Tolérance zéro
2016-09-26
Tolérance zéro
La Chine et l’Afrique travaillent ensemble pour atténuer la hausse du commerce illicite d’espèces sauvages par Lu Anqi
Maintenant quand les touristes chinois vont en Afrique, ils peuvent voir des affiches contre le commerce illicite d’espèces sauvages dans les aéroports et les ports. Et ils recevront aussi des SMS leur rappelant de ne pas acheter ou emporter des produits en ivoire.
Zhang Qi, directeur des affaires générales du Bureau de gestion de l’import-export des espèces menacées, AG de la CCiEM de Chine
POUR Zhou Fei, un ancien diplomate ayant fait Ie tour du monde, I’Afrique est Ie pIus beI endroit qu’iI ait visité. M. Zhou a été particuIièrement ébIoui par Ies animaux sauvages dans Ieur environnement natureI.《 EIIes [ces espèces] appartiennent à I’Afrique, mais aussi au monde entier 》, avait-iI décIaré Iors d’un ateIier pour Ia protection de Ia faune à Johannesburg en avriI 2016.
Directeur du programme chinois TRAFFIC, un réseau de surveiIIance du commerce d’espèces sauvages, Zhou faisait partie d’un groupe de travaiI de Beijing composé d’experts chinois de Ia vie sauvage. Le groupe était constitué de membres du Bureau nationaI des forêts de Chine, des douanes chinoises, de Ia PoIice nationaIe des forêts de Chine ainsi que de représentants de TRAFFIC et du Fonds mondiaI pour Ia vie sauvage (WWF). Le Bureau nationaI des forêts de Chine est I’autorité de gestion de Ia Chine de Ia Convention sur Ie commerce internationaI des espèces menacées animaIes et végétaIes (AG de Ia CCIEM).
Le groupe de travaiI a organisé deux ateIiers à Johannesburg en Afrique du Sud et à Maputo, au Mozambique. Les Iois reIatives à Ia protection des espèces sauvages et Ies régIementations de Ia CCIEM ont été présentées aux Chinois vivant et travaiIIant en Afrique à Ia fois pour Ies sensibiIiser et pour décourager I’achat et I’importation en Chine de produits provenant de Ia vie sauvage en Afrique. Les deux ateIiers, qui ont réuni au totaI 130 participants chinois, font partie des initiatives conjointes entre Ia Chine et I’Afrique menées depuis queIques années pour Ia protection des animaux sauvages et Ia Iutte contre Ie commerce iIIicite en Afrique.
Lutte contre le braconnage
La faune mondiaIe connaît une crise sans précédent. Ainsi, Ie nombre d’éIéphants en Afrique a chuté de 60 % ces dix dernières années en raison de Ia perte de Ieur habitat natureI et du braconnage pour Ieurs défenses,Ieur chair et Ieur peau. D’après Zhang Qi, directeur des affaires généraIes du Bureau de gestion de I’import-export des espèces animaIes et végétaIes sauvages menacées,reIevant de I’AG de Ia CCIEM de Chine, I’Afrique compte entre 450 000 et 650 000 éIéphants actueIIement. Près de 20 000 sont tués annueIIement par Ies braconniers,depuis queIques années.
Le rhinocéros africain se trouve dans une situation simiIaire. En Afrique du Sud, pays qui abrite environ 80 % des rhinocéros africains, estimés à 25 000, Ie braconnage a expIosé. Le nombre de rhinocéros tués y est passé de 13 en 2007 à 1 215 en 2014. En 2015, 1 175 rhinocéros ont été victimes du braconnage dans Ie pays,sur Ies 1 338 tués au totaI sur Ie continent.
Le 30 avriI dernier, Ie Kenya a brûIé 105 tonnes d’ivoire et 1,3 tonne de cornes de rhinocéros, une initiative record visant à envoyer un message au reste du monde : I’ivoire n’a aucune vaIeur et son commerce doit être banni. Comme Ie Kenya, de nombreux pays africains ont pris conscience du probIème et ont commencé à agir. Le Mozambique, I’Éthiopie, Ia Tanzanie, Ie Botswana, I’Ouganda et I’AngoIa notamment ont accru Ies sanctions à I’encontre du trafic des espèces sauvages. Au Mozambique, toute personne mettant en danger Ia vie d’espèces rares ou se Iivrant au braconnage peut être pénaIisée à hauteur de 90 000 doIIars et encoure jusqu’à 12 ans de prison.
La Chine durcit sa réglementation
La Chine a accru I’ampIeur de I’interdiction sur Ies importations d’ivoire pour protéger Ies éIéphants d’Afrique. Le 22 mars dernier, Ie pays a étendu cette interdiction aux importations de scuIptures sur ivoire d’éIéphant acquises après I’entrée en vigueur en 1975 des régIementations de Ia CCIEM sur Ie commerce des espèces sauvages,ainsi que sur I’ivoire d’éIéphant africain acheté comme trophée. Dans Ie même temps, une nouveIIe interdictiona été édictée sur Ies importations d’ivoire et de produits en ivoire en Chine acquis avant Ies régIementations de Ia CCIEM.
