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Eau les cœurs

2024-03-08ReportagedugalparALYDIOUF

中国与非洲(法文版) 2024年3期

Reportage du Sénégal par ALY DIOUF

Un ingénieur chinois et un collaborateur sénégalais travaillent sur le site du projet.

Sinohydro et le Sénégal unissent leurs forces pour l’eau potable à Dakar

Au Sénégal, Sinohydro, une filiale de PowerChina, se consacre à l’amélioration significative de l’approvisionnement en eau potable de Dakar.Sur l’avenue du Front de Terre prolongée, à l’origine de la route des Pères Maristes, une équipe dévouée d’ouvriers sénégalais et chinois s’affaire jour et nuit pour optimiser le réseau de distribution d’eau potable dans le département de Dakar.Avec une population estimée à 1 182 416 habitants en 2023, et une densité de 7 277 habitants par km², la demande croissante en eau potable est palpable, exacerbée par des pertes substantielles liées à l’ancienneté des canalisations,certaines remontant à l’époque coloniale.

Dans ce contexte, un accord a été conclu avec le soutien de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA)pour augmenter l’approvisionnement en eau grâce à une nouvelle usine de dessalement en construction dans le quartier des Mamelles de Dakar.Ce projet prévoit également le remplacement des conduites vétustes et anciennes.Le Japon, par l’intermédiaire de la JICA, a alloué au Sénégal un financement de près de 137 milliards de francs CFA (230 millions de dollars), destiné à sécuriser et à étendre l’accès à l’eau potable dans la capitale et ses environs, ainsi qu’à réduire les pertes d’eau par la rénovation des conduites.Ces mesures s’alignent sur les politiques gouvernementales visant à répondre aux besoins en eau, à renforcer les infrastructures de production et de distribution, et à assurer la durabilité et la sécurité des systèmes existants.

La Société nationale des eaux du Sénégal (SONES),en tant que principal responsable, dirige le projet de dessalement, capable de produire jusqu’à 50 000 m³d’eau potable par jour, avec un potentiel d’expansion à 100 000 m³/jour.Les travaux sont divisés en deux phases, axées sur l’amélioration du réseau de distribution à Dakar par la sectorisation et le remplacement des canalisations, incluant les accessoires et la robinetterie.La première phase concerne l’installation d’environ 175 km de canalisations de 90 mm à 1 000 mm de diamètre dans les quartiers des Almadies, Parcelles Assainies,Grand-Yoffet Mermoz-Sacré-Cœur.La seconde phase couvre environ 141 km de canalisations de 90 mm à 700 mm de diamètre dans les zones du Grand Dakar,HLM et Dakar Plateau.Sinohydro s’est vu attribuer les deux lots, marquant une étape importante dans l’effort collectif pour améliorer l’accès à l’eau potable à Dakar.

Des employés locaux

Le directeur général de la SONES, Charles Fall, souligne l’importance de respecter scrupuleusement le calendrier du projet, conformément aux instructions du Président de la République, Macky Sall.Il met en avant la technologie avancée de désalinisation par osmose inverse mise en œuvre à la station de traitement.Cette technologie,moins consommatrice d’énergie, permet de produire une eau potable répondant aux normes internationales de l’Organisation mondiale de la santé.L’eau, pompée sous haute pression, traverse une membrane qui retient les sels, séparant ainsi l’eau des saumures, ces dernières étant ensuite diluées en haute mer dans le respect des principes de durabilité environnementale.

M.Fall estime que le recours à l’eau dessalée réduira la dépendance envers les eaux du lac de Guiers, éloigné de 250 km, et les forages menacés par l’intrusion saline due à l’intense prélèvement d’eau.Il rappelle que depuis la période coloniale, aucun programme d’une telle envergure n’a été consacré au renouvellement du réseau d’approvisionnement en eau de Dakar,avec des pertes journalières estimées à 40 000 m³.Le renouvellement de 316 km de conduites s’inscrit dans une initiative majeure pour contrer ces pertes,comparables à la production moyenne d’une usine comme celle de Ngnith.

