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En ligne avec l’e-commerce

2022-05-18ReportagethiopieparKIRAMTADESSE

中国与非洲(法文版) 2022年5期

Reportage d’Éthiopie par KIRAM TADESSE

En dépit des difficultés, l’e-commerce a beaucoup d’avenir en Afrique grâce à la technologie mobile

Dans le droit-fil de la tendance mondiale,l’Afrique intensifie son commerce grâce à l’utilisation de la technologie numérique,et saute dans le train de l’e-commerce. Les décideurs politiques du continent espèrent que l’expansion des technologies de l’information et des communications en Afrique jouera un rôle déterminant dans la promotion du développement économique. En termes simples, l’augmentation de l’utilisation des smartphones pour le commerce peut contribuer de manière importante à la réduction de la pauvreté parmi les nations du continent.

La ZLECAf bien placée

L’e-commerce a été au centre des préoccupations de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).Celle-ci constitue une initiative des pays membres de l’UA, qui sera la plus vaste zone de libre-échange au monde en nombre de pays participants, depuis la création de l’OMC.

La mise en place de mécanismes en ligne pour surveiller les barrières non tarifaires doit faire partie des principaux instruments opérationnels de la ZLECAf,tout en étant capable de fournir un cadre d’orientation pour la gouvernance des flux de données.

Certains acteurs montrent un intérêt croissant au sein du secteur privé africain pour les plateformes régionales d’e-commerce et le partage de données intra-régional.

Yenebeb Abebe, directeur général d’Info World Link,une société informatique basée en Éthiopie, voit des opportunités d’utilisation et d’expansion des systèmes commerciaux mobiles en Afrique.

Pour lui, l’e-commerce peut répondre à l’une des questions fondamentales du panafricanisme : pourquoi l’Afrique ne pourrait-elle pas être en mesure d’assurer son autosuffisance alimentaire ? « L’e-commerce peut servir de catalyseur pour intégrer l’Afrique par le biais de la technologie mobile », affirme M. Abebe.

Pourtant, malgré la croissance considérable de l’économie axée sur l’e-commerce, M. Abebe pense qu’il y a peu d’actions en cours pour donner une impulsion à l’applicabilité du système à l’échelle du continent.

Toutefois, la Commission de l’UA élabore des stratégies afin d’aborder l’e-commerce et créer des liens possibles avec la ZLECAf.

Sans une infrastructure Internet adéquate,l’e-commerce reste un défi ; l’expérience et l’alphabétisation sont également des éléments clés pour faire avancer la quête de l’e-commerce en Afrique.

« Contrairement à ce qui se passe dans d’autres parties du monde, l’infrastructure Internet n’a pas été développée en Afrique et cela entrave la promotion d’un système d’e-commerce », regrette Sisay Debebe,maître de conférences en économie à l’Université d’Addis-Abeba, ajoutant que l’avenir des entreprises tend vers le numérique.

618 MILLIONS Estimation du nombre de souscriptions aux services mobiles en Afrique subsaharienne d’ici 2025

155 MILLIARDS DE DOLLARS Estimation de la valeur ajoutée économique générée par les technologies et les services mobiles en Afrique subsaharienne d’ici 2025

490 MILLIARDS DE DOLLARS Montant des transactions sur les plateformes mobiles en Afrique subsaharienne en 2020

Un homme s’inscrit auprès d’une entreprise de transfert d’argent dans un point de vente M-Pesa à Nairobi, au Kenya, le 16 septembre 2021.

Vent d’optimisme

Malgré les défis, selon les données de l’Union internationale des télécommunications, des améliorations significatives dans ces domaines ont été réalisées, ce qui contribue à faire de l’e-commerce une réalité africaine.

Dans le contexte des technologies numériques, la pandémie de COVID-19 a été une bénédiction. Alors que ces solutions ont joué un rôle essentiel pour assurer la continuité des activités de nombreuses entreprises à travers le monde, en Afrique subsaharienne, l’industrie mobile joue également un rôle crucial.

