Mobilité urbaine
2022-10-15ReportagedugalparALYDIOUF
Reportage du Sénégal par ALY DIOUF
David Malpass(1er plan, premier à droite), président du Groupe de la Banque mondiale,écoutant les explications du Dr.Thierno Birahim Aw(1er plan, premier à gauche), directeur général du CETUD.
La mise en service du Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar,premier réseau de bus électriques en Afrique, est prévue pour 2023
Comme tous les jours ouvrables, la circulation sur le rondpoint de l’Union africaine, à mi-chemin entre le populeux quartier de Colobane et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, tourne au cauchemar pour les automobilistes. Ces derniers peuvent perdre plusieurs dizaines de minutes sur cet axe d’à peine deux kilomètres, qui fait partie des principaux points de passage de l’ambitieux projet BRT que le Sénégal développe actuellement pour décongestionner sa capitale.
Avec seulement 0,33 % du territoire national, la région de Dakar abrite le quart de la population et plus de 80 % des activités économiques du pays. En plus de la capitale politique, Dakar est également la capitale législative et judiciaire. Il existe donc un déséquilibre extraordinaire avec le reste du pays.Cette concentration exceptionnelle sur une infime partie du territoire n’est pas sans conséquence. Selon une étude de la Banque mondiale datant d’une dizaine d’années, les embouteillages à Dakar font perdre annuellement au Sénégal environ 100 milliards de francs CFA (152,6 millions de dollars). Face à une telle situation, le pays a décidé de prendre le problème à bras le corps. Outre la construction d’une nouvelle ville à Diamniadio et d’un aéroport à Diass, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Dakar, déjà dotée d’un Train express régional, les autorités misent désormais sur le BRT, dont la fin des travaux de construction et la mise en service sont prévues pour 2023.
La capitale respire
Le BRT de Dakar s’étend sur une distance de 18,3 kilomètres de voies aménagées. Il comptera au total 23 stations dont trois pôles d’échange. Ces stations sont localisées dans 14 communes parmi les plus densément peuplées et congestionnées de la région de Dakar.
Le BRT s’inscrit dans la stratégie de la ville pour un transport urbain durable et représente une contribution significative à la réduction des émissions carbone. Le pays prévoit la mise en place d’un réseau de transport en commun propre, à haute fréquence et à grande capacité. Il permettra la création de 1 000 emplois directs et de transporter jusqu’à 300 000 passagers par jour, ce qui améliorera le confort et la sécurité du transport urbain. Les temps de parcours seront réduits de moitié et 59 000 tonnes de CO2seront économisées annuellement.
En tant que projet intégré, le BRT favorisera le développement urbain le long de la route et améliorera la qualité de vie des riverains, tout en jouant un rôle positif dans la protection de l’environnement et le développement durable. Dr. Thierno Birahim Aw,directeur général du Conseil exécutif des transports urbains durables (CETUD), maître d’œuvre du projet,précise : « Il me plaît de rappeler que le BRT est un projet intégré, porteur de transformations positives,avec 40 kilomètres de réseau d’assainissement neuf, de mobilier urbain, d’éclairage public et d’aménagements paysagers. »
En plus de constituer une solution durable dans la capitale sénégalaise, le BRT contribue à réduire l’empreinte carbone du pays. C’est le seul projet de transport que le Sénégal ait inscrit à la COP 21 au titre de ses engagements pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, arrimé à une stratégie de transition énergétique et numérique.
C’est d’ailleurs dans cette optique que le CETUD a procédé, au mois de mars dernier, à la signature d’une convention de concession de service public pour le financement et l’exploitation-maintenance du projet de BRT. C’est une convention d’une durée de 15 ans avec le groupement mené par Meridiam en partenariat avec Keolis et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS). Elle prévoit le déploiement d’une flotte de 158 bus 100 % électriques pour un montant d’investissement total de plus de 135 millions d’euros(35 % du coût total du projet). Il s’agit du premier BRT au Sénégal et du premier BRT entièrement électrique en Afrique, structuré sous forme de partenariat public privé.Selon le Dr. Aw, il faut se féliciter que le projet porte un contenu local fort avec 30 % de participations dans la société d’exploitation réservées à l’État du Sénégal et aux opérateurs locaux à travers une convention de portage confiée au FONSIS.
La CRBC Sénégal a déjà réalisé plusieurs infrastructures routières de haut niveau dans le pays. Il s’agit, entre autres, des autoroutes à péage Thiès-Touba et Thiès-Aibd-Mbour,ainsi que du pont à péage de Foundiougne.
Un tronçon du BRT.
Rôle de la CRBC
Le BRT est construit par l’entreprise chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC), implantée au Sénégal en 2014. Elle a été enregistrée en 2018 selon la loi sénégalaise sous le nom de CRBC Sénégal. Selon son service de communication, la société remplit ses responsabilités sociales d’entreprise, tout en fournissant des services de haute qualité aux clients. Elle a subventionné 15 étudiants sénégalais pour qu’ils puissent apprendre le mandarin mais aussi et surtout le génie civil à l’Université Chang’an en Chine. Certains parmi ces étudiants ont terminé avec succès leurs études et sont retournés au Sénégal pour se joindre à la CRBC.
La CRBC Sénégal a déjà réalisé plusieurs infrastructures routières de haut niveau dans le pays. Il s’agit,entre autres, des autoroutes à péage Thiès-Touba et Thiès-Aibd-Mbour, ainsi que du pont à péage de Foundiougne. Tout comme le BRT, l’entreprise chinoise est aussi en train de réaliser l’autoroute à péage Mbour-Fatick-Kaolack. Elle est devenue un acteur important du Plan Sénégal Émergent.
Pour sa part, le Dr. Aw estime qu’avec la mise en place progressive d’un système de transport de masse,l’État confirme la place importante qu’il accorde à la promotion d’un transport public de qualité dans la résolution des problèmes de mobilité urbaine pour une économie nationale compétitive et décarbonée. À l’en croire, la volonté forte du chef d’État, le Président Macky Sall, est de favoriser l’investissement dans ces transports capacitaires pour asseoir un réseau de transport multimodal et durable. CA