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Une bénédiction déguisée ?

2015-11-10DengYaqing

中国与非洲(法文版) 2015年3期

Une bénédiction déguisée ?

Dépourvue d'une croissance économique rapide, la Chine tente de trouver de nouveaux facteurs de croissance par Deng Yaqing

L'éCONOMlE chinoise a progressé de 7,4 % en 2014, alors que les autorités s'efforcent de procéder à une réforme structurelle, d'éliminer les capacités productives obsolètes et de promouvoir l'innovation.

« La Chine a surmonté d'énormes défis pour maintenir son taux de croissance autour de 7,5 % »,affirme Ma Jiantang, chef du Bureau national des Statistiques (BNS). Selon lui, ce taux de croissance a été difficile à atteindre, malgré une production estimée à 63 600 milliards de yuans (10 400 milliards de dollars).

Bien que l'économie se développe à un rythme ralenti par rapport à la croissance à deux chiffres des années précédentes, les Chinois bénéficient de prix bas et de nombreuses créations d'emplois, nuance M. Ma. Selon les statistiques du BNS et du ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale,l'indice chinois des prix à la consommation (lPC) a augmenté de 2 % en 2014 et 13,2 millions d'emplois ont été créés dans les zones urbaines, soit un chiffre largement supérieur à l'objectif annuel de 10 millions.

Tandis que les industries traditionnelles ont été confrontées à de nombreuses difficultés en 2014, les secteurs émergents comme l'Internet mobile ont gagné du terrain, ce qui montre que l'économie chinoise progresse vigoureusement le long de la chaîne de valeur.

Ma Jiantang, Chef du Bureau national des Statistiques

« L'environnement économique restera complexe en 2015 », observe M. Ma. « Si quelques pays développés connaissent actuellement une reprise économique, le contexte intérieur est toujours incertain. Mais la Chine bénéficie encore de conditions favorables qui lui permettront de maintenir un taux de croissance moyen à élevé en 2015. »

L'industrialisation, l'informatisation, l'urbanisation et la modernisation agricole ont jeté une base solide pour la croissance stable de l'économie chinoise en 2015. Selon M. Ma, avec l'installation de millions d'habitants dans les zones urbaines, l'allocation des ressources sera plus efficace et dynamisera le marché intérieur.

Les politiques de réforme et d'ouverture continueront de stimuler l'enthousiasme entrepreneurial,principal moteur d'une croissance stable. Selon M. Ma, la réduction de l'intervention gouvernementale et la simplification de l'accès au marché inciteront 900 millions de personnel professionnel, scientifique et technique à innover et à créer des entreprises.

La qualité plutôt que la quantité

Le ralentissement de la croissance économique incite à privilégier la qualité et l'efficacité. D'après M. Ma,la productivité annuelle de la main-d'œuvre a atteint 72 313 yuans(11 647 dollars) par habitant, soit une hausse de 7 % par rapport à l'année précédente. La consommation d'énergie par unité de PlB a été en outre réduite de 4,8 %.

« Avec l'approfondissement de la réforme économique structurelle et l'amélioration continue du modèle de développement et d'allocation des ressources, le ralentissement semble inévitable », indique Yu Yongding, expert à l'Académie des Sciences sociales de Chine.

M. Yu prend ainsi l'exemple du secteur sidérur-gique. En Chine, plus de 20 % de la capacité de production d'acier reste inexploitée, alors que la seule province du Hebei compte au moins 300 industries sidérurgistes. Leur fermeture conduirait à un déclin du PlB, mais pourrait en revanche renforcer le PlB environnemental.

Liu Kegu, ancien vice-gouverneur de la Banque de Développement de Chine, se fait l'écho de ce point de vue. Selon lui, la Chine a longtemps accordé une importance excessive au rythme de la croissance, négligeant la qualité du développement et le bien-être de la population. « Une partie des investissements destinés à stimuler la croissance du PlB, ajoute-t-il,doit être consacrée à l'élimination de la pollution, à l'amélioration effective des conditions de vie de la population, à la sécurité de l'emploi et aux secteurs de la santé et de l'éducation ».

