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L’Ouganda passe au nucléaire

2022-08-09ReportageOugandaparGODFREYOLUKYA

中国与非洲(法文版) 2022年8期

Reportage d’Ouganda par GODFREY OLUKYA

Un rapport de l’AIEA sur l’infrastructure électronucléaireest présenté àl’Ouganda. (AIEA)

L’AIEA approuve la proposition de l’Ouganda de construire une centrale nucléaire

L’Agence internationale de l’énergie atomique(AIEA) a donné le feu vert à la construction en Ouganda de la première centrale nucléaire en Afrique de l’Est et centrale, le 10 mai.

« Notre conclusion est que l’Ouganda est prêt pour la centrale. Nous sommes prêts pour l’accompagnement par la formation afin que le projet devienne réalité », a déclaré Aline des Cloizeaux,directrice de l’AIEA chargée de l’énergie nucléaire pour l’Afrique.

Le Président Yoweri Museveni se réjouit de cette approbation. « Nous avons besoin de la centrale nucléaire car l’hydroélectricité ne suffira bientôt plus »,a-t-il expliqué.

En 2017, lors d’un discours à la nation, le Président prévoyait de résoudre la pénurie d’électricité en construisant une centrale nucléaire de 2 000 MW.

Le potentiel de l’hydroélectricité, de la biomasse, de la géothermie et de la tourbe,même pleinement développé, ne peut atteindre les objectifs de la Vision 2040 de l’Ouganda. Par conséquent, dans le but de réduire le déficit énergétique, l’accent est mis sur le développement de l’énergie nucléaire.

Pourquoi l’énergie nucléaire ?

Selon l’Autorité de régulation de l’électricité, l’Ouganda dépend principalement de l’énergie hydroélectrique.Le pays prévoit de multiplier par 12 la capacité de production d’électricité pour atteindre 17 000 MW à moyen terme.

Selon Ruth Nankabirwa, ministre ougandaise de l’Énergie et du Développement minier, l’approbation est opportune. « Le gouvernement ougandais est bien conscient de l’importance de l’énergie pour le développement socio-économique. L’énergie nucléaire devrait contribuer au mix de production d’électricité d’ici 2031 », a-t-elle fait savoir.

La demande d’électricité en Ouganda, qui compte 43 millions d’habitants, a considérablement augmenté ces dernières années, parallèlement à la croissance de son économie. Afin de diversifier le mix énergétique,majoritairement basé sur l’hydroélectricité, l’Ouganda s’est fixé pour objectif d’introduire l’énergie nucléaire.

D’après le Bureau ougandais des statistiques, 70 % des Ougandais utilisent des combustibles solides comme du bois de chauffage ou du charbon de bois.

« De nombreux arbres sont abattus chaque jour en Ouganda pour en faire des combustibles afin de cuisiner.Cela met en danger le couvert forestier du pays »,a déclaré àCHINAFRIQUEle journaliste ougandais spécialisé dans l’environnement, David Musenze.

Il affirme que la production d’électricité à partir d’une centrale nucléaire réduira considérablement l’impact environnemental sur les forêts. Outre la déforestation,l’Agence nationale de gestion de l’environnement du pays a souligné dans un communiqué que le débit de l’eau sur les rivières ougandaises fluctuait selon les saisons.Pendant les saisons sèches, il y a moins d’eau, ce qui entraîne une baisse de la production hydroélectrique.

« La sécheresse dans la région provoque des fluctuations des niveaux d’eau du réseau du Nil, les principaux sites hydroélectriques rendant ainsi la production d’électricité peu fiable », a observé Henry Ovona du ministère de l’Énergie et du Développement minier.

Bien que la capacité de production réelle totale de 550 MW soit légèrement supérieure à la demande d’électricité d’environ 489 MW, la croissance de la demande, estimée à 15 %, dépassera la capacité de production existante.

