Des efforts communs pour un avenir vert

CHANG SHUAISHUAI＊

La Chine a déterminé son double objectif : atteindre le pic de ses émissions de CO2avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060.C’est également un sujet auquel l’opinion publique prête beaucoup d’attention en 2021. En effet, l’économie bas carbone et la transition énergétique deviendront un axe principal de développement pendant le XIVePlan quinquennal.

Alors, comment concrétiser ce double objectif ?Comment parvenir à un équilibre entre les objectifs carbone et la croissance, et comment le secteur financier doit-il soutenir ces objectifs carbone ? Sur ces questions, des experts de tous horizons ont partagé leurs points de vue lors de la Conférence annuelle 2021 du Forum de Boao pour l’Asie (BFA).

Le Parc éolien de Huanglianshan, dans le district de Baokang (Hubei), le 15 août 2020

Un équilibre

Certains pensent qu’il faut choisir entre la réduction des émissions de carbone et le développement économique, mais Jin Liqun, président de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, affirme : « Nous devons changer cette façon de penser, en considérant qu’il existe une relation de stimulation mutuelle. La transformation de l’investissement haut carbone en investissement bas carbone peut en fait promouvoir la croissance et non ralentir le développement. »

D’après M. Jin, cela amène des avantages à la fois à court terme et à long terme. À court terme,l’investissement dans l’économie verte n’est pas assuré, mais si nous le considérons comme un investissement destiné à l’avenir, nous verrons plus clairement les avantages futurs.

Comment parvenir à un équilibre entre relance économique et objectifs carbone dans l’ère postépidémique ? Selon János Pásztor, ancien soussecrétaire général des Nations Unies pour le changement climatique, le redressement économique doit être lié au développement bas carbone, sinon le monde sera obligé de « payer à deux reprises l’addition ». Il a proposé d’adopter des solutions bas carbone et à faibles émissions sur le plan de la création des emplois, de la construction des infrastructures et de l’augmentation des investissements.

Selon Tang Yao, professeur à la Guanghua School of Management de l’Université de Beijing, le double objectif stimulera l’économie à la fois à court terme et à long terme, dès lors, on ne peut pas considérer simplement que le bas carbone et l’économie sont contradictoires. Bien qu’à court terme, le double objectif puisse entrer partiellement en conflit avec la croissance, le développement régional ou des secteurs spécifiques, à long terme, il est parfaitement cohérent avec les objectifs de développement de haute qualité.

Une voie efficace

Lors du sous-forum du BFA baptisé « Chemin vers la neutralité carbone », Ban Ki-moon, président du BFA et ancien secrétaire général des Nations Unies,a souligné que nous devons établir un partenariat mondial sur la question de la neutralité carbone,renforçant la coopération et reconstruisant un multilatéralisme pour lutter contre la crise climatique et pour parvenir au développement durable.

Selon Elizabeth Gaines, PDG de Fortescue Metals Group (FMG), atteindre la neutralité carbone nécessite non seulement des fonds et des technologies, mais également l’entrée en action de toute l’industrie et la coopération transfrontalière. Pour atteindre cet objectif, tous les pays doivent s’impliquer sérieusement et urgemment, et promouvoir ensemble le progrès technologique.

« Le changement climatique est un grand défi mondial et il nous faut prendre des décisions à long terme », a déclaré Cindy Hook, cheffe de la direction de Deloitte Asie-Pacifique, qui espère que les politiques adoptées par les gouvernements et les entreprises favoriseront une économie décarbonée et la réduction des émissions carbone, en transformant la crise due à la pandémie en une opportunité de développement de l’économie verte, et ce afin de réaliser un développement durable et une prospérité à long terme.

Maquette de la station de production et de ravitaillement en hydrogène de China Huadian au Salon de l’énergie propre et de l’énergie intégrée de Chine 2021 à Beijing, le 20 avril 2021

D’après Zhang Yue, PDG de China Grand Enterprises, une bonne planification urbaine et une meilleure efficacité des déplacements constituent des mesures favorables pour atteindre le pic d’émissions de CO2et la neutralité carbone. « Dans certaines villes, les distances entre les zones de développement, les zones industrielles, les quartiers d’affaires et les quartiers résidentiels sont très grandes, ce qui a pour effet que les habitants prennent beaucoup de temps pour se rendre au travail. Par conséquent, cette question doit être prise en compte lors de la planification urbaine. »

Le soutien financier

Le soutien financier joue en rôle indispensable dans la promotion du double objectif.

Lors du sous-forum du BFA baptisé « Soutien financier à la neutralité carbone », Yi Gang, gouverneur de la Banque populaire de Chine (la banque centrale du pays), a indiqué que son institution déploie des efforts pour mener à bien le travail en matière de mobilisation de fonds destinée à soutenir la transition vers le bas carbone, de gestion des risques financiers causés par le changement climatique et de promotion de la coordination et de la coopération internationales.

« La Banque populaire de Chine édictera dès que possible des normes de classification communes pour la finance verte et continuera d’ouvrir davantage le secteur financier pour faciliter la participation des investisseurs internationaux au marché chinois de la finance verte. Dans le même temps,nous évaluerons l’impact du changement climatique sur la stabilité financière et sur la politique monétaire », a indiqué Yi Gang.

Ouyang Weimin, président de la Banque de développement de Chine, a proposé de développer vigoureusement la finance verte, d’optimiser le mécanisme d’incitation et d’orienter les ressources financières vers les projets bas carbone.

« Au cours des quatre ou cinq dernières années,la Chine a établi un cadre de base pour la finance verte, mais à l’avenir il faudra renforcer davantage la communication d’informations par les entreprises et les institutions financières, en particulier les informations liées aux émissions de carbone, et déployer plus d’efforts pour soutenir les projets bas carbone dans le domaine des ressources », a indiqué Ma Jun, directeur de l’Institut de Beijing pour la finance verte et le développement durable.