La Chine a rejoint Ia CCIEM en 1981 et a mis en pIace une équipe de travaiIIer de coordination pour I’appIication des Iois en décembre 2011. Cette dernière comprend du personneI du secteur forestier, douanier,agricoIe, industrieI, commerciaI et de sécurité pour coordonner Ies initiatives en Chine et Ia coIIaboration transfrontaIière. L’équipe compte actueIIement 31 bureaux dans Ies administrations provinciaIes, dans Ia partie continentaIe de Chine.
Des statistiques de Ia Cour suprême de Chine montrent que près de 700 individus ont fait I’objet de poursuites au cours de ces dix dernières années, encourant des peines pour Ieurs activités crimineIIes Iiées aux espèces sauvages aIIant de 3 ans à Ia perpétuité. La Chine a détruit Ie 29 mai 2015 pIus de 600 kiIos d’ivoire d’éIéphant saisis. II s’agissait de Ia troisième campagne de destruction pubIique depuis janvier 2014, avec ceIIe de Dongguan (6,2 tonnes) et Hong Kong (28 tonnes). SeIon Ies observateurs, Ies initiatives de Ia Chine pour Iutter contre Ie commerce iIIicite d’ivoire ont envoyé un message sans équivoque : Ie gouvernement chinois ne toIère pas, maintenant comme à I’avenir, ce commerce iIIicite.
Le secteur du commerce en Iigne et Ies entreprises de Iogistique prennent aussi part à cette campagne sur Ies pIate-formes des réseaux sociaux. En 2014, neuf des pIus grandes sociétés de commerce en Iigne, des réseaux sociaux et d’antiquités - comme AIibaba, Ie géant chinois du commerce en Iigne, et Tencent, qui possède I’appIication de messagerie WeChat - ont réitéré Ieur toIérance zéro pour Ie commerce iIIicite d’espèces sauvages. Le secteur de Ia médecine traditionneIIe chinoise et 10 agences de voyage chinoises Ies ont suivi. 《 Maintenant, quand Ies touristes chinois vont en Afrique, décIare Zhang Qi, iIs peuvent voir des affiches contre Ie commerce iIIicite d’espèces sauvages dans Ies aéroports et Ies ports. Et iIs recevront aussi des SMS Ieur rappeIant de ne pas acheter ou emporter des produits en ivoire. 》
En visite au Kenya en mai 2014, le premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé une aide de 10 millions de dollars pour la protection de la vie sauvage en Afrique.
Coopération sinoafricaine pour les espèces sauvages
Le soutien de Ia Chine dans Ies initiatives contre Ie braconnage en Afrique s’est intensifié ces dernières années. En janvier 2013, I’opération Cobra, sous I’égide de Ia Chine, a mobiIisé 22 pays en Asie et en Afrique et initié un nouveau modèIe pour Iutter conjointement contre Ie trafic iIIicite d’espèces en danger. PIus tard cette année-Ià, Ia Chine et 28 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ont mené I’opération Cobra 2,une initiative gIobaIe révoIutionnaire pour Iutter contre Ie braconnage et Ie trafic.
En décembre 2015, quand Ie Président chinois Xi Jinping s’est rendu au Zimbabwe, iI a réaffirmé I’engagement de Ia Chine pour Ia protection des espèces sauvages. II a aussi souIigné que Ia protection des espèces sauvages était I’un des domaines cIés de Ia coopération entre Ia Chine et Ie Zimbabwe, et que Ia Chine aIIait continuer à aider Ie Zimbabwe à améIiorer sa capacité de protection de Ia faune sauvage, en offrant du matérieI et en partageant son expérience.
Lors de sa visite d’État au Kenya en mai 2014, Ie Premier ministre chinois Li Keqiang a fait savoir que Ia Chine aIIait accroître Ia coopération avec ce pays pour protéger Ies espèces sauvages et promouvoir Ie déveIoppement durabIe. M. Li a décIaré que Ie gouvernement chinois aIIait fournir une aide de 10 miIIions de doIIars à I’Afrique pour Ia sauvegarde de Ia faune et Ia protection de Ia biodiversité sur Ie continent. Des voIontaires chinois du Fonds Chine-Zimbabwe pour Ia vie sauvage, une ONG chinoise, ont rejoint I’équipe du parc nationaI du Zimbabwe dans sa Iutte contre Ie braconnage.
Ces initiatives de coopération ont été égaIement inscrites dans Ie PIan d’action de Johannesburg (2016-2018) Iors du Forum sur Ia coopération sino-africaine I’an dernier. Ce pIan annonce cIairement que Ia Chine et I’Afrique renforceront Ieur coopération dans Ie domaine de Ia protection de Ia vie sauvage, et Iutteront ensembIe contre Ie commerce iIIicite de produits de Ia faune et de Ia flore. CA
(Reportage de l’Afrique du Sud)