La Chine se met auvert
2016-03-25LIWUZHOUmembredeladaction
LI WUZHOU, membre de la rédaction
La Chine se met auvert
LI WUZHOU, membre de la rédaction
Des touristes se reposent dans le parc national écologique du relief karstique de la montagne Wangping à Chongqing.
À Ansai, dans le nord du Shaanxi, sur le plateau de lœss, les tambours font partie du folklore traditionnel. L’image la plus courante est cette serviette blanche que les joueurs de tambour portent à la tête et leur gilet en peau de mouton.
Ils font résonner leur tambours comme des coups de tonnerre et voltiger des rubans de soie rouge autour d’eux en même temps.
Mais depuis quelques temps, les gens du coin ont l’impression que cette danse des tambours n’est plus aussi belle qu’autrefois. La terre jaune (le lœss) qui était l’arrière-plan de ces spectacles a disparu peu à peu. En effet, la poussière jaune qui s’élevait pendant la danse n’existe plus. Le terrain a été revégétalisé. Le gouvernement du district d’Ansai a même été obligé de mettre un terrain découvert à la disposition de la troupe des tambours pour leur servir de scène afin de retrouver un peu de cette poussière qui faisait partie du spectacle.
Cette histoire montre un peu l’étendue du phénomène de revégétalisation de la Chine.
La Chine est un grand pays agricole et ce, depuis des millénaires. Mais un défrichement outrancier dû à l’accroissement de la population a eu pour résultat que lors de la proclamation de la République populaire de Chine en 1949, la couverture forestière ne représentait plus que de 8,6 % du territoire.
Le reboisement a très tôt attiré l’attention des dirigeants. À partir de Mao Zedong, tous les dirigeants chinois ont entrepris de reboiser le pays, et ont pris part eux-mêmes à ces campagnes de reboisement qui ont duré plus de 50 ans. Dans les années 1980, la Chine a même établi la fête du reboisement. Les officiels chinois, Deng Xiaoping à leur tête, ontdonné l’exemple en prenant part à cette campagne nationale.
Selon les statistiques, en un demi-siècle, la Chine a planté 61,4 milliards d’arbres. Xu Gaoliu, agriculteur, a planté, 30 ans durant, quelque 800 000 pieds d’arbres dans son village d’Aiming, dans le canton de Nanxin à Nanchang dans le Jiangxi.
Le groupe Elion a mis lui quatre ans, à créer 6 000 km² d’oasis dans le désert de Kubuqi, en Mongolie intérieure. Cette superficie représente un sept millième de la superficie des déserts de la planète.
Dès 1979, la Chine a lancé un programme écologique sur 70 ans de construction de bandes forestières en Chine du Nord-Ouest, du Nord et du Nord-Est. À ce jour, on a reboisé déjà 20 millions d’hectares, soit un septième des forêts artificielles du monde.
En 2002, la politique de « rendre des champs cultivés à la forêt et à la prairie » a été mise en œuvre. À ce jour, 24,3 millions d’hectares de champs cultivés ont été réattribués soit à la forestation, soit à la préparation pour être reboisés.
La zone modèle Liming du traitement des ordures ménagères et de l’industrie écologique à Caolu construite par la SARL de la protection de l’environnement Pudong de Shanghai.
Ces dernières années, le développement des parcs forestiers a également pris de l’ampleur. Au Guangdong par exemple, 1 000 parcs forestiers vont être aménagés d’ici 3 ans. Au Ningxia et au Shanxi, chaque district a pour mission de créer au moins un parc forestier. À la fin 2014, la Chine comptait déjà 3 000 parcs forestiers, dont 800 nationaux.
La superficie des forêts se réduit dans le monde et la croissance économique nationale exerce de fortes pressions écologiques, mais la Chine a réussi à accroître la superficie de ses forêts et le volume des stocks forestiers. L’augmentation de la surface des forêts a été de 4 millions d’hectares par an. En 2013 et 2014, cet accroissement a même atteint 6 millions d’ha par an. Fin 2014, les bandes forestières représentaient une superficie de 66,9 millions d’hectares, soit la première place mondiale.
Un groupe international de recherches dirigé par des scientifiques de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud d’Australie a analysé les données obtenues par les satellites de surveillance ces 20 dernières années. Le résultat de leurs recherches montre la tendance à l’augmentation de la couverture végétale ces dernières années.
