Une armée de robots à la rescousse du made in China
2016-03-25YANGSHUetZHANYUAN
YANG SHU et ZHAN YUAN*
Une armée de robots à la rescousse du made in China
YANG SHU et ZHAN YUAN*
Un match de football entre robots organisé le 24 novembre 2015 à Beijing, lors de la Conférence mondiale 2015 sur la robotique.
La Chine est la patrie des robots. Usines, entreprises et ménages s’équipent à qui mieux mieux. Une tendance qui n’est pas près de disparaître.
Aujourd’hui en Chine, les robots-balayeurs, les tondeuses robot et les robots pédagogiques sont la coqueluche des consommateurs. Avec l’essor de la robotique industrielle, la plupart des usines chinoises se sont dotées de robots permettant de transporter et de souder sans l’aide d’ouvriers.
Il est indéniable que la Chine est d’ores et déja le plus grand utilisateur de robots au monde, et que les robots made in China ont réussi à gagner une place sur le marché international. La robotique pourrait-elle alors orienter la transformation et la mise à niveau de l’industrie manufacturière chinoise ?
Un énorme marché
La robotique est mentionnée en bonne place dans le rapport d’activité du gouvernement 2014, qui indique que la Chineréalisera une percée considérable dans des technologies clés tels que le supercomputing, l’intelligence artificielle et le riz hybride. Le gouvernement a affecté 150 millions de yuans à la R&D et à la généralisation de la robotique pour favoriser la standardisation de ce secteur.
Pourquoi les robots ont-ils gagné une telle faveur? Une des explications se trouve dans la situation actuelle de la Chine. La poursuite de l’industrialisation chinoise est confrontée à des défis nouveaux : fin du bonus démographique, hausse du coût de la main-d’œuvre… L’automatisation des usines pourrait non seulement régler dans une certaine mesure le problème de la pénurie de main d’œuvre, la libérant ainsi de l’industrie bas de gamme, mais aussi élever les capacités et le niveau de la manufacture chinoise.
D’après des statistiques de la Fédération internationale de la robotique, à peu près 57 000 robots industriels ont été vendus sur le marché chinois en 2014, soit un quart des ventes mondiales. Parmi eux, 40 000 robots sont de fabrication étrangère, une augmentation de 47 % par rapport à l’année précédente. 16 900 robots ont été vendus par des entreprises chinoises, soit une augmentation de 25 %.
30 robots pour 10 000 ouvriers chinois, contre 437 pour la Corée du Sud, 152 pour les États-Unis, et 62 pour la moyenne mondiale. La Chine espère faire monter ce chiffre à 100 robots pour 10 000 ouvriers en 2020.
Les visiteurs découvrent les robots mignions lors d’une exposition à Beijing.
La Chine est le plus grand marché en matière de vente de robots. La Fédération internationale de la robotique prévoit d’ailleurs que la Chine comptera plus de 130 000 robots en 2016 et représentera le marché le plus important pour ce domaine. La « révolution robotique » devrait créer un marché de plusieurs milliers de milliards de dollars.
En tant que point d’entrée et levier de la croissance de la « troisième révolution industrielle », la robotique permettrait également d’influer sur la structure de la manufacture internationale. La Chine déploie de grands efforts pour réaliser cette transformation.
L’ère « maker » parfaite pour allier hardware et software
Stimulée par la politique favorable de ces deux dernières années, l’industrie robotique chinoise est d’une vitalité sansprécédent. Actuellement, on compte plus de 4 000 entreprises enregistrées liées à la robotique, dont un millier créées au cours du premier semestre 2015.
Selon les données 2014 de l’Alliance chinoise de l’industrie robotique, les entreprises de robotique étrangères ont occupé 70 % du marché chinois. Leurs produits se situent surtout dans le haut de la gamme. Les entreprises chinoises du secteur se situent, elles, dans le bas de la gamme.
« Il est impossible de développer l’industrie robotique avec de petites entreprises et des financements modestes, fait remarquer Qu Daokui, PDG de Siasun Robot & Automation Co., LTD. À l’étranger, on compte une dizaine de géants de la robotique. La Chine a besoin d’entreprises de robotique d’envergure disposant d’une force globale. »
Le 30 décembre 2013, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information a publié ses Opinons directrices sur l’accélération du développement du secteur robotique industriel, qui indique qu’il faut former, d’ici 2020, trois à cinq grands groupes capables d’entrer dans la compétition internationale. Dans ces circonstances, la fondation du HIT Robot Groupe en décembre 2014 est considérée comme une avancée de l’industrie robotique chinoise en matière d’intégration des ressources.
« Actuellement, les Makerspaces chinois ne se développent que dans le domaine du logiciel. Cependant, grâce aux nouveaux progrès techniques, la robotique sera un point de combinaison parfait entre le software et le hardware », estime Qu Daokui.
Coopération avec l’étranger
En comparaison avec d’autres pays, le nombre des robots est bien insuffisant en Chine. 30 robots pour 10 000 ouvriers chinois, contre 437 pour la Corée du Sud, 152 pour les États-Unis, et 62 pour la moyenne mondiale. La Chine espère faire passer ce chiffre à 100 robots pour 10 000 ouvriers en 2020.
Les entreprises de robotique étrangères accélèrent leur entrée sur le marché chinois, qui est le plus grand consommateur potentiel du secteur. En plus du marché de vente de produits et de services techniques, les entreprises étrangères de robotique voient également la Chine comme une base de production des robots, et élargissent leurs activités sur le marché chinois : de l’assemblage des machines à la production des pièces importantes. Pour preuve : en octobre 2012, le fabricant allemand de robots industriels KUKA a fondé une usine à Shanghai ; en juillet 2012, la société japonaise Yaskawa Electric a créé sa première base de production à l’étranger à Changzhou (province du Jiangsu) ; la société américaine Adept Technology a ouvert une filiale à Shanghai en 2012 ; le groupe allemand Reis Robotics a construit un atelier à Suzhou (Jiangsu) en 2013.
L’entreprise Ruihong à Jiaxing dans le Zhejiang s’est spécialisée dans la conception de robots.
La Chine et les États-Unis sont arrivés à un accord sur la construction et la gestion en coopération d’une ligne ferroviaire à grande vitesse dans l’ouest des États-Unis. Selon Wei Dong, secrétaire général de l’Alliance du développement de la robotique et de l’équipement intelligent de Chongqing, les coopérations de ce genre, ainsi que la demande en robots et technologies d’intelligence artificielle permettront de mieux orienter la production manufacturière.
Avec l’élargissement de l’envergure du secteur, la Chine cherche activement à coopérer avec l’étranger dans le domaine de la robotique. Le 19 décembre 2014, la première édition de la Conférence mondiale de la robotique et de l’équipement intelligent s’est tenue à Chengdu (capitale du Sichuan). Dans le même temps, l’Alliance internationale de la robotique et de l’équipement intelligent a été fondée. Luo Jun, chef de la direction de l’Association asiatique de l’industrie manufacturière est élu au poste de président exécutif et de secrétaire général.
M. Luo nous explique que l’Association projette de mettre en place dans dix villes d’ici trois ans, des zones modèles de robotique et d’équipement intelligent, des centres de l’industrie 4.0, ainsi que des projets tels que des instituts de recherche sur la manufacture automatisée et les robots connectés à internet.
Un certain nombre d’entreprises informatiques américaines représentées par Intel, Microsoft et Google se sont engagées dans le domaine robotique et développent activement des collaborations avec la Chine, et permettront certainement une nouvelle révolution dans ce secteur.
*YANG SHU et ZHAN YUAN sont journalistes au Guangming Daily