Le projet, initié le 22 septembre 2021, a marqué un jalon important avec l’achèvement de l’installation de 135 km de conduites, selon Ren Chuanke, directeur chez Sinohydro.Pour assurer une exécution fluide du projet, l’entreprise a capitalisé sur le savoir-faire local, embauchant près de 500 employés.Ces postes couvrent une large gamme de compétences, incluant des ingénieurs, des ouvriers, des topographes, des agents de sécurité, des interprètes, des opérateurs d’engins et de véhicules, des soudeurs, des menuisiers,des maçons, ainsi que des techniciens de maintenance.

M.Ren a mis en lumière les défis rencontrés durant l’exécution du projet : « Dakar, avec son histoire riche,présente un réseau de canalisations souterraines complexe, une nappe phréatique haute, une saison des pluies prolongée et le besoin de coordonner avec de multiples autorités pendant la construction.Ces facteurs ont compliqué la coordination des travaux.»Toutefois, il a souligné l’engagement de Sinohydro et de la SONES à surmonter ces obstacles pour améliorer rapidement l’accès à l’eau potable pour les habitants de Dakar.

Dans cette optique, M.Fall a détaillé les efforts de communication déployés, notamment une stratégie de communication de proximité et institutionnelle visant à tenir les communautés informées de l’avancement des travaux et à renforcer le dialogue.Sous l’égide du gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, un comité de concertation regroupant les représentants des secteurs de l’eau, de la téléphonie, des routes et de l’informatique,se réunit trimestriellement.L’objectif est de synchroniser leurs actions et de garantir la restauration des sites post-travaux à leur état original.

Sinohydro mobilise l’expertise régionale,intégrant près de 500 talents locaux à son équipe.

Aspect environnemental

M.Ren a souligné l’adoption récente d’une nouvelle stratégie pour accélérer le calendrier de construction du projet.Cette approche implique l’exécution de multiples fronts de travail en parallèle, avec des équipes opérant 24 heures sur 24.« Nous mobilisons actuellement 15 équipes diurnes et 7 nocturnes, auxquelles s’ajoutent 8 équipes spécialisées dans la réfection de chaussées et 2 équipes dédiées aux tests de pression.Chacune de ces équipes se compose d’un noyau d’ingénieurs ou de techniciens supérieurs chinois et d’un plus grand nombre d’ouvriers sénégalais.Cette organisation non seulement favorise une avancée plus rapide, mais contribue également à former une main-d’œuvre locale qualifiée dans le domaine de la construction de canalisations d’eau, renforçant ainsi les liens d’amitié entre la Chine et le Sénégal », a affirmé M.Ren.Il a ensuite ajouté : « Nous sommes résolument engagés à surmonter tous les obstacles pour garantir le succès du projet, dans le but d’améliorer l’approvisionnement en eau au Sénégal.»

En ce qui concerne l’aspect environnemental des travaux, la collaboration entre la SONES et Sinohydro accorde une attention particulière à la préservation de l’environnement.« Notre équipe de projet est profondément consciente des enjeux environnementaux locaux et s’engage à minimiser l’impact des travaux sur la communauté locale », a expliqué M.Ren.Avant le début du projet, des mesures préventives ont été prises pour assurer une communication efficace entre les responsables en matière d’hygiène, de sécurité et d’environnement et les communautés locales.Ce dialogue a permis de présenter en détail le programme de construction et d’écouter les préoccupations et suggestions des habitants, garantissant ainsi que leurs besoins et intérêts soient pris en compte.« Nous nous engageons à préserver l’environnement et à respecter la communauté tout au long du processus de construction,en veillant à réduire au minimum les perturbations sur la qualité de vie des résidents.Nous sommes convaincus que notre collaboration avec la population sénégalaise fera de ce projet un succès notable », a conclu M.Ren.CA