Toujours mettre le peuple à la place la plus haute
2021-03-10CHRISTINEBIERRE
CHRISTINE BIERRE
C’est avec grand intérêt et plaisir que je me suis plongée dans le tome III deXi Jinping : La Gouvernance de la Chine. En cette deuxième décennie du XXIesiècle, la Chine a accompli plusieurs exploits mondiaux : elle a mis fin à la pauvreté extrême ; elle a été la première à poser un engin sur la face cachée de la lune ; et le 4 décembre, elle a mis en service avec succès son réacteur expérimental à fusion nucléaire, une percée très importante dans la domestication de cette source d’énergie qui pourrait combler tous les besoins en énergie de l’humanité pendant les siècles à venir !
La Chine est ainsi devenue un modèle pour tous les pays qui veulent s’arracher à la pauvreté, et pour tous ceux qui, en Occident, se sont assis sur leurs lauriers, et doivent aujourd’hui choisir soit de tomber dans les oubliettes de l’histoire, soit de reprendre leur combat pour l’innovation scientifique et technologique et répondre aux aspirations légitimes de leurs peuples, ce qu’ils ne font pas aujourd’hui.
Photo prise le 14 septembre 2019 (pendant la fête de la Mi-Automne), dans la zone piétonne autour du Monument de la libération de Chongqing
Le secret de l’émergence de la Chine se trouve dans les idéaux que ses dirigeants ont su infuser au pays : un socialisme à la chinoise, qui est d’abord une histoire d’amour renouvelée avec le peuple chinois. Dans son discours du 20 mars 2018, le président Xi a pris l’engagement solennel de « toujours mettre le peuple à la place la plus haute » et de toujours servir « corps et âme… ses intérêts et son bien-être ».
« Ce sont les peuples qui créent l’histoire », a-t-il dit, allant chercher sa source d’inspiration au berceau même de la civilisation chinoise. Chez les grands penseurs d’abord, Lao Zi,Confucius, Zhuang Zi, Mencius, Mo Zi,Sun Zi et Han Fei Zi, comme il le précise. puis, dans les découvertes scientifiques qui ont profondément influencé le progrès de la civilisation humaine :le papier, la poudre noire, l’imprimerie et la boussole. Outre les chefs-d’œuvre littéraires des dynasties des Han,des Tang et des Song, les Chinois ont excellé aussi dans les projets monumentaux que l’on peut encore admirer,notamment la Grande Muraille, le système d’irrigation et de contrôle des inondations de Dujiangyan, le Grand Canal et la Cité interdite.
Le président Xi souligne aussi avec raison l’importance de la culture populaire comme source d’inspiration.Au cœur de son histoire millénaire,les rêves et les mythologies du peuple chinois ont nourri son idéal de « vivre dans la prospérité tout en servant le bien commun » et de « réaliser de grandes choses », explique-t-il, en faisant référence aux mythologies connues de tous : « pangu créant le monde, Nüwa qui répare le ciel ; Fuxi dessinant les huit trigrammes, Kuafu poursuivant le soleil, Jingwei remplissant les mers,Yugong déplaçant les montagnes ».
réduction de la pauvreté
Mais la vie n’est pas qu’un rêve et la Chine est aussi très pragmatique ! Car la Chine, malgré ses percées, est un pays qui se donne encore trente ans pour être pleinement développé. Dans ce contexte, j’ai apprécié les discours consacrés aux programmes de réduction de l’extrême pauvreté qu’on souhaiterait entendre de nos dirigeants en Occident. Sachant surtout que le président Xi, à la suite de son père, a joué un rôle pionnier dans l’amélioration de ces programmes lorsque, jeune secrétaire du comité du parti, il avait été nommé à Xiamen, puis dans la préfecture de Ningde, dans le Fujian,dans des zones d’une grande pauvreté devenues depuis florissantes. Dans son discours de février 2018, il rapporte ainsi qu’entre 2012 et 2017, le nombre des personnes vivant sous le seuil de la pauvreté est passé de 98,99 millions à 30,46 millions !
