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Une reconnaissance méritée

2016-12-01CasimirDjezouKouadio

中国与非洲(法文版) 2016年11期

Une reconnaissance méritée

Les investissements en Afrique reçoivent un assentiment mérité par Casimir Djezou Kouadio

LA ligne d’escarpins en daim élégants que

l’on trouve dans les centres commerciaux américains appartient à la marque d’Ivanka Trump, la fille du candidat républicain à l’élection présidentielle des États-Unis. Elle l’a lancée en 2011. Si l’association politique est évidente, on sait moins que cette marque réunit deux continents.

La plupart des chaussures de cette marque sont en effet fabriquées par le groupe Huajian, une entreprise chinoise. En cinq ans, elle a produit 100 000 paires de chaussures et en août, quand Donald Trump est devenu candidat officiel, 20 000 paires supplémentaires ont été commandées, a déclaré à l’Agence France-Presse le porte-parole du groupe, Liu Shiyuan.

En 2011, Huajian est devenu le premier fabricant chinois de chaussures à pénétrer le marché africain en investissant dans des usines en Éthiopie. On est passé du « Made in China » au « Made in Africa », avec des exportations vers l’Europe et les États-Unis atteignant 44,49 millions de dollars, sans compter la création de 3 600 emplois et une reconnaissance du secteur éthiopien de la chaussure.

D’après M. Liu, le groupe établit aujourd’hui la Zone industrielle internationale des industries légères de Huajian en Éthiopie. Ce projet de 320 millions de yuans (47,5 millions de dollars) sera terminé en 2020 et fournira des emplois à 100 000 personnes, la plupart des Éthiopiens.

Au cours des deux dernières décennies, la Chine est devenue un important partenaire de la croissance et du développement de l’Afrique. Nous pensons que cela va continuer, et cette relation va aider des millions de personnes à sortir de la pauvreté et profiter des opportunités pour une vie meilleure.

Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale

Une croissance synergique

L’entrée du groupe chinois s’est parfaitement alignée avec le « Second plan de croissance et de transformation (2000-2015) », un plan quinquennal qui donne la priorité aux industries légères pour tenter de s’orienter avec les produits manufacturés haut de gamme.

C’est un exemple qui montre comment les investissements chinois créent une situation gagnant–gagnant pour la Chine et l’Afrique. Et le Guangdong, où est basé le groupe Huajian, est le modèle d’une telle coopération. D’après les autorités provinciales du Guangdong, en 2015, la province a investi dans 28 projets en Afrique, avec 510 millions de dollars de nouveaux contrats d’investissements, soit une hausse annuelle de 317,1 %. Le nombre de projets du Guangdong est passé à 176 pour une valeur totale de 1,46 milliard de dollars. L’interconnexion croissante entre la province et les pays d’Afrique a rendu cette réalité possible. En 2015, il existait 25 itinéraires de conteneurs au départ du Guangdong ainsi que des associations entre le port de Guangzhou et le port de Durban, en Afrique du Sud, et de Dakar, au Sénégal.

Autre conséquence de l’interconnexion croissante, le nombre d’Africains en Chine et inversement. En 2015, 353 400 Africains ont émigré en Chine et 658 600 personnes sont parties des ports du Guangdong pour l’Afrique. Guangzhou, chef-lieu du Guangdong, est ainsi l’organisateur rêvé du Forum annuel « Investir en Afrique ». La seconde édition a eu lieu en septembre après le sommet du G20 et le sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine. Les dirigeants chinois réaffirment ainsi leur volonté de continuer à diriger les investisseurs vers l’Afrique. « Nous allons continuer à encourager les entreprises chinoises à accroître leurs investissements en Afrique, a déclaré le vice-Premier ministre chinois Ma Kai lors du forum. Les investissements chinois visent à aider les pays africains à accroître les opportunités d’emplois, à protéger l’environnement et à améliorer la vie des gens. »

Construite par une compagnie chinoise, la ligne ferroviaire reliant l’éthiopie et Djibouti est entrée en service le 5 octobre 2016.

Le forum a mis en avant les changements dans la nature des investissements chinois en Afrique. Même si la Chine a été le premier partenaire commercial de l’Afrique pendant 7 années consécutives, le commerce n’est plus la priorité de la Chine. L’ambition est d’accélérer le développement de l’Afrique. « Nous allons soutenir le développement durable en Afrique pour réduire les divergences et aider les pays africains à améliorer leurs capacités d’investissement, a fait savoir M. Ma. En un mot, nous allons établir un nouveau modèle de coopération Sud-Sud. »

La communauté internationale, qui avait critiqué l’intérêt de la Chine pour l’Afrique, reconnaît maintenant son rôle dans le développement du continent ainsi que ses efforts pour travailler avec des partenaires au niveau multilatéral. La seconde édition du forum « Investir en Afrique » a été organisée avec notamment le Groupe de la Banque mondiale, aux côtés du gouvernement central et des autorités provinciales du Guangdong, et de la Banque de développement de Chine avec le soutien des gouvernements africains. Le Président sud-africain Jacob Zuma et son homologue du Bénin, Patrice Talon, étaient aussi présents.

Des partenaires importants

« En tant que plus grand partenaire commercial de l’Afrique, la Chine est un partenaire important pour les progrès de l’Afrique, a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim. Le partage des connaissances et des expériences prend une dimension de plus en plus importante dans le partenariat Chine-Afrique. Les progrès économiques de la Chine – et la réduction remarquable de la pauvreté dans le pays – sont des leçons et donnent un aperçu à l’Afrique. » Il a aussi ajouté que la Chine avait beaucoup à offrir à l’Afrique sur le plan commercial, des investissements, de la finance, de l’expérience, du savoir-faire et de l’établissement de la capacité de production.

D’après M. Jim, l’Afrique est confrontée au manque d’infrastructures, à un développement lent de l’agriculture, à une industrialisation à la traîne et à des investissements inappropriés dans les ressources humaines. L’assistance de la Chine vise à surmonter ces défis. La Chine construit des ports, des aéroports, des routes et des projets énergétiques en Afrique. Les experts chinois de l’agriculture enseignent aux fermiers africains à améliorer le rendement de leurs récoltes et le gouvernement chinois construit des écoles en Afrique, et permet aux étudiants africains d’apprendre dans les institutions chinoises.

La société de construction automobile Foshan Nanhai Winhope International Trade est sur le marché africain depuis 1998. Elle étend ses activités dans des pays que de nombreux autres investisseurs évitent pour des raisons sécuritaires, comme le Mali, l’Angola ou la République du Congo. « Nous prévoyons d’investir dans une usine automobile en République du Congo pour plus de 200 millions de dollars, explique son président Wang Yi à la CCTV. Et le gouvernement montre son soutien avec des commandes de 500 millions de dollars. » CA

(Reportage de Guangzhou.)