Selon Qu Hongbin, économiste en chef de HSBC en Chine, le pays a réussi à sortir de sa dépendance excessive aux investissements immobiliers. D'après les statistiques du BNS, le secteur de la construction immobilière a chuté de 10,7 % en 2014 et les achats de terres par des promoteurs immobiliers ont baissé de 14 % par rapport à l'année précédente.

Le secteur des services a remplacé l'industrie manufacturière comme principal moteur de l'économie chinoise

Vers de nouveaux facteurs de croissance

Selon M. Ma, le secteur tertiaire a remplacé l'industrie manufacturière comme principal moteur de la croissance économique chinoise.

La valeur ajoutée du secteur des services a en effet contribué à 48,2 % du PlB chinois en 2014, soit une augmentation de 1,3 %. En outre, les statistiques du BNS indiquent que la valeur ajoutée du secteur tertiaire a augmenté de 8,1 %, contre 7,3 % pour l'industrie et 4,1 % pour le secteur primaire.

D'après M. Qu, les services créent plus d'emplois que les autres secteurs. Par conséquent, cette tendance contribuera à stabiliser l'emploi et à faciliter les réformes économiques.

Tandis que les industries traditionnelles ont été confrontées à de nombreuses difficultés en 2014,les secteurs émergents comme l'lnternet mobile ont gagné du terrain, ce qui montre que l'économie chinoise progresse vigoureusement le long de la chaîne de valeur, affirme M. Ma.

« Le secteur des services, les industries émergentes liées à lnternet, ainsi que les industries de technologie de pointe se développent. Les industries énergivores évoluent également, mais à un rythme moins élevé », ajoute M. Ma.

Selon les statistiques du BNS, le secteur des industries de haute technologie a cru de 12,3 % en 2014, à un rythme plus élevé de 4 % que celui de la valeur ajoutée des entreprises industrielles. L'industrie d'équipements manufacturiers a également progressé de 10,5 %, tandis que le commerce dedétail en ligne a grimpé de 49,7 % et le volume de la livraison express de 51,9 %.

Avec la croissance fulgurante des industries de technologie de pointe, les exportations des produits de haute technologie tels que les trains à grande vitesse ont également augmenté l'année dernière,indique Li Kang, économiste en chef chez Xiangcai Securities.

Pour soutenir la restructuration économique,les entreprises ne doivent pas cesser d'améliorer leurs produits et leurs technologies. Le marché doit jouer un rôle décisif dans l'allocation des ressources et le gouvernement doit adopter des politiques de restructuration industrielle et macro-économique. « Le principal facteur de croissance reste l'innovation entrepreneuriale », commente M. Ma.

Croissance du PIB chinois

Des obstacles à venir

Le PlB chinois s'est établi à 10 400 milliards de dollars en 2014, soit environ le double de celui du Japon. Le PlB chinois est ainsi le deuxième au monde à dépasser le cap des 10 000 milliards de dollars. « Cependant, la Chine se situe seulement au 80erang mondial en termes de PlB par habitant, à environ 7 400 dollars par tête », indique Lin Caiyi, économiste en chef chez Guotai Jun'an Securities.

En tant que pays à revenu intermédiaire, la Chine est confrontée au « piège du revenu intermédiaire »,une situation de stagnation économique. Le pays doit donc stimuler son marché intérieur à travers l'innovation, la transformation et l'ouverture, observe M. Lin.

La croissance ne sera pas durable si l'on surinvestit dans la fabrication, les biens immobiliers et la construction d'infrastructures. Cela ne peut que conduire à la surcapacité, aux bulles immobilières,à la dette des gouvernements locaux et aux risques financiers.

