Un échange enrichissant

Reportage d’Afrique du Sud par DERRICK SILIMINA

Les montagnes escarpées du Swartberg et du Koue Bokkeveld en Afrique du Sud s’élèvent majestueusement au-dessus de terres agricoles fertiles consacrées à la culture des agrumes.

L’accord commercial entre la Chine et l’Afrique du Sud pour les agrumes porte ses fruits auprès des agriculteurs

Au sein des reliefs escarpés du Swartberg et du Koue Bokkeveld en Afrique du Sud, se nichent des terres arables dédiées à la culture des agrumes.Ces montagnes forment une barrière naturelle captant suffisamment de précipitations pour encourager l’installation d’agriculteurs dans cette région méridionale.

Siabonga Mbete, âgé de 34 ans, se spécialise dans la culture des clémentines, ces petits agrumes dépourvus de pépins qui ont transformé bon nombre d’agriculteurs sud-africains en véritables entrepreneurs prospères.

Tandis que des camions bifurquent de la route principale, soulevant un nuage de poussière, pour récupérer clémentines et citrons de la modeste exploitation de M.Mbete située dans la province du Cap-Oriental en direction du marché international, l’agriculteur voit l’avenir avec sérénité.La culture des agrumes a en effet stimulé la création de nombreuses entreprises agricoles, dévoilant ainsi le potentiel agronomique insoupçonné de la nation.

« Cette terre représente bien plus qu’une source de revenus pour nombre d’entre nous.Elle nourrit nos familles, soutient notre communauté, et pour ma part,elle m’a offert la chance d’acquérir des compétences précieuses.Je nourris l’ambition de lancer ma propre entreprise de culture d’agrumes dans un futur proche »,confie M.Mbete, l’un des plus de 200 employés saisonniers de la plantation Khangela, lors d’une interview accordée àCHINAFRIQUE.

Une croissance vigoureuse

Selon l’Association sud-africaine des producteurs d’agrumes (CGA), l’industrie des agrumes a enregistré une progression notable ces dernières années.En 2022, plus de 160 millions de cartons de fruits ont été exportés à l’échelle mondiale.D’ici 2032, l’ambition est d’ajouter 260 millions de cartons supplémentaires à cette exportation annuelle, ce qui générera près de 240 000 emplois et injectera 50 milliards de rands(2,66 milliards de dollars) dans l’économie sud-africaine.Chaque année, la saison des agrumes en Afrique du Sud est synonyme de récoltes abondantes, notamment pour les exploitations de la province du Cap-Oriental.Ainsi, la Ferme d’agrumes Khangela, localisée dans la région d’Addo à une soixantaine de kilomètres de Port Elizabeth, exporte des produits tels que les oranges,mandarines et citrons vers des destinations comme le Japon et certains pays du Moyen-Orient.

C’est le gouvernement sud-africain qui a acquis cette ferme, investissant des millions de rands pour renforcer l’infrastructure et le développement des compétences au profit des communautés du district municipal de Sarah Baartman du Cap-Oriental.

La province voisine du Cap-Occidental, dotée d’un climat méditerranéen distinct, est célèbre pour la vallée fertile de la rivière Olifants, source de délicieux agrumes gorgés de nutriments.

« Le soutien du Département de l’agriculture et du développement rural du Nord-Ouest a été le pilier de notre réussite.Outre nos contrats d’exportation vers le Moyen-Orient, nous alimentons également des entreprises locales qui valorisent davantage nos produits », témoigne Karabo Mduli, co-fondatrice du Projet d’agrumes Bokamotso, une exploitation familiale florissante.

Les vergers d’agrumes sud-africains ont traversé les époques, soutenant des générations entières.Cet héritage agricole perdure et façonne l’avenir économique du pays, tout en enrichissant la vie des générations actuelles et futures.

Partie de quelque 1 000 arbres fruitiers, l’entreprise de Mme Mduli a connu une croissance exponentielle,comptant désormais plus de 8 000 arbres.Elle emploie actuellement 50 travailleurs permanents, renforcés par plus de 100 saisonniers.

Néanmoins, des exportateurs comme M.Mbete et Mme Mduli sont aujourd’hui confrontés à des régulations renforcées de l’UE concernant les agrumes sudafricains, mettant à rude épreuve le secteur.Des problèmes logistiques ajoutent des défis, en particulier pour les producteurs du nord, y compris Mme Mduli.

Une opportunité émergente

La CGA note l’importance du protocole révisé sur les citrons entre l’Afrique du Sud et la Chine, signé en 2021,pour l’industrie des agrumes.Ce protocole pourrait porter la production de citrons à 175 000 tonnes d’ici 2024, faisant de la Chine un marché clé et générant 325 millions de rands (17,32 millions de dollars) en revenus d’exportation.Paul Hardman, directeur des opérations de la CGA, vise à exporter 25 000 tonnes de citrons vers la Chine d’ici 2024, avec des perspectives prometteuses.Il est à noter que les exportations sud-africaines vers la Chine ont connu une ascension spectaculaire, notamment avec des expéditions de pamplemousses, d’oranges et d’agrumes doux totalisant 130 000 tonnes en 2020.

Des ouvriers agricoles en action pendant la période de récolte dans une exploitation d’agrumes en Afrique du Sud.

M.Hardman a souligné la pertinence cruciale de l’industrie d’exportation d’agrumes pour l’Afrique du Sud, garantissant 140 000 emplois et apportant 1,6 milliard de dollars de revenus d’exportation annuels.Il insiste sur le rôle primordial du partenariat renforcé avec la Chine dans la dynamique de création d’emplois et de génération de revenus.

L’Afrique du Sud est le deuxième plus grand exportateur mondial d’agrumes grâce à ses conditions climatiques favorables, ayant exporté 146 millions de cartons en 2020.Les prévisions annoncent un gain de 6,8 milliards de rands (362,36 millions de dollars) et 22 250 emplois supplémentaires dans le secteur des agrumes d’ici trois ans.

Les échanges entre la Chine et l’Afrique du Sud ont grimpé de 1,4 milliard de dollars en 1998 à 56,7 milliards en 2022.Accéder au marché chinois est essentiel pour augmenter les exportations d’agrumes sud-africains, en ligne avec le plan gouvernemental axé sur l’agriculture.

Suite aux restrictions de l’UE sur les agrumes sudafricains en juillet 2022, diversifier les marchés est devenu essentiel.« Nous cherchons davantage de débouchés pour notre industrie.Les projections indiquent une hausse de 300 000 tonnes de production dans les trois prochaines années, nécessitant d’élargir nos exportations », a déclaré Thoko Didiza,ministre de l’Agriculture, de la Réforme agraire et du Développement rural.CA