La porcelaine
2016-03-25GUHE
GU HE
La porcelaine
GU HE
Copie d’un vase Ming à fleurs bleues sur fond blanc.
En anglais, la Chine se dit « China » et la porcelaine aussi. D’après la légende, la prononciation anglaise du mot viendrait du nom historique de la capitale chinoise de la porcelaine : Changnan, l’actuelle Jingdezhen.
La porcelaine est fabriquée à partir du kaolin (autre emprunt au chinois gaolin qui désigne le type d’argile utilisé pour fabriquer la porcelaine) qui se solidifie et devient imperméable après avoir été chauffé à très haute température (1 280 à 1 400 ℃). La porcelaine est souvent ornée de couleurs ou motifs obtenus par des pigments qui changent de couleur en fonction de la température de cuisson.
On a retrouvé des fragments d’objets en porcelaine dans les ruines de l’ancienne capitale des Shang (XVIIesiècle au XIesiècle av. J-C) lors de fouilles archéologiques. Ces fragments ont été cuits à très haute température, ils sont imperméables et par leur composition chimique et leurs propriétés, diffèrent complètement de la poterie. C’est pour cela qu’ils sont considérés par les experts comme de la « paléoporcelaine ». La période Shang marquerait donc le début de cet art.
Dans L’Histoire de la porcelaine chinoise, les spécialistes considèrent que la porcelaine à proprement parler serait apparue sous les Han orientaux (25-220). Comme le dit le spécialiste Feng Xianming, « plusieurs preuves nous permettent d’affirmer que celle-ci est apparue à l’époque des Han, notamment les objets en porcelaine découverts dans le Zhejiang à Shangyu et à Ningbo. On en a majoritairement trouvé dans le Zhejiang et le Jiangxi. Comme cette région appartenait à l’époque à la région de Yue, on l’appelle la porcelaine Yue. La période Tang et des 5 Dynasties il y a 1 000 ans est la période faste de la porcelaine Yue. Le poète Lu Guimeng de la dynastie Tang en avait même fait un poème : « Aux premiers frimas de l’automne, lorsque les fours de Yue s’allument, le vert des montagnes s’imprime dans les céladons. » La porcelaine Yue est connue pour son vert profond appelé « vert des montagnes ».
La porcelaine produite à l’époque dans le Jiangxi était connu pour sa blan cheur opaline, ce qui lui valait le surnom de « faux jade ». Dans le Henan, c’était la porcelaine Gong bleue et blanche qui était connue, notamment pour la profondeur de ses bleus et l’épaisseur des parois des vases.
La période Tang est aussi l’époque où la porcelaine chinoise a été le plus exportée. Encore aujourd’hui, on retrouve au Japon, en Corée, aux Philippines, en Irak, en Égypte et au Kenya des objets en porcelaine de l’époque des Tang.
Depuis la dynastie Song (960-1279), la ville de Jingdezhen est reconnue pour sa porcelaine. Sous le règne Jingde de l’empereur Zhenzong des Song, la ville fournissait la porcelaine impériale et a été rebaptisée Jingdezhen. L’utilisation de cette céramique par la haute société d’alors a fait de Jingdezhen la capitale de la porcelaine.
Les variétés de porcelaine Jingdezhen sont très nombreuses : on trouve aussi bien des porcelaines de style épuré bleues et blanches que des porcelaines multicolores. La porcelaine bleue et blanche est évidemment la plus connue. C’est surtout sous les Yuan (1271-1368) qu’elle a connu le plus de succès à l’export. On dénombre à peu près 300 objets en porcelaine de ce type datant des Yuan dans le monde, parmi ceux-ci, 80 sont conservées au musée de Turquie.
Depuis l’époque Ming et Qing, (1368-1911), Jingdezhen est devenu le centre névralgique de la fabrication de porcelaine en Chine. Que ce soit en termes de nombre, style, qualité ou exportation, cette période est l’âge d’or de la porcelaine chinoise. La réputation de la porcelaine chinoise : « blanche comme le jade, claire comme un miroir, fine comme le papier, sonnante comme une clochette » était faite.
L’influence de la porcelaine chinoise à travers le monde n’est pas uniquement matérielle, elle est aussi spirituelle. Les Japonais vantaient la porcelaine Ming pour sa beauté et sa finesse, les familles royales européennes et les nobles se l’arrachaient, la collectionnaient. La porcelaine chinoise était alors symbole de richesse et de statut social.
Mis à part sa valeur esthétique, la porcelaine avait évidemment une valeur mercantile et dans certains pays, elle faisait office de monnaie et valait aussi cher que certains métaux précieux.
La porcelaine n’est donc pas simplement un objet d’utilisation quotidienne comme la porcelaine domestique, c’est aussi un objet de décoration, parfois même utilisé pour accompagner les défunts dans leur tombe.
Depuis l’époque Tang, la porcelaine s’exporte partout dans le monde. Notamment par deux routes : la Route de la Soie du continent par l’Asie mineure et le Moyen-Orient, la Perse et les régions entourant la Méditerranée. Une autre route, maritime celle-ci, partait de Guangzhou pour contourner la péninsule malaisienne, passer par l’océan Indien jusqu’au golfe persique et atteindre la Méditerranée et l’Égypte. C’est la Route de la Soie maritime. La Route de la Soie et la Route de la Porcelaine étaient deux « artères » pour les échanges culturels entre la Chine et l’étranger. La porcelaine, au même titre que la soie, n’est pas uniquement un trésor de la civilisation chinoise, mais pour l’humanité toute entière.
Article publié par Monthly Digest du groupe Zhonghua Book Company.