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Des échanges cœurs à cœurs

2018-09-19parLiJing

中国与非洲(法文版) 2018年9期

par Li Jing

Zhang Yong, directeur du documentaire TAZARA : A Journey Without An End, avec les Massaïs qu’il a interviewés pour son documentaire.

Les échanges humains entre la Chine et l’Afrique sont de plus en plus dynamiques et diversi fiés,comme en témoigne la coopération sur le grand et le petit écrans

« Bienvenue à Beijing, là où tout le monde a un rêve extraordinaire,là où on ose essayer de créer des miracles... »

À l’écran, on peut voir un jeune Camerounais entonner avec enthousiasme cette chanson bien chinoise dans un parc municipal, sous les regards admirateurs de quelques vieilles amatrices de karaoké.

Cette performance a été immortalisée pour le grand écran dans le cadre du documentaire Africains à Yiwu. Ce chanteur est Serge Herve, un étudiant du Collège de culture et d’éducation internationale de l’Université normale du Zhejiang, située dans la ville de Jinhua (est).

« J’aime beaucoup chanter et écouter de la musique. Mais chanter des chansons chinoises n’est pas seulement un hobby pour moi, c’est aussi une manière de montrer que je vis bien en Chine », dit-il à la caméra.

Tourné sur une période de deux ans, Africains à Yiwu est l’œuvre conjointe de deux réalisateurs chinois et africains : Dr. Zhang Yong, directeur du Centre de recherche sur la télévision et les films africains (CRTFA) et Dr. Hodan Osman Abdi, directrice adjointe du CRTFA d’origine somalienne.

Ce documentaire se compose de six épisodes mettant en vedette 19 protagonistes africains vivant en Chine, dont Herve. On y parle des hauts et des bas de leur vie en Chine, et plus généralement du multiculturalisme par l’entremise de l’éducation, du mariage interculturel, des affaires, du bienêtre public, de la gastronomie et de l’art.

La Chinafrique en vedette

Madame Abdi a mis les pieds en Chine pour la première fois en 2005. Treize ans plus tard, elle est maintenant titulaire d’un doctorat en communications de l’Université normale du Zhejiang et du prix d’argent de la 3eédition de la compétition « Passerelle vers le chinois », en plus d’être professeur à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang et conseillère du Président somalien.

« Mon rêve est d’être une messagère culturelle pour faciliter la compréhension des Chinois sur l’Afrique et celle des Africains sur la Chine », dit le docteur somalien.

Le documentaire s’inscrit précisément dans ce but. Madame Abdi et son équipe ont suivi les 19 protagonistes pendant deux ans, pour présenter leur vie de la manière la plus réaliste possible. « Par ces histoires,nous espérons susciter la ré flexion du public,et pas seulement donner des opinions »,explique la coréalisatrice, qui espère que le film permettra au public chinois d’avoir une vision plus objective des Africains.

Le documentaire a été projeté en avant-première lors du Festival international du film de Zanzibar 2017, puis comme film d’ouverture lors du Festival international du film de Lusaka 2017. Il a remporté le prix du meilleur documentaire sur internet en Chine en 2017.

Convaincu de l’utilité du cinéma dans l’exploration de cette thématique, M. Zhang ne tarde pas à récidiver. « Nous avons raconté la vie des Africains en Chine dans Africains à Yiwu. Cette fois, nous avons voulu présenter l’histoire des Chinois en Afrique », dit-il à CHINAFRIQUE.

Même approche, donc, mais autre lieu : le documentaire TAZARA : A Journey Without An End se propose d’observer l’impact du chemin de fer Tanzanie-Zambie, un projet phare de la coopération sino-africaine.Pendant 38 jours, l’équipe de tournage –composée de cinéastes et de chercheurs d’Afrique, de Chine et d’Europe – a voyagé le long du chemin de fer emblématique.

Le film, dont le tournage a commencé le 30 décembre 2017 dans la gare de Dar es Salaam – point du départ du chemin de fer Tanzanie-Zambie – présente les témoignages de plus de 40 personnes ayant pris part à la construction du chemin de fer.

