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Retour à la campagne

2017-03-08DesmigrantsretournantlacampagnepourfaireprosprerconomielocaleparCuiXiaoqin

中国与非洲(法文版) 2017年2期

Des migrants retournant à la campagne pour faire prospérer l’économie locale par Cui Xiaoqin

Retour à la campagne

Des migrants retournant à la campagne pour faire prospérer l’économie locale par Cui Xiaoqin

ZHANG Liangfan est originaire de Maoing,dans la province méridionale du Guangdong, un endroit réputé pour la diversité de ses fruits. ll travaillait auparavant comme coursier en ville, mais en 2015, il est retourné chez lui pour vendre des fruits en ligne.

Zhang Liangfan n’est pas un cas isolé. Le phénomène des chenggui, ces travailleurs migrants qui retournent à la campagne pour créer leur propre entreprise, se développe en Chine. À la fi n de 2016, on en comptait 4,5 millions, selon le ministère de l’Agriculture.

Grâce aux mesures d’encouragement du gouvernement, ces anciens travailleurs migrants riches de leur expérience professionnelle et de leur savoir-faire, peuvent rentrer chez eux et jouer ainsi un rôle important dans le développement de l’économie rurale.

Nouveau dividende démographique

Ces dernières années, le made in China a été successivement remplacé par le made in Vietnam ou le made in Indonesia pour des produits comme les chaussures et les vêtements. Certains ont même annoncé la réduction, voire la disparition du dividende démographique de la Chine.

L’économiste chinois Li Yining de l’Université de Pékin ne partage cependant pas cet avis. « La Chine est entrée dans une période de transition accentuée, la réforme de la main-d’œuvre de Chine a commencé et un nouveau dividende démographique apparaît dans les zones rurales », a-t-il indiqué lors de la Conférence annuelle sur l’Économie chinoise 2016-2017.

D’après M. Li, ce nouveau dividende démographique, ce sont les chenggui. À la fi n des années 1980, un grand nombre de paysans ont quitté la campagne pour gagner leur vie dans les villes. Mais depuis 2010, ils sont de plus en plus nombreux à trouver des emplois dans les campagnes et choisissent d’y mener leurs propres affaires.

Liu Zhencheng est un jeune entrepreneur rural du comté de Wulian, dans la province du Shandong. ll a ouvert une entreprise de thé réputée dans la région. « Même si notre usine n’est pas très grande, nous avons adopté la norme européenne CE, très stricte », explique-t-il à CHINAFIRIQUE. « Mes parents ont fait le commerce du thé pendant des années, mais en raison des méthodes de production traditionnelles, le volume de production est très limité. J’espère que plus de consommateurs pourront apprécier le thé de bonne qualité. »

Aujourd’hui, l’entreprise de M. Liu produit non seulement différentes variétés de thé, mais aussi du jus de jujube, des légumes et d’autres spécialités locales. La main-d’œuvre provient des villages voisins. Pour aider certains villageois à sortir de la pauvreté, M. Liu embauche également des personnes handicapées. ll compte construire un hôtel et un restaurant plus grand près de son entreprise pour développer le tourisme vert.

Qi Qiuzhong, fermier du comté de Kaixian à Chongqing, a quitté les siens pour travailler comme ouvrier du bâtiment en ville, avant de devenir chef d’équipe. ll est maintenant de retour à Kaixian pour cultiver les champignons. ll a créé une entreprise agricole et vend sa production à Hong Kong et au Japon, enregistrant un chiffre d’affaires annuel de plus de 40 millions de yuans.

Liu Zhencheng et Qi Qiuzhong ne sont que deux exemples parmi d’autres de ces chenggui. « La moitié des projets agricoles haut de gamme sont mis en place par les chenggui », souligne Cui Chuanyi, chercheur en agriculture du Centre de recherche et développement relevant du Conseil des Affaires d’État de Chine.

Déf i s à relever

Ces entrepreneurs d’un nouveau genre émergent sans cesse dans les provinces et la création de petites et moyennes entreprises progresse à un rythme rapide, qu’il s’agisse d’ateliers de réparation de motos le long des routes autour des zones touristiques, de fermes biologiques à la périphérie des villes ou depépinières. Mais derrière cette façade de prospérité se cachent parfois certains problèmes épineux.

Liu Zhencheng vérif i e ses produits.

Par exemple, dans la province du Sichuan, les paysans ont construit 17 parcs industriels, mais la plupart de ces parcs restent en friche en raison de leur manque de succès.

La diff i culté de fi nancement est aussi une pierre d’achoppement pour les entrepreneurs ruraux. Dans certaines régions, un jeune paysan qui crée sa propre entreprise ne peut bénéf i cier de subventions que si un fonctionnaire ou un employé au revenu stable peut se porter garant. Mais pour les paysans qui n’ont pas de revenu stable ni de contacts avec la ville, il est diff i cile de trouver un tel garant.

Le manque des canaux de distribution constitue un autre déf i à relever. Liu Zhencheng l’explique aux journalistes : « Pour moi, l’argent n’est pas le problème majeur, mais il me faut différents canaux de distribution. Les gens ont habitude de consommer du thé local, mais il est diff i cile de faire connaitre notre thé de qualité dans les autres provinces de Chine. » ll a participé plusieurs fois à des salons commerciaux de thé à Zibo et Jinan, dans la province du Shandong, et s’est ainsi attiré des clients fi dèles. Mais presque tous ses clients viennent du Shandong, ce qui limite son développement national.

Politiques de soutien

Face à ces diff i cultés diverses, le gouvernement a adopté une série de mesures pour encourager ces entrepreneurs. En juin 2015, le Conseil des affaires d’État a publié un document qui permet aux entrepreneurs ruraux qui répondent à certaines conditions de toucher des subventions ou de demander des prêts préférentiels.

Liu Zhencheng a directement bénéf i cié de ces mesures. En 2016, il a loué un grand lopin de terre en friche sur la montagne pour produire de nouvelles variétés de thé et développer le tourisme vert. Pour cela, il a effectué de nombreux travaux, comme la construction d’une route et la réparation d’un lac de barrage. « Ces projets peuvent apporter des bénéf i ces à la population locale. Quand on aura fi ni tous les travaux, le gouvernement nous octroyera des subventions si nous répondons aux normes requises. ».

L’équipe de Zhang Liangfan compte maintenant plus de 20 personnes, la plupart des jeunes nés après 1980. À l’aide de leur plate-forme de commerce en ligne, ils vendent les fruits locaux dans toute la Chine et stimulent largement le développement de l’économie locale et le rythme d’urbanisation à Maolin. CA

Pour vos commentaires : cuixiaoqin@chinafrica.cn