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L’homme de la situation

2016-12-01

中国与非洲(法文版) 2016年11期

L’homme de la situation

Outre le terrorisme, le plus grand défi mondial auquel nous faisons face actuellement est celui de la crise des réfugiés. Leur arrivée en Europe et au Moyen-Orient pose de nombreux problèmes aux pays d’accueil, qui ne sont pas préparés pour cet afflux massif. Selon les chiffres des Nations unies, près de 5 millions de ces réfugiés sont originaires de Syrie. Dans ce contexte, la récente nomination d’Antonio Guterres au poste de 9esecrétaire général de l’ONU est significative. En effet, l’ancien Premier ministre portugais a été Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés de 2005 à 2015, une expérience inestimable pour faire face à cette crise humanitaire. Ces compétences uniques expliquent sans doute sa nomination unanime, un spectacle très rare au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Selon de nombreux observateurs, la crise syrienne sera une priorité pour Guterres. Ce que confirme le nouveau secrétaire : « Je pense qu’il est désormais prioritaire, dans l’intérêt commun, d’en finir avec cette guerre. Et j’ai espoir qu’en construisant des ponts, en faisant preuve de bonne volonté, en rapprochant les peuples, nous pourrons arriver à de bons résultats. » La crise des réfugiés, les catastrophes naturelles, les violations des droits de l’homme, le terrorisme, le changement climatique et les épidémies, sont autant de réalités quotidiennes faisant partie du mandat de l’ONU. Après 71 ans d’existence, l’organisation a aujourd’hui plus que jamais besoin d’un représentant à la hauteur de la situation.

La nomination de Guterres dévoile également un changement au sein de l’organisation internationale. En effet, auparavant, la nomination des secrétaires se déroulait dans le plus grand secret. à l’inverse, le Portugais a été nominé sous le regard de tous les États membres, sur la base du mérite. C’est la première fois qu’un candidat ayant une expérience politique et diplomatique est choisi. Mais les changements au sein de l’organisation la plus importante au monde doivent être plus significatifs, le monde ayant énormément changé depuis sa création. Une réforme est nécessaire sur la question, depuis longtemps débattue, de la représentation du Conseil de sécurité. La sous-représentation des économies en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine, est inacceptable compte tenu des vastes populations qu’elles représentent et de leur puissance grandissante. Guterres doit résoudre ce problème de déséquilibre régional en faisant entrer ces pays au Conseil de sécurité à tour de rôle, pour qu’ils puissent participer dans la prise de décision.

Ces dernières années, l’ONU a dû faire face à une série de critiques et de scandales, mais de nombreux observateurs pensent que la nomination de cet homme respecté unanimement pourra restaurer la crédibilité de l’organisation. Toutefois, quels que soient les talents diplomatiques de Guterres, il ne pourra pas y parvenir seul. S’il veut vraiment promouvoir la paix dans le monde, il lui faudra le soutien infaillible de tous les pays membres. S’adressant à la télévision américaine CBS, le Portugais évoquait l’importance de cette union : « Tant de gens sont secourus par l’ONU. Si l’organisation échoue souvent, c’est aussi parce que les États membres ne sont pas capables de s’unir et créer les conditions pour que l’ONU soit plus efficace. » En fin de comptes, l’organisation est jugée par sa capacité à aider les personnes dans le besoin. En janvier 2017, Guterres devra s’atteler à la tâche et utiliser son talent de persuasion pour unir les États membres et rétablir le rôle de l’organisation dans la résolution des crises mondiales.

Le RéDACTeUR en CHeF