85 % de la population n’a pas accès à l’électricité.Le Bureau national ougandais des normes estime que le pays aura besoin d’une capacité de production de 41 738 MW d’ici 2040, soit une augmentation de la consommation d’électricité par habitant de 3 668 kWh.Ceci justifie le développement du nucléaire.

Selon l’Autorité nationale de planification de l’Ouganda, pour que le pays atteigne les objectifs de la Vision 2040 en matière d’accès à l’électricité, il est nécessaire de produire de nouvelles énergies pour développer les secteurs de l’industrie et des services.Le potentiel de l’hydroélectricité, de la biomasse, de la géothermie et de la tourbe, même pleinement développé,ne peut atteindre les objectifs de la Vision 2040 de l’Ouganda. Par conséquent, dans le but de réduire le déficit énergétique, l’accent est mis sur le développement de l’énergie nucléaire.

Notre conclusion est que l’Ouganda est prêt pour la centrale. Nous sommes prêts pour l’accompagnement par la formation afin que le projet devienne réalité.ALINE DES CLOIZEAUX Directrice de l’AIEA chargée de l’énergie nucléaire pour l’Afrique

Développer l’industrie nucléaire

Suite à l’approbation, le gouvernement a adopté l’approche en trois étapes de l’AIEA pour mettre sur pied une industrie nucléaire. Celle-ci comprend une phase d’apprentissage, suivie de la constitution d’un socle institutionnel et, enfin, de l’initiation des projets de construction.

Selon Sidronius Okaasai Opolot, ministre d’État de l’Énergie et du Développement minier, l’Ouganda a déjà formé 22 ingénieurs nucléaires dans le cadre d’un programme de master. Une école va être mise en place pour en former davantage, selon le ministre.

La centralehydroélectrique de Karuma est en cours de construction le long du Nil à Kiryandongo,en Ouganda, le 11 juillet 2020.(XINHUA)

Une politique ainsi qu’un cadre juridique et institutionnel pour le développement de l’énergie nucléaire sont en cours d’élaboration par le gouvernement.

M. Ovona a souligné que le développement des ressources humaines pour le programme de l’énergie nucléaire était aussi en cours. Le personnel de l’Unité de l’énergie nucléaire a suivi une formation spéciale.Cependant, le nombre d’employés est encore insuffisant.

Selon M. Ovona, à court terme, le ministère de l’Énergie et du Développement minier enverra du personnel à l’étranger pour suivre une formation dans les domaines liés au nucléaire. La stratégie à moyen terme consiste à évaluer les besoins en ressources humaines pour les réglementations de sûreté et l’exploitation des installations nucléaires, ainsi qu’à évaluer la capacité des universités publiques du pays à dispenser un enseignement lié au nucléaire. À long terme, des programmes de formation pertinents seront mis en place dans les établissements d’enseignement supérieur.

Les Ougandais sont optimistes quant à l’avènement de l’énergie nucléaire. Jack Okuti, électricien à Kampala,la capitale ougandaise, s’est dit enthousiasmé par la construction de la centrale nucléaire. Il se souvient qu’il y a 25 ans, le pays était aux prises avec une pénurie d’électricité jusqu’à ce que le gouvernement construise de nouveaux barrages hydroélectriques sur le Nil. « Je détesterais qu’une telle situation se reproduise. Puisque nous [aurons] de l’énergie nucléaire dans notre pays,nous devrions l’utiliser pour produire de l’électricité. »

Yusuf Musagali, directeur d’école, apprécie les efforts du gouvernement pour établir une centrale nucléaire dans le pays. « Actuellement, l’électricité coûte cher. Je pense que si le pays commence à produire de l’énergie nucléaire, l’électricité deviendra abordable. »

Dans un pensionnat primaire du district de Namayingo, le bois de chauffage est utilisé pour cuisiner des aliments pour les élèves, car l’électricité serait trop coûteuse. Un membre du personnel a déclaré que si l’électricité devenait abordable après la construction d’une centrale nucléaire, il serait possible de cuisiner à l’électricité et de faire de nombreuses autres activités quotidiennes où elle est nécessaire. CA

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