Une des raisons de ce phénomène est que la Chine ne cesse de planter et ce, à une large échelle. Un rapport de la FAO a prouvé aussi la grande contribution de la Chine au renversement de la réduction des ressources forestières dans le monde.
Selon une enquête récente sur les ressources forestières nationales, la superficie totale des forêts chinoises est de 208 millions d’hectares . La couverture forestière est passée de 8,6 à 21,63 % en 60 ans.
Le développement vert
En mars 2015, la Chine a lancé son objectif du « développement vert ». Un nouvel objectif stratégique après l’industrialisation de nouveau type, l’informatisation, l’urbanisation et la modernisation de l’agriculture. C’est le signal pour une accélération du développement d’un mode de production écologique et la réalisation d’un mode de vie plus propice à l’environnement.
Ce développement vert a un contenu beaucoup plus riche que la simple notion de reboisement. Il désigne un mode de développement orienté vers le respect de l’environnement et l’optimisation du développement dans son ensemble. Il devrait entraîner une transformation globale dans les domaines politique, économique, culturel et social.
Malgré les résultats impressionnants du reboisement en Chine, cela ne peut pas neutraliser les graves conséquences de la dégradation environnementale dues au mode de production extensif. La sécurité alimentaire, la pollution des nappes phréatiques et de l’atmosphère inquiètent toujours le grand public.
Depuis la mise en œuvre de la réforme et de l’ouverture, la croissance a démarré en se basant sur des secteurs nécessitant une forte main-d’œuvre pour offrir au monde des produits manufacturés bon marché. Des industries polluantes et gourmandes en énergie ont été transférées à la Chine. D’où une pollution de l’eau, de l’air et du sol, et des effets néfastes pour l’environnement. Le smog apparu ces dernières années en Chine du Nord et dans les grandes villes de l’Est en est une manifestation directe. Il démontre une forte consommation d’énergie, des émissions considérables et une mauvaise gestion de la question écologique.
Peu à peu, la Chine a réalisé la nécessité de transformer son mode de croissance. En septembre 1995, on a connu le passage d’une économie extensive à une économie intensive. Sur cette base, en 2005, un mode de croissance caractérisé par l’esprit d’économie, soit l’investissement faible, la consommation basse, les émissions faibles et le rendement élevé a été adopté. En 2007, c’est la notion de « civilisationécologique » qui a été lancée et la tâche stratégique de transformer le mode de croissance a été clairement édictée. Tout cela prouve que la Chine a une conception plus mûre et plus raisonnable du développement au XXIesiècle.
En 2012, la Chine s’est donné pour objectif de construire « la belle Chine ». Elle a mis la construction de la civilisation écologique au même rang que l’économie, la politique, le culturel et le social, et mise sur le développement durable et la création d’un environnement agréable à vivre.
À la lumière de ces buts stratégiques, la Chine déploie des efforts considérables pour perfectionner les lois et règlements sur l’environnement, encourager l’innovation scientifique et technique, transformer le mode de production et trouver un mode de consommation économe et écologique. Ces efforts ciblés montrent la détermination à combattre la pollution de l’environnement.
Le professeur Cai Shouqiu, directeur de la Société d’étude du droit de l’environnement et des ressources, a déclaré : « Pour accomplir ces objectifs, la Chine a mis au rencart des capacités de production obsolètes, mis en place un contrôle sur la construction de projets fortement polluants et consommateurs d’énergie, fermé, fusionné ou rénové les usines responsables d’émissions importantes, et mis au point un système juridique relatif à la protection de l’environnement. Ce système comprend diverses lois portant respectivement sur la protection de l’environnement, la protection de l’environnement marin, la prévention de la pollution atmosphérique, la prévention de la pollution de l’eau, la promotion de la production propre et de l’économie de recyclage. Celui-ci porte aussi sur l’économie énergétique et l’usage d’énergies renouvelables, sur la protection des forêts, des prairies, et des lois relatives à l’eau, au sol et à l’usage des espaces maritimes, ainsi que la Loi sur l’aménagement des déserts, la Loi sur la vulgarisation des techniques aratoires (travail de la terre), la Loi sur les achats gouvernementaux (achat prioritaire des produits certifiés économes en énergie). Ces dernières années, on a publié le Règlement en dix points sur la protection de l’air et le Règlement en dix points sur la protection de l’eau. »
Ces mesures, lois et règlements ont été efficaces puisque ces cinq dernières années, 100 millions de tonnes de production sidérurgique, 560 millions de tonnes de production charbonnière et 400 millions de tonnes de production de ciment ont été éliminées. Selon Zhao Baige, membre de la Commission nationale des experts sur le changement climatique, en 2014, la consommation d’énergie et l’émission de CO2par unité de PIB ont respectivement diminué de 29,9 % et de 33,8 % par rapport à 2005. L’objectif contraignant d’économie d’énergie et de réduction des émissions, à savoir que les émissions de CO2par unité de PIB en 2015 diminueront de 17 % par rapport à 2010, a été accompli. La Chine est désormais le premier pays au monde en ce qui concerne l’économie d’énergie et l’usage des énergies nouvelles et renouvelables.
