Du « soi » et de l’« autre »

par LI XIAOYU

La représentation d’une danse traditionnelle ougandaise sur le fond des images de paysages du pays,lors de l’événement culturel du 23 août, à Beijing.

Les échanges culturels sino-ougandais soudent des liens d’amitié et sèment des graines d’espoir

Quand la riche culture de la perle de l’Afrique entre en contact avec les brillantes civilisations chinoises, quel en est le résultat ? La réponse à cette question nous est parvenue à l’occasion de la Journée culturelle Ouganda-Chine qui a eu lieu au Centre du tourisme culturel d’Afrique à Beijing, le 23 août.

Sous les projecteurs, une troupe d’artistes ougandais danse sur une musique entraînante. Ils enflamment les spectateurs. Sur l’écran en fond de scène défilent,au même moment, des images de ce pays d’Afrique de l’Est, allant de chutes vertigineuses, aux nombreuses espèces d’animaux sauvages, et passant par des montagnes inviolées et des lacs limpides. De son côté, une artiste de l’opéra de Pékin utilise ses compétences en acrobatie, chant, danse et gestuelle pour permettre au public d’apprécier l’essence de cet art classique chinois. Sur le podium, une équipe de mannequins seniors chinois portant laqipaomet en lumière le raffinement du costume traditionnel chinois, tandis que leurs homologues ougandais vêtus d’habits aux couleurs vives et aux motifs géométriques témoignent de la joie de vivre et de l’enthousiasme de leur peuple.

Organisé par l’ambassade d’Ouganda en Chine en collaboration avec le centre, l’événement en présentiel et virtuel a rassemblé des diplomates, la communauté ougandaise, des spectateurs chinois et d’autres participants étrangers. Il fait partie d’une série d’activités prévues cette année pour célébrer le 60eanniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Ouganda et la Chine. Comme l’a souhaité Christopher Bbosa Kiyingi, attaché militaire de l’ambassade d’Ouganda en Chine, « cet événement devrait être purement culturel et retracer la véritable tradition ougandaise ». La représentation a en effet répondu à ces attentes. En assistant à ce gala, la spectatrice chinoise Wang Chunlan s’est beaucoup enthousiasmée des beaux paysages de la perle de l’Afrique qui regorge de trésors naturels. « L’Ouganda est une terre pure, avec un climat agréable et un peuple simple. C’est un endroit qui fait rêver ! », partage-t-elle avecCHINAFRIQUE.

De fait, les échanges humains et culturels sinoougandais tels que celui-ci constituent l’un des points saillants qui illustrent l’excellence des relations qui existent entre les deux pays.

La culture chinoise a la cote en Ouganda

Avec l’épanouissement des relations sino-ougandaises,de plus en plus d’Ougandais ont éprouvé le besoin d’apprendre la langue chinoise. De ce fait, Wang Lihong, qui a quitté la Chine pour rejoindre son mari Ayub Sooma en Ouganda il y a plus de deux décennies, est déterminée à apprendre aux habitants locaux à parler le mandarin pour faciliter les échanges entre les deux peuples. Le couple possède sa propre école secondaire,le prédécesseur de l’Institut de technologie Luyanzi, à Bweyogerere, dans le district de Wakiso. Mme Wang,diplômée en langue et littérature chinoises à l’Université Tsinghua, organise des cours intensifs de neuf mois pour les enseignants du secondaire. Aujourd’hui, ses élèves ont commencé à donner des cours de mandarin dans des écoles à travers le pays.

L’un des moments forts de la Journée culturelle Ouganda-Chine vient en effet de la représentation en ligne d’une chanson chinoise par certains de ses étudiants. L’ancien ambassadeur de Chine en Ouganda,Zhao Yali, qui a occupé ce poste de 2011 à 2016, s’est dit profondément ému par leurs performances. « Durant mon mandat, l’institut a déjà commencé à dispenser des cours de chinois à des étudiants ougandais »,explique M. Zhao àCHINAFRIQUE. « Vous pouvez ressentir la sincérité de ces élèves dans leurs yeux et leur large sourire. Ces jeunes Ougandais éprouvent un attachement particulier pour le peuple chinois. »

Le chargé d’affaires de l’ambassade d’Ouganda en Chine Mugisha Wilberforce Fred affirme, lui, la popularité croissante de la culture chinoise en Ouganda. Selon ses dires, ce phénomène est perceptible au coin de la rue. « Si vous allez dans nos grandes villes, vous pouvez trouver de nombreux restaurants chinois. Parmi les 100 personnes que vous rencontrez dans les rues,deux ou trois parleront chinois à tour de rôle. C’est une formidable réussite », témoigne-t-il.

Si vous allez dans nos grandes villes,vous pouvez trouver de nombreux restaurants chinois.Parmi les 100 personnes que vous rencontrez dans les rues,deux ou trois parleront chinois à tour de rôle.C’est une formidable réussite.

MUGISHA WILBERFORCE FRED Chargé d’affaires de l’ambassade d’Ouganda en Chine

L’art ougandais s’expose en Chine

En plus des événements comme la Journée culturelle Ouganda-Chine, la population chinoise a des alternatives d’accès aux multiples facettes de la culture ougandaise.Le Centre du tourisme culturel d’Afrique à Beijing est l’une d’entre elles.

Défilé d’une équipe de mannequins seniors portant le costume traditionnel chinois, lors de la Journée culturelle Ouganda-Chine, le 23 août, à Beijing.

Grâce à cet établissement situé dans le nord-est de la capitale chinoise, le public a désormais accès à des spécimens d’animaux, à des objets artisanaux africains,comme des sculptures sur bois ou sur pierre, ainsi qu’à des bijoux produits sur le continent, tels que les saphirs de Tanzanie ou les émeraudes de Zambie. Le centre permet également aux visiteurs de déguster un délicieux café d’Éthiopie, du Kenya et d’Ouganda.

Comme l’a exprimé sa co-fondatrice Feng Xinxin lors de l’événement, le centre vise à servir comme plateforme de promotion de la coopération et des échanges culturels, touristiques et économiques entre les peuples chinois et africains. Avant de retourner en Chine à la suite de la crise sanitaire, Mme Feng s’est engagée dans le secteur touristique en Namibie pendant une dizaine d’années. Ayant remarqué l’insuffisance de lieux promouvant la culture africaine à Beijing, l’idée lui est venue de créer un centre dédié au tourisme culturel d’Afrique. « Le continent africain abonde en ressources naturelles et touristiques qui sont incomparables et irremplaçables. Elles méritent d’être davantage connues du peuple chinois », assure Mme Feng.

S’alignant sur le même objectif, le Parc culturel ougandais a été ouvert en juin 2018 à Changsha, chef-lieu du Hunan, dans le cadre d’un projet de coopération entre le pays et la province. Le parc, qui s’étend sur 40 hectares de terrain, est entouré de plans d’eau.Une dizaine de jeunes artistes ougandais ont créé des motifs illustrant la faune africaine, dont notamment des éléphants, des girafes, des chimpanzés, des gorilles de montagne, des lions et une variété de gibier sauvage.

Bob Wang, le propriétaire, a déclaré : « Nous considérons ce parc comme la porte de l’Afrique et une fenêtre permettant aux Chinois de découvrir l’Ouganda. » Il envisage de construire une salle d’exposition mettant en valeur les produits, l’artisanat, l’histoire, les peintures de l’Ouganda, et à l’avenir, de vrais animaux. CA