traditionnelle des agriculteurs mozambicains, une fois récolté, le manioc est séché au soleil pour être conservé. Toutefois, cela n’empêche pas une dégradation très rapide. « Si on transforme le manioc en amidon à l’aide de machines, on prolonge de manière drastique sa durée de conservation. C’est une méthode qui n’a que des avantages », aff i rme AnabeIa Zacarias, responsable des services de l’agroalimentaire de l’IRAM.
Mais pour les petits exploitants agricoles, à l’instar de Petro Tomo, les avantages de l’industrialisation du manioc ne se limitent pas à cela. « L’agroalimentaire est un réservoir important en termes d’opportunités. Avec cette chaîne de production, j’espère pouvoir pénétrer un marché à forte valeur ajoutée et atteindre un grand nombre de consommateurs », conclut Pedro. CA
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