En raison de l'ajustement du marché immobilier et de la réduction de la surcapacité dans l'industrie manufacturière ces dernières années, la croissance des investissements en capital fixe s'est ralentie,avec un taux de croissance estimé à 15,1 % en 2014. Étant donné que les investissements dans l'industrie manufacturière comptent pour plus de 30 % du total,l'élimination de la surcapacité et des surinvestissements conduira inévitablement à un taux moins élevé de croissance dans les investissements en capital fixe, explique M. Ma. L'économie chinoise a donc subi une grande pression à la baisse en 2014 et la subira encore en 2015, ajoute-t-il.

Les exportations d'équipements de réseaux ferrés à grande vitesse ont beaucoup augmenté en 2014

Lors de la restructuration économique et du traitement de la surcapacité de production, lesentreprises manufacturières traditionnelles sont plus vulnérables à la rupture de la chaîne des capitaux, ce qui accroît les risques de défaillance, affirme M. Lin.

« En général, avec le ralentissement de la croissance économique, le ratio de levier grimpe. Un ratio de levier croissant reflète la diminution des capacités des entreprises à payer leurs dettes », indique en outre M. Yu.

Paramètre économique important, l'lPC chinois a augmenté seulement de 2 % en 2014. Jusqu'à fin décembre, l'indice des prix à la production (lPP) a affiché une croissance négative pour le 34emois consécutif, selon les statistiques du BNS.

Selon Lian Ping, économiste en chef à la Banque des communications, la croissance négative de l'lPP a freiné l'expansion de l'industrie manufacturière et a miné le développement macroéconomique.

Le ralentissement de la croissance de l'lPC et le déclin de l'lPP reflètent une faible demande intérieure, et le risque de déflation mettra à rude épreuve l'endurance de l'économie chinoise, explique M. Qu de HSBC.

« Depuis le deuxième semestre de 2014, les prix internationaux des matières premières comme le pétrole brut ont baissé, ce qui accroît la possibilité d'une déflation », ajoute-t-il. CA

ÉCONONIE

Indicateurs macro-économiques en 2014

» L’indice des prix à la consommation (IPC), la principale jauge de l’inflation, s’est accru de 2 %.

» L’indice des prix à la production (IPP) a diminué de 2,2 %.

» Le commerce extérieur a augmenté de 3,4 % pour atteindre 4 300 milliards de dollars. Les exportations se sont accrues de 6,1 % pour s’établir à 2 340 milliards de dollars,tandis que les importations ont progressé de 0,4 % pour s’élever à 1 960 milliards de dollars.

» Les investissements directs étrangers (IDE) dans la partie continentale de la Chine se sont élevés à 119,56 milliards de dollars, soit une augmentation de 1,7 %.

» Les IDE de la partie continentale de la Chine vers l’extérieur ont atteint 102,89 milliards de dollars, soit une hausse de 14,1 %.

» La valeur ajoutée des entreprises industrielles a augmenté de 8,3 %, avec un revenu de l’activité principale de plus de 20 millions de yuans (3,22 millions de dollars) par an.

» Les investissements en capital fixe se sont établis à 50 200 milliards de yuans (8 090 milliards de dollars), soit une hausse de 15,1 % après déduction de l’inflation.

» Les ventes au détail ont atteint 26 240 milliards de yuans(4 230 milliards de dollars), soit une augmentation de 10,9 % après déduction de l’inflation.

» Le revenu disponible par habitant des ménages urbains s’est élevé à 28 844 yuans (4 646 dollars), soit une hausse de 6,8 % après déduction de l’inflation.

» Le revenu en espèces par habitant des ménages ruraux s’est élevé à 10 489 yuans (1 689 dollars), soit une hausse de 9,2 % après déduction de l’inflation.

» Les nouveaux prêts libellés en yuan ont atteint 9 780 milliards de yuans (1 580 milliards de dollars), soit une augmentation de 890 milliards de yuans (143,34 milliards de dollars) par rapport à 2013.

» Jusqu’à fin 2014, la M2, une large mesure de la masse monétaire qui couvre l’argent liquide en circulation et tous les dépôts, s’est établie à 122 840 milliards de yuans(19 780 milliards de dollars), en hausse de 12,2 %.

(Source : Bureau national des Statistiques, ministère du Commerce)