« La construction du chemin de fer Tanzanie-Zambie était la première fois que les Chinois se rendaient en Afrique en si grand nombre. Plus de 50 000 ingénieurs et techniciens chinois ont mis les pieds sur le continent à ce moment-là », dit M. Zhang.

Ouverte au tra fic en juillet 1976 après 6 ans de travaux, la ligne part du port tanzanien de Dar es Salaam et traverse tout le sud de la Tanzanie jusqu’à Kapiri Mposhi sur une longueur de 1 860 km.

« Le documentaire TAZARA : A Journey Without An End vise à re fléter la contribution de cette ligne ferroviaire au développement local, ainsi que les problèmes que l’on y constate d’une manière objective. Nous espérons proposer des solutions plutôt que des critiques partiales », dit M.Zhang à CHINAFRIQUE.

Le documentaire, qui est coproduit par la chaîne de télévision touristique The Travel Channel, cherche également à montrer la beauté des paysages de cette région, a fin de promouvoir le développement du tourisme le long de la ligne. Les trois épisodes du documentaire seront diffusés pour la première fois à la télévision début septembre,pour coïncider avec la tenue du Sommet de Beijing 2018 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA).

Grand projet, petit écran

Lors du Sommet de Johannesburg du FCSA,le 4 décembre 2015, le Président chinois Xi Jinping a annoncé que la Chine lancerait dix grands projets a fin de promouvoir la coopération avec l’Afrique au cours des trois prochaines années.

L’un de ces projets porte sur les échanges humains, stipulant que la Chine allait construire pour l’Afrique cinq centres culturels, faciliter l’accès à la télévision par satellite dans 10 000 villages africains et fournir 30 000 bourses aux étudiants africains souhaitant étudier en Chine. De plus, la Chine s’est engagée à organiser des visites annuelles pour 200 chercheurs et 500 jeunes Africains, en plus de former chaque année 1 000 travailleurs des médias du continent. En vue d’améliorer la connectivité et la coopération touristique,le projet prévoit aussi de soutenir l’ouverture de plus de vols directs entre la Chine et l’Afrique.

Ces engagements ne sont pas restés lettre morte. La société de télédiffusion digitale chinoise StarTimes s’est engagée à faciliter l’accès à la télévision par satellite dans le cadre du « projet des 10 000 villages ».Après plus de deux ans de préparation, le projet a été lancé dans de nombreux pays d’Afrique en 2018 et devrait être achevé d’ici la fin de l’année.

Zhang Yong en train de filmer les paysages le long du chemin de fer Tanzanie-Zambie.

« C’est un projet qui béné ficie aux résidents ruraux africains. Il va non seulement enrichir leur vie culturelle, mais représente aussi l’approfondissement de la coopération au niveau culturel et humain », dit M. Pang Xinxing, président de StarTimes.

Le 13 mai, le projet a été lancé au Mozambique, fournissant un accès aux signaux satellites à plus de 500 villages. Le 7 juin,le projet s’est étendu au Kenya, où plus de 16 000 foyers dans 800 villages béné ficieront de services gratuits de télévision par satellite.

Selon Joe Mucheru, secrétaire du Cabinet du ministère de l’Information, des Communications et de la Technologie du Kenya, la mise en œuvre du projet a effectivement aidé les Kényans, en particulier dans les zones rurales, « à béné ficier d’une fenêtre sur le monde extérieur ».

Selon les données fournies par le ministère chinois de la Culture et du Tourisme, depuis 2016, 168 activités d’échanges culturels et de coopération entre la Chine et l’Afrique ont été menées, avec une participation directe de 3 213 personnes, venant de presque tous les pays d’Afrique. Pour le moment,des centres culturels chinois ont été établis dans cinq pays africains, dont Maurice, le Bénin, l’Égypte, le Nigéria et la Tanzanie, et d’autres sont en cours de construction en Éthiopie, au Kenya, au Maroc, au Sénégal et en Tunisie. CA