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Nouveaux engagements,nouvelles orientations

2022-07-06parEHIZUELENMICHAELMITCHELLOMORUYI

中国与非洲(法文版) 2022年7期

par EHIZUELEN MICHAEL MITCHELL OMORUYI

L’auteur est directeur exécutif du Centre d’études nigérianes,

Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang.

L’engagement de la Chine envers l’Afrique ne s’essouffle pas,mais s’intensifie au moyen d’initiatives innovantes

Le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu à Dakar, au Sénégal, du 29 au 30 novembre 2021, illustre les nouveaux objectifs et approches de la Chine pour renforcer la coopération sinoafricaine. La diminution du nombre d’engagements financiers de la Chine a suscité des préoccupations, passant de 60 milliards de dollars en 2018 à 40 milliards de dollars en 2021. Néanmoins,ce sont les changements qualitatifs qui posent le plus de questions quant à savoir si la Chine se retire du continent africain après plus de 30 ans de forte mobilisation et de croissance.

Tableau d’ensemble

Bien qu’il puisse y avoir quelques changements temporaires en raison de la COVID-19, la Chine ne quittera pas l’Afrique. Pour clarifier ce point de vue,nous devons examiner la situation dans son ensemble et tenir compte de tous les engagements pris à Dakar, et pas uniquement les engagements financiers. En effet, si les engagements sont respectés,les relations sino-africaines, plutôt que de ralentir, s’intensifieront et deviendront très importantes dans les domaines spécifiques ci-dessous.

Le premier secteur est celui des vaccins. Comme l’a promis le Président chinois Xi Jinping, la Chine offrira un milliard de doses de vaccins COVID-19 aux nations africaines. La Chine a l’intention de donner directement 600 millions de doses, tandis que 400 millions de doses proviendront d’autres sources,telles que des investissements dans des sites de production. Sur cette base, le gouvernement chinois entend encourager les entreprises à investir pas moins de dix milliards de dollars en Afrique sur trois ans (2022-2024). Ainsi, la promesse de doses de vaccins supplémentaires,en plus des 200 millions déjà fournies,pourrait faire de la Chine le plus grand contributeur de vaccins aux pays africains. En outre, elle est disposée à produire conjointement des vaccins avec des pays africains. Sous la direction du gouvernement, des entreprises chinoises ont produit des vaccins en coopération avec 19 pays, dont des pays africains comme l’Égypte, l’Algérie et le Maroc.

Le deuxième secteur est le commerce. La Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique. Selon l’Administration générale des douanes de Chine, le commerce entre la Chine et l’Afrique a augmenté de 23 % pour atteindre 64,86 milliards de dollars au premier trimestre de cette année par rapport à la même période en 2021. Les données révèlent également que les importations chinoises en provenance du continent ont augmenté de 29,3 % pour atteindre 29,7 milliards de dollars, tandis que les exportations vers l’Afrique ont augmenté de 18,2 % pour atteindre 35,16 milliards de dollars au cours du premier trimestre de 2022. En outre,les objectifs de 300 milliards de dollars d’importations chinoises en provenance d’Afrique sur la période de 2022 à 2024 et de 300 milliards de dollars de commerce annuel d’ici 2035 feraient de la Chine le principal pays d’exportation de l’Afrique. La Chine dépasserait ainsi l’Union européenne, qui importe pour près de 100 milliards de dollars de produits africains depuis des années. Cela montre que la Chine ne se retire pas du continent, mais continue d’investir et d’appuyer son développement.

Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) contribuent dans une large mesure à la croissance des revenus, au développement du commerce et à la dynamisation industrielle. Tout ceci en jouant un rôle crucial dans la promotion de la dimension intangible du développement, comme la technologie, la formation de la main-d’œuvre,les possibilités d’emploi et le transfert de connaissances en gestion d’entreprise. Les sociétés chinoises ont fait des progrès significatifs dans ces domaines en Afrique. En conséquence, depuis 2000, les investissements directs de la Chine en Afrique ont augmenté de plus de 25 % par an. Entre 2017 et 2020, la Chine était le plus grand investisseur en Afrique en matière d’emplois et de capitaux et le troisième en nombre de projets. Au cours de cette même période,20 % des capitaux africains provenaient de Chine. Selon le ministère chinois du Commerce, les IDE du pays vers l’Afrique s’élevaient à 2,96 milliards de dollars en 2020, année de blocage due à la COVID-19. Les objectifs de dix milliards de dollars de nouveaux IDE d’ici 2024 et de 60 milliards de dollars d’IDE supplémentaires d’ici 2035, pourraient faire passer la Chine de la quatrième à la première place en matière d’investissement au cours des dix prochaines années.

La tenue d’une cérémonie d’inauguration des travaux pour un projet routier soutenu par la Chine à Windhoek (Namibie), le 9 mai.

Le quatrième domaine concerne les gros titres selon lesquels la Chine semble envisager de réduire d’un tiers les prêts aux pays africains, s’éloignant ainsi des investissements dans les infrastructures.De nombreux observateurs ont noté l’absence totale de ces dernières dans l’engagement du FCSA. Cependant, cela ne signifie pas que la nation sortira du secteur. Après tout, l’un des ingrédients essentiels pour relever les défis du développement durable ainsi que la vision de l’Agenda 2063 de l’Union africaine est l’infrastructure, et aucune nation n’a répondu à l’appel de l’Afrique comme la Chine, qui a un grand nombre de projets d’infrastructure sur le continent.

Approches créatives

Afin de permettre aux entrepreneurs chinois et aux nations africaines de continuer à profiter du dividende des investissements dans les infrastructures et d’éviter une crise de la dette en Afrique, le FCSA a exploré de nouveaux modèles de développement qui incluent la participation du secteur privé à l’initiative « la Ceinture et la Route » en Afrique. La Chine est disposée à encourager les entreprises financées par elle à adopter des modèles tels que le partenariat public-privé (PPP) et le modèle BOT(construire, exploiter, transférer) pour investir dans l’industrie africaine pour une production plus localisée.Étant donné que la Chine est disposée à fournir des financements d’infrastructure plus flexibles et innovants, tels que le modèle PPP, il est intéressant de noter que ce dernier, couplé à la formule d’échange chinoise, pourrait résoudre les contraintes financières de l’Afrique et aussi réduire la dépendance des nations aux matières premières.

Pour la première fois, il s’est avéré que les ressources de l’Afrique pouvaient être directement transformées en projets de développement. C’est un autre signe que l’engagement de la Chine ne ralentit pas,mais s’intensifie avec des idées créatives et pragmatiques qui donnent naissance à des initiatives innovantes.

Le rôle de la Chine en Afrique est un excellent exemple de convergence des intérêts et de partenariat économique mutuel. Ainsi, les gouvernements africains doivent maintenant travailler en collaboration avec la Chine pour récolter les dividendes de la relation qui aideront les nations du continent à stimuler la reprise économique après la COVID-19.

Des demandeurs d’emploi prennent un selfie lors d’un salon de l’emploi organisé par des entreprises chinoises opérant à Johannesburg(Afrique du Sud), le 14 avril.

Ainsi, les orientations générales des relations sino-africaines laissent entrevoir une intensification au lieu d’un essoufflement de l’engagement. En effet,les plans dévoilés lors de la récente réunion du FCSA sont davantage dirigés par l’Afrique. Par conséquent, les gouvernements africains doivent maintenir l’élan et s’assurer que les engagements sont exploités d’une manière qui profite positivement à l’Afrique et évite les impacts négatifs. CA