M. Xi explique aussi que le succès durable de ces programmes tient tout d’abord au fait que les régions pauvres ont reçu l’aide de « premiers secrétaires » du pCC et des équipes déployés sur place pour identifier les problèmes et mettre en pratique les solutions. En 2018, pas moins de 195 000 « premiers secrétaires » du pCC y étaient affectés,assistés de 775 000 techniciens. Autre condition du succès : l’utilisation de toutes les ressources sur place et la création de secteurs et d’entreprises,notamment dans le tourisme, les technologies photovoltaïques et l’e-commerce. Le transfert des populations des zones très inhospitalières vers des lieux offrant de meilleures perspectives économiques,ainsi que le développement des infrastructures routières, ferroviaires et fluviales, ont joué aussi un rôle important pour désenclaver ces territoires et offrir des services publics, sans lesquels rien n’aurait été possible.
Enfin, ce sont en grande partie les financements groupés de l’État, le couplage entre provinces riches de l’Est et zones défavorisées à l’Ouest, ainsi que les contributions des entreprises privées et publiques, qui ont permis de venir à bout de la pauvreté extrême. Le budget annuel de l’État alloué à cette tâche a crû annuellement de 22,7 %pendant cette période.
L’âme de la nation
Le président Xi Jinping évoquant souvent la nécessité de créer une Chine non seulement prospère, mais belle,j’ai cherché à comprendre sa conception sur l’art et les choses de l’esprit.Aussi parce que la présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche avec qui je collabore en France, nous a toujours appris que pour ce poète,dramaturge et philosophe allemand,la beauté esthétique était la porte d’entrée des populations vers la Raison.
Le 17 juillet 2019, des étudiants bénévoles venant de l’Université de technologie et de commerce du Shandong donnent un cours d’éducation physique aux enfants,dans une école primaire située dans le village de Tongping, dans le district autonome dong de Tongdao, à Huaihua (Hunan).
Dans son discours « Une nation ne peut pas ne pas avoir une âme », le président Xi est catégorique : « Toutes les entreprises de l’esprit, la littérature,les arts, la philosophie et les sciences sociales, sont en premier lieu des créations de l’âme indispensables et avant tout, elles ne doivent jamais s’égarer. »
La nouvelle ère que vit la Chine nécessite, dit-il, « des écrivains, artistes et théoriciens exceptionnels » pour en parler. Le président chinois appelle les intellectuels à quitter leur tour d’ivoire et à centrer leur art, eux aussi, sur le peuple. « La prose et la poésie sont composées pour refléter leur époque et leur temps » non pour s’y complaire,ajoute-t-il, mais pour mieux savoir comment continuer à aller de l’avant.« Nous devons créer des chefs-d’œuvre pour le peuple. » Les grands écrivains et chercheurs « ne doivent pas se donner de grands airs... mais produire des travaux d’excellence » ! Le président Xi prend en exemple des œuvres de Confucius et de Mencius, de platon et de Shakespeare, et martèle son message, disant que « ceux qui cherchent des raccourcis et des bénéfices immédiats ne pourront pas devenir de grands maîtres ». Il secoue ensuite ces créateurs,leur rappelant le célèbre « Commentaire de Zuo » sur lesAnnales des Printemps et des Automnes, l’un des classiques du confucianisme : « Le plus grand accomplissement est de devenir un exemple de vertu ; le deuxième, de réaliser de grands mérites ; le troisième,de transmettre sa doctrine. »
Comme un Léonard de Vinci ou un Beethoven avant lui, il rappelle aux artistes leur responsabilité sociale :les créateurs « ont la responsabilité d’inspirer les esprits, d’embellir les caractères et de réchauffer les cœurs ».« En tant que personnalités célèbres,on attend de vous que vous soyez un exemple pour la société, avec des aspirations élevées, une moralité solide et des sentiments nobles », souligne-t-il.Et d’ajouter qu’il faut résister à la Triple vulgarité que sont l’immoralité, la bassesse et le kitsch.
Voilà autant de raisons de souhaiter une coopération entre nos pays et la Chine.