Pendant la pandémie, un rapport de la GSM Association (GSMA), une association représentant les intérêts des opérateurs mobiles dans le monde, montre que ces derniers ont mis en place des mesures pour soutenir les communautés vulnérables, notamment en offrant des réductions sur les tarifs et en fournissant du contenu numérique et des outils pour aider les particuliers et les entreprises à se connecter.

Les données de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) indiquent que pour de nombreuses micro, petites et moyennes entreprises en Afrique,l’e-commerce a été une bouffée d’oxygène et peut continuer à jouer un rôle primordial dans la reprise économique.

L’adoption rapide de la technologie mobile, qui se poursuit dans toute la région de l’Afrique subsaharienne,a permis le développement de plateformes mobiles,qui modifient profondément les chaînes de valeur traditionnelles dans différentes industries de la région.

« Ces tendances ont des répercussions sur les coûts,tant pour les vendeurs que pour les acheteurs, qui ont ensuite des implications positives sur les performances macroéconomiques d’une nation », explique M. Debebe.

Les plateformes permettent d’éliminer les ineffi-ciences des modèles d’affaires traditionnels, d’étendre la portée des services et d’offrir un plus grand choix aux clients qui sont encore souvent mal desservis par rapport à ceux des marchés plus développés, selon un rapport conjoint de la GSMA et de la CEA.

Copia Global, basée au Kenya, une plateforme d’e-commerce interentreprises servant les consommateurs africains à revenu moyen et faible, a récemment annoncé qu’elle avait levé 50 millions de dollars pour accélérer sa croissance dans la région.

Pour de nombreuses micro, petites et moyennes entreprises en Afrique,l’e-commerce a été une bouffée d’oxygène et peut continuer à jouer un rôle primordial dans la reprise économique.

Forte croissance escomptée

Bien que de nombreuses solutions liées à l’e-commerce trouvent leur origine dans les pratiques des pays développés et puissent être considérées comme moins pertinentes en Afrique, les données montrent que l’utilisation du téléphone mobile a eu un impact significatif sur plusieurs secteurs économiques,notamment l’agriculture, la pêche, la santé et l’éducation,selon PricewaterhouseCoopers, un cabinet de services financiers, de conseil et d’expertise technique.

M. Debebe partage cet avis, affirmant que malgré sa faible contribution à la création d’emplois à court terme, le commerce mobile sera une bonne source d’opportunités d’emploi dans le long terme. « De meilleurs débouchés s’offrent à la jeunesse africaine dans le secteur numérique », estime-t-il. La CEA prévoit que 618 millions de personnes en Afrique subsaharienne souscriront aux services mobiles d’ici 2025,soit l’équivalent de 50 % de la population de la région.De plus, on estime que les technologies et les services mobiles produiront une valeur ajoutée économique de 155 milliards de dollars d’ici 2025. En 2020, les transactions sur les plateformes mobiles ont atteint 490 milliards de dollars, a rapporté la GSMA, illustrant la croissance massive attendue.

Un coursierd’AgriApp, une plateformed’e-commerce mobile pour les produits agricoles, prépare une livraison de poisson à Douala,au Cameroun, le 4 décembre 2019.

La CEA estime que, d’ici 2025, l’utilisation de la 4G en Afrique subsaharienne doublera pour atteindre 28 %,contre une moyenne mondiale de 57 %. Le voyage vers la 5G n’y est qu’à ses débuts. D’ici la fin de 2025, la 5G comptera pour seulement 3 % de l’ensemble des connexions mobiles dans la région.

Malgré la lenteur des progrès de l’infrastructure technologique, plusieurs fournisseurs d’e-commerce ont vu le jour sur le continent ces dernières années,desservant à la fois les marchés nationaux et mondiaux.En Éthiopie, par exemple, l’ouverture du marché local aux opérateurs de télécommunications étrangers a montré des débuts prometteurs pour la croissance de l’e-commerce dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

« Comme tout autre besoin de base, la technologie devient beaucoup plus vitale », explique M. Abebe,ajoutant que pour aider les économies locales à se rapprocher les unes des autres, l’interconnexion entre les fournisseurs de télécommunications de chaque pays ainsi qu’entre leurs systèmes financiers est cruciale.« Le moment est venu de soutenir les entrepreneurs africains », conclut-il. CA