Marketing de succès

Marketing de succès

Les produits de santé chinois offrent une source de revenus pour de nombreux Zimbabwéens par Sally Nyakanyanga

LORSQU'ELLE a perdu son mari dans un accident en Afrique du Sud， Juliet Ajara s'est retrouvée seule avec six enfants à charge. Cette jeune professeur n'avait jamais imaginé qu'elle devrait élever ses enfants seule avec son maigre salaire.

« Ma situation était une malédiction， mais elle est devenue l'opportunité de toute une vie »，raconte Ajara， aujourd'hui âgée de 56 ans.

C'est Nyasha Chikwinya， aujourd'hui ministre des Affaires des femmes， du genre et du développement communautaire du Zimbabwe， qui lui a présenté en 2007 son travail actuel. Après avoir payé des frais d'enregistrement de 2 dollars et effectué une formation， Ajara a commencé à inviter des personnes dans son réseau pour acheter des produits Tiens.

Aujourd'hui， elle a un salaire mensuel de 2 000 dollars et a donné à ses enfants la meilleure éducation possible， grâce au Réseau de Marketing de Tiens. Ajara se voit maintenant comme une héroïne， se comparant à la star américaine Oprah Winfrey car elle peut， comme elle， donner une partie de son argent pour l'humanitaire. Avec plus de 6 000 partenaires dans le monde entier， Ajara a reçu fièrement une voiture de sport BMW X-5 valant 40 000 dollars， pour avoir atteint le niveau 8 étoiles dans l'entreprise de marketing chinoise. Le groupe Tiens a aujourd'hui plus de 100 000 distributeurs au Zimbabwe， qui sont enregistrés au Conseil des Praticiens de la Médecine Traditionnelle du pays.

Le groupe， fondé en 1995 par le milliardaire et philanthrope Li Jinyuan à Tianjin， une ville portuaire du nord de la Chine， s'est lancé sur le marché international en 1997. Le conglomérat multinational se spécialise entre autres dans la vente multiniveau，formant des vendeurs pour écouler ses produits de santé Tiens， et créant un réseau d'acheteurs qui à leur tour vendent les produits qu'ils achètent.

Ce travail ne nécessite aucune qualification， （peut être commencé）avec très peu de capital， et peut rapporter beaucoup.

Juliet Ajara， Vendeuse du groupe Tiens Zimbabwe

Le groupe a développé une série de produits diversifiés qui se basent sur la culture traditionnelle chinoise， notamment des produits de santé， de la nourriture fortifiante pour le corps， de la médecine traditionnelle， des produits de beauté et des produits d'entretien de la maison. Tiens promeut et encourage l'autonomie individuelle. ll a aujourd'hui des millions de distributeurs dans le monde， a des branches dans 110 pays et vend dans 190 pays.

Cela offre aux Zimbabwéens comme Ajara une source de revenus alternatifs， à un moment où le pays fait face à des pertes d'emploi massives et à un déclin économique. Selon la Banque de développement africaine， le Zimbabwe continue de souffrir du ralentissement économique dû au manque de capital ou à son coût trop élevé， à un retard technologique et à des goulets d'étranglement structurels. Les Perspectives économiques africaines 2014 notaient que le Zimbabwe restait dans une situation délicate， avec une dette extérieure élevée et une désindustrialisation massive.

L'économie du Zimbabwe continue à plonger， avec des milliers de personnes perdant leur travail et de nombreuses entreprises obligées de fermer. Les pertes d'emploi sont notamment la conséquence d'un décret de la Cour Suprême du 17 juillet 2015 qui donne le droit aux entreprises de mettre fin aux contrats de leurs employés avec un préavis de 3 mois et sans frais de licenciement. Le gouvernement souhaite amender la loi sur le travail pour stopper la montée du chômage. En attendant， les Zimbabwéens sont forcés de quitter le pays à la recherche de travail， ou d'entrer dans le secteur informel.

« Ce travail ne nécessite aucune qualification，（peut être commencé） avec très peu de capital， et peut rapporter beaucoup »， affirme Ajara.

Li， le fondateur du groupe Tiens， est à présent sur la liste Forbes des milliardaires. L'entreprise a donné plus de 237 millions de dollars à des organisations humanitaires dans le monde， et a fait les gros titres de l'actualité lorsqu'elle a offert à 6 400 de ses employés un séjour en France， au prix de 4，2 millions de dollars. CA

（Reportage du Zimbabwe）