APP下载

L’Afrique vise la mécanisation de sa production cotonnière

2017-11-15LessocicotonniresducontinentsedonnentcommeobjectiflacanisationdeleurproductionpourassurerleurdurabilitlongtermeparFranoisEssomba

中国与非洲(法文版) 2017年11期

Les sociétés cotonnières du continent se donnent comme objectif la mécanisation de leur production pour assurer leur durabilité à long terme par François Essomba

L’Afrique vise la mécanisation de sa production cotonnière

Les sociétés cotonnières du continent se donnent comme objectif la mécanisation de leur production pour assurer leur durabilité à long terme par François Essomba

LA production du coton en Afrique fait faceà des défis importants, entre autres, un bas niveau de développement technique et une main-d’œuvre insuffisante pour l’exécution des opérations de semis,de récolte et de chargement des camions. Face à ces contraintes majeures à l’essor de la production cotonnière, la filière coton s’interroge sur les possibilités offertes par la technologie. Pour les experts africains, une chose est sûre : la mécanisation fait partie de la solution.

C’est là la conclusion de l’atelier sur la motorisation durable de l’agriculture en zone cotonnière africaine organisé par l’Association cotonnière africaine (ACA),du 3 au 7 septembre, à Garoua, au Nord Cameroun. La rencontre, qui a rassemblé des experts des sociétés cotonnières de partout au continent, visait à améliorer la productivité de la culture du coton-graine en étendant l’utilisation des technologies de mécanisation.

« Des pratiques culturales rudimentaires restent encore répandues dans beaucoup trop de pays membres de l’association. Difficile dans ces conditions d’être plus compétitifs sur un marché mondial hyper concurrentiel, avec des rendements ne dépassant presque jamais les 1 000 kg/hectare. Une minorité de producteurs ont recours à la culture attelée, ou à des engins de petite et moyenne envergure », explique Fahala Achamou Adeyemi, secrétaire exécutif de l’ACA. Pour inverser cette tendance, une solution est d’augmenter les moyens de financement pour faciliter la transition vers la motorisation, estime-t-il.

Créée le 19 septembre 2002 à Abidjan en Côte d’lvoire, l’ACA a pour rôle primordial de réunir les professionnels africains du coton pour défendre leurs intérêts au niveau international et favoriser les échanges d’expériences entre sociétés cotonnières africaines sur le plan agronomique, industriel et commercial.

Une filière majeure

La filière coton joue un rôle économique majeur dans les zones rurales de plusieurs pays africains,particulièrement à l’ouest et au centre du continent.Environ deux millions d’agriculteurs produisent en moyenne plus de deux millions de tonnes de cotongraine. Un tel volume représente plus de 15 % des échanges internationaux de l’Afrique, pour un chiffre d’affaires qui oscille entre un et deux milliards de dollars.

Actuellement, on estime qu’environ 16 millions de personnes dépendent directement ou indirectement de la culture du coton en Afrique, particulièrement au Burkina Faso, au Mali, au Bénin et au Tchad. Dans le contexte de lutte contre la pauvreté, les filières cotonnières africaines revêtent donc une importance stratégique considérable.

Lors de l’atelier, Jean Abate Edi’i, gouverneur de la région du Nord Cameroun, a exhorté les participants à être attentifs à l’expérience de sa région, « qui en la matière a connu des avancées significatives et dispose d’une expérience solide ». En effet, le rôle du coton dans l’économie du Nord Cameroun revêt une importance capitale. Cette culture fait vivre près de six millions d’âmes, soit le quart de la population actuelle du pays.

Créée en 1974, la Société de Développement du Coton (SODECOTON), principale société agro-industrielle de cette région, est chargée de l’encadrement de plusieurs milliers d’agriculteurs de la filière coton et d’assurer l’entretien des routes pour faciliter la mobilité entre les zones de production et de transformation. Avec une production évaluée à 248 150 tonnes par année, et un capital estimé à environ 60 millions de dollars, la SODECOTON est le deuxième employeur du pays.

L’avenir de « l’or blanc » en Afrique

Les experts ayant pris la parole lors de l’atelier s’entendent pour dire que « l’or blanc » dispose encore de beaux jours devant lui en Afrique. Plusieurs ont mis en évidence les facteurs de succès qui sont susceptibles de soutenir le développement des filières cotonnières en Afrique à l’avenir. Ceux-ci estiment que les gouvernements et les sociétés cotonnières devront offrir une meilleure gamme de services d’appui et d’infrastructures.

Badou Tamou Gani, le président de la Fédération nationale des coopératives villageoises de producteurs de coton du Bénin, explique ainsi les raisons du succès du coton en Afrique : « La diffusion de la culture attelée est très large, notamment par le biais de crédits de moyen terme gérés par les sociétés cotonnières.Cette diffusion a fortement contribué à l’augmentation des superficies cultivées en coton, mais a également eu un effet bénéfique sur les cultures vivrières. »

Preuve de leur optimiste, les experts sont unanimes à penser que la surface de la culture de coton va augmenter en Afrique de l’Ouest et centrale. Déjà, les superficies sont passées de 706 000 hectares en 1980 à un peu plus de 2,5 millions d’hectares en 2004, une hausse de plus de 350 %.

Toutefois, il faudra relever des défis nombreux et complexes pour préserver et continuer à développer durablement le coton africain. Cela est d’autant vrai que les alternatives à cette culture de rente ne sont pas nombreuses et doivent s’envisager sur une longue durée, explique Bayero Mohamadou Bounou, directeur général de la SODECOTON.

« Outre des contraintes externes, comme la concurrence des fibres synthétiques ou les subventions à l’exportation de pays développés, les filières cotonnières africaines devront relever en priorité les défis tels que la stagnation des rendements dans un contexte de désorganisation des services de recherche et d’appui et le renchérissement des coûts des facteurs de production », dit-il.

À cela s’ajoutent des problèmes environnementaux de plus en plus importants. « En plus des problèmes liés à l’utilisation intensive de pesticides chimiques (toxicité, pollution), plusieurs décennies d’intensification de la culture ont contribué à un appauvrissement progressif des sols de certaines régions ce qui concoure à la stagnation voire à la régression des rendements », explique-t-il.

De l’avis des experts, ces défis n’ont fait que renforcer l’importance de la mécanisation comme moyen d’assurer l’avenir de la filière. Au terme de l’atelier, les responsables des sociétés cotonnières ont d’ailleurs adopté comme objectif l’introduction de la mécanisation à toutes les phases de production du coton-graine, avec en priorité la motorisation de la récolte du coton-graine. CA

(Reportage de Garoua, au Cameroun)