Les données fournies par le professeur Cao Mingde de l’Université des sciences politiques et juridiques, montrent que le rendement énergétique chinois s’est accru de 1 891,3 yuans/tec en 1990 à 14 792,2 yuans/tec en 2014. L’intensité énergétique se rapproche de plus en plus de celle des pays développés.
Une vie « bas carbone »
Beaucoup de Chinois ne comprennaient pas très bien le sens exact du « développement écologique ». Mais grâce aux diverses campagnes de sensibilisation, ils acceptent aujourd’hui dans une grande mesure la notion de la vie au bas carbone. Ils y font d’ailleurs plus attention lors de leurs déplacement ou dans leur vie quotidienne.
Dans les grandes villes où les embouteillages sont courants, les voitures s’achètent par tirage au sort, les plaques d’immatriculation sont vendues aux enchères pour limiter le nombre de voitures afin de réduire la pollution. Mais l’achat des voitures nouvelles énergies n’est lui, pas limité, et peut bénéficier aussi d’une subvention gouvernementale. La Chine est donc le marché numéro 1 des voitures à énergies nouvelles. En 2015, 300 000 voitures électriques ont été vendues, soit 30 % du marché mondial.
Étant donné l’état de la voirie et le niveau des revenus, les vélos et les tricycles électriques sont aussi très nombreux. En 2015, 22 millions de vélos et 8 millions de tricycles électriques ont été vendues. Beaucoup de gens utilisent toujours leur vélo normal pour se déplacer.
Dans un autre registre, la politique pour subventionner l’électroménager économe en énergie, avec 8 et 20 % du coût de production a permis d’élever le niveau technologique des produits et à accroître la vente des articles d’électroménager écologiques.
Des personnalités publiques, acteurs, présentateurs télé, sportifs, ont pris une part active à l’encouragement de la vie « bas carbone ». Prenons pour exemples Zhou Xun, Jet Li, Li Bingbing, Liu Xiang. Des groupements sociaux organisent aussi des activités pour vulgariser les connaissances sur le calcul de l’empreinte carbone et donner des conseils pour acheter un puits de carbone, organiser une conférence « écologique » ou une noce « écologique »…
La vie « bas carbone » commence à s’enraciner en Chine, surtout parmi les citadins. Dans les supermarchés, dans les marchés, les clients utilisent des sacs plastiques recyclables. De moins en moins d’hôtels fournissent des articles sanitaires jetables, et de plus en plus de personnes ont l’habitude de partir avec leur propre brosse à dents, dentifrice et serviettes de bain. Les lampes à économie d’énergie ont également remplacé les lampes à incandescence.
Dans certains quartiers d’habitation, des travailleurs bénévoles collectent les habits et les livres dont les habitants n’ont plus besoin pour les offrir aux régions pauvres. Beaucoup d’écoliers utilisent leurs connaissances apprises pour surveiller l’usage économe de l’eau et de l’électricité chez eux.
À Shanghai, Li Mengchu, élève et membre d’un orchestre, va à l’école en bus, en portant elle-même son instrument, et refuse de prendre la voiture particulière de sa famille. Selon elle, c’est aussi la façon d’agir de beaucoup de ses copains.
Dans un quartier de Wuhan, nous avons vu des habitants fabriquer des savons de toilette avec l’huile usée de hottes de cuisinière. Ils en offrent à leurs voisins s’ils en ont trop. Les voisins se font donc un plaisir de leur offrir de la matière première.