Savoir s’ajuster
2023-01-07parLUYAN
par LU YAN
L’industrie touristique chinoise se redresse mais de nombreuses entreprises doivent s’adapter pour survivre
Ce que préfère Wang Peng, 27 ans, est l’ascension des montagnes chinoises. Pour le designer de Shanghai, conquérir les hauteurs lui donne une sensation de satisfaction. Les paysages naturels des diverses régions qu’il a traversées suscitent l’émerveillement.Cependant, cela fait plus de deux ans que Peng n’a pas enfilé ses chaussures de randonnée.
« J’ai hâte de voyager à nouveau. La pandémie a vraiment chamboulé ma vie », a-t-il partagé avecCHINAFRIQUE, ajoutant qu’il subodore que son vœu sera réalisé prochainement. En effet, fin juin, la Chine a annoncé des modifications à ses lignes directrices en matière de prévention et de contrôle de la pandémie,après avoir commencé à obtenir des résultats positifs à Shanghai et ailleurs.
Auparavant, l’application nationale de suivi des contacts COVID-19 pour smartphone, qui était nécessaire pour les voyages, marquait d’un astérisque le laissez-passer numérique de tout résident d’une ville ayant fait l’objet de cas de COVID-19 au cours des 14 derniers jours. La présence de l’astérisque empêchait les utilisateurs de voyager vers de nombreuses destinations. Cette mesure a été abolie afin de faciliter les déplacements interurbains. Le gouvernement a également annoncé qu’il réduirait la quarantaine des voyageurs entrant sur le territoire de 14 à 7 jours.
« Le déploiement de ces nouvelles mesures est un signal visant à renforcer la confiance des citoyens et des entreprises » a déclaré àCHINAFRIQUEWei Xiang,professeur à l’Académie chinoise des sciences sociales et spécialiste de l’économie des loisirs et du tourisme.
De bonnes perspectives
L’application nationale de suivi des contacts COVID-19, connue sous le nom deXingcheng Ka(carte de voyage), a été développée en 2020 par l’institut de recherche scientifique du ministère de l’Industrie et de l’Informatisation, l’Académie chinoise des technologies de l’information et des communications, en coopération avec les trois principaux opérateurs de télécommunications du pays, China Mobile, China Unicom et China Telecom. L’application a accès aux données de géolocalisation de l’utilisateur pour produire un laissez-passer numérique qui doit être présenté lorsqu’on se déplace d’une ville à l’autre.
« Le déploiement de ces nouvelles directives ne signifie pas un assouplissement des mesures de contrôle,ni l’abandon de la politique “zéro COVID” », a exprimé Wu Zunyou, épidémiologiste en chef au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.
Faisant écho à M. Wu, M. Wei a affirmé que l’ajustement avait été effectué en fonction de la situation mondiale et nationale la plus récente, et conformément aux besoins actuels de la Chine. « Cela démontre que les approches de la Chine en matière de lutte contre la pandémie ne sont pas rigides. Elles sont dynamiques et continuent d’être mises à jour en réponse à l’évolution de la situation », a-t-il fait valoir, ajoutant que tout en minimisant la possibilité de propagation du virus,les politiques étaient également axées sur la création d’un environnement propice à la reprise économique.
Selon les statistiques de Qunar.com, une agence de voyages en ligne, les recherches de billets d’avion et de train sur la plateforme ont augmenté dans les 30 minutes suivant l’annonce de la nouvelle politique,tout comme la recherche d’hôtels. Des internautes ont également posté sur les réseaux sociaux des photos comparant la gare sud de Beijing avant et après l’annonce : l’une était déserte tandis que l’autre était pleine de voyageurs qui transportaient des bagages.
Malgré ce signal positif du gouvernement, nombreux sont ceux qui craignent encore de voyager. « Que se passera-t-il si le gouvernement local décide de restrictions supplémentaires ? », s’interroge Liu Yi, une étudiante qui voyage avec un petit budget. « Ce serait terrible si je ne le découvrais qu’après mon arrivée sur place. »
L’inquiétude de Yi est compréhensible. Selon M. Wu,si la suppression de l’astérisque vise à limiter les restrictions locales excessives, un certain nombre d’internautes ont signalé que des villes introduisaient leurs propres alternatives pour maintenir le contrôle.C’est le cas de Hangzhou, chef-lieu de la province du Zhejiang qui a introduit son propre système en utilisant un point d’exclamation rouge à la place de l’astérisque.
Le mécanisme conjoint de prévention et de contrôle du Conseil des affaires d’État, la plus haute autorité chinoise de contrôle des épidémies, a récemment réitéré sa position catégorique interdisant les mesures excessives de confinement et l’abus d’outils connexes.Il souligne que les autorités locales ne devraient pas imposer de restrictions de voyage excessives, utiliser des codes de santé numériques à des fins non liées ou refuser de manière rigide les travailleurs du secteur du transport, ce qui a été courant ces derniers mois.
Le déploiement de ces nouvelles directives ne signifie pas un assouplissement des mesures de contrôle, ni l’abandon de la politique « zéro COVID ».
Le déploiement de ces nouvelles mesures est un signal visant à renforcer la confiance des citoyens et des entreprises.
WEI XIANG Professeur à l’Académie chinoise des sciences sociales et spécialiste de l’économie des loisirs et du tourisme
La technologie est essentielle
D’après M. Wei, la pandémie a considérablement perturbé le tourisme, mais elle peut également inciter les acteurs de l’industrie à se transformer grâce à la technologie.
Par exemple, lors du Festival des éclaboussures d’eau,l’une des fêtes les plus importantes du peuple dai, de la préfecture autonome dai de Xishuangbanna, dans la province du Yunnan, qui a eu lieu en avril de cette année, le gouvernement local a parrainé une célébration en ligne. Environ 130 000 personnes à travers le pays ont regardé la diffusion en direct, inondant la section des commentaires de volées d’emojis de gouttelettes d’eau, faisant semblant de s’éclabousser en ligne.
« Bien que je n’aie pas pu revenir pour le festival cette année, cet événement innovant m’a donné un sentiment d’implication », a fait part Liu Xinyu, un Dai vivant à Chengdu, dans la province du Sichuan. « Cela peut aussi contribuer à promouvoir notre culture dans le reste du pays et même à l’étranger. »
« Au cours des deux dernières années, la mise à niveau technologique de l’industrie du tourisme en réponse à la COVID-19 a été lente par rapport à celle d’autres industries. C’est l’occasion de la développer.L’industrie et le gouvernement sont déjà conscients de cela et explorent des options », a indiqué M. Wei,ajoutant que le processus éliminerait les acteurs faibles de l’industrie touristique. Selon lui, le gouvernement devrait prendre des mesures fiscales et de crédit préférentielles pour les entreprises qui adoptent les technologies utilisées par les voyageurs.
« Ces technologies peuvent être utilisées par les voyageurs pour planifier leur voyage avant leur départ,et même visualiser leurs destinations à l’avance en utilisant la réalité virtuelle », observe M. Wei.
Les voyages depuis le canapé sont également au goût du jour en Chine. Une mini-application sur la super-application chinoise WeChat permet aux utilisateurs de « gravir » des sections de la Grande Muraille avec leur téléphone. Ils peuvent ainsi admirer la beauté du site en fonction de l’heure à laquelle ils se connectent. Ils peuvent également en apprendre plus sur le lieu et gagner des récompenses numériques en répondant à des questions. Ces récompenses peuvent être converties en dons ou projets de préservation des